Triumph GT6 : So british !

Lors de sa sortie fin 1966, on a qualifié la GT6 de la Jaguar E du pauvre. C'était un peu péjoratif bien qu'elle faisait beaucoup songer à cette dernière  en réduction : long capot surmonté d'un bossage prometteur, ligne fastback avec lunette arrière en forme de hayon, sonorité lissée d'un 6 cylindres. La GT6 MK1 ne manquait pas de séduction Avec  94  ch, ce minuscule coupé  pouvait pointer à 172 km/h. Las, il avait conservé la tenue de route assez médiocre de la Spit aggravé par un avant plus lourd et 30 chevaux supplémentaires qui jouèrent un rôle négatif sur ses qualités dynamiques. Deux ans plus tard, Triumph rectifia le tir avec la MK2 à l'essieu arrière moins gambadeur, un moteur poussé à  105 ch DIN lié à un avant redessiné à pare-choc surélevé issu de la Spit. Identique à celle de Matthieu d'origine française vendue en juillet 1969 par le garage Paris Monceau rue Cardinet.

On n'imagine pas comme une GT6 est étonnamment menue avec ses 1,19 m de haut et 1,45 m de large au sein du paysage automobile de 2025

La MK2 avait reçu le pare-chocs avant surélevé qui équipait la Spit MK3 depuis 1967 protégeant mieux la face avant

Avec 1,90 m, Matthieu est un peu coincé dans l'habitacle très exigu de la GT6

Quand la musique est bonne !

Malgré ses 1,90 m, Matthieu se glisse souplement au sein des 1,19 m de haut de l'habitacle. Plus compliqué pour  moi avec plus de 20 ans et 20 kilos en plus !  Le bossage du capot occulte une partie de la vision de l'étroit pare-brise. Nos deux grandes carcasse sont à l'étroit dans 1,45 m de large.  On ne voit pas grand chose dans une GT6. Bruit caractéristique d'un démarreur d'anglaise avant que les 6 cylindres se mettent à chanter dans un écho émouvant exacerbé par une ligne inox et un double pot d'échappement. Une musique envoutante qu'on retrouvera sur les TR5 et TR6 de 2,5 l !

Puis, nous partons en vadrouille dans les rues dans Pyla accompagnés par  chant du pont arrière qui grogne un tantinet. Matthieu raconte "Lié à un grand oncle, Triumph était un nom qui résonnait en moi depuis mon enfance. Au début de 2020, j'ai cherché une ancienne, une MGB ou une Triumph. Et en 2021, j'ai déniché cette superbe GT6 MK 2 qui m'a immédiatement séduit par sa silhouette toute en courbes et sa rareté rajoutant du charme à mes yeux. Vendue par un garagiste, elle était en bon état, affichait 40 000 km au compteur, son moteur d'origine tournait bien et elle avait été récemment repeinte. Je n'aurais pas acheté une MK3 dont j'aime moins la silhouette mais avoue préférer l'avant de la MK1 à pare-chocs bas".   

Un bon vieux 6 cylindres en ligne dont la cylindrée sera étirée jusqu'à 2,5 l sur la TR5. Alimenté par deux carburateurs, il annonce 105 ch sur cette version

La MK2 avait perdu son tableau en bois vernis contre du bois mat

La MK2 avait conservé les feux rouges de la MK1 issus de la Spit. Beaux mais fragiles !

Plus bourgeoise

La GT6 reprenait intégralement la silhouette du cabriolet Spit coiffé d'un pavillon en dur équipant les Spitfire qui avaient participé aux 24 heures du Mans en 1964 et 1965. Mais en plus classieux. La MK2  avait énormément gagné en tenue de route  voire en sécurité comparée à la MK1 à l'essieu arrière très gambadeur qui exigeait à un conducteur des compétences de  pilote. Sa suspension était toujours confiée à un ressort à lames transversal mais bien mieux guidé (système Rotoflex) dont bénéficiera la Spitfire. La MK2 pointait le bossage de son long capot à 177 km/h, vitesse très honorable en 1969.  Elle était proposée au tarif raisonnable de 16 990 francs (plus l'overdrive)  grâce à la dévaluation récente de la livre contre 11 900 francs pour la Spit. Moins cher qu'une Matra 530 et sensiblement le prix d'un coupé Bertone Alfa Romeo Junior 1300.

Prometteur ce bossage de capot épaulé par des grilles de ventilation latérales

Le superbe Motolita n'est pas d'origine. Cadrans de marque Smiths bien entendu

Pour mon fils !

"J'ai parcouru avec 4000 km. C'est vrai que c'est une voiture qui a plus de 50 ans et il faut anticiper le freinage et faire attention sur la chaussée mouillée à l'accélération où le tête à queue est toujours envisageable. Mais quel plaisir de conduite avec un rayon de braquage étonnant et la musique de sa mécanique. J'ai fait quelques réparations : changer les bas de caisse, refait le tableau de bord et la sellerie et ciel de toit, remplacé les carburateurs pour des SU tout neufs.  J'ai fait installer un volant Motolita et aussi des jantes en alliage Minilite préférées à des roues à rayons à la place des jantes en acier d'origine ".

La GT6 MK2 fut produite de juillet 1968 à août 1970 à 12 066 unités contre 15 818 pour la première et 13 042 pour la MK3 jusqu'à fin 1973. Elle rencontra un gros succès aux USA  animée avec des moteurs dépollués (79 à 96 ch).

" Pour moi cette voiture n'est que du bonheur. Sa vision ne suscite que la sympathie. Évidemment je vais la conserver d'autant que mon fils Louis 13 ans  qui l'adore aimerait la conduire lorsqu'il aura 18 ans ! ".

Toute ressemblance avec une Jaguar E ne serait pas une pure coïncidence. Le coffre est assez exigu

Jantes Minilite en alliage chaussée de 155 X13. Avec 105 ch et sans antipatinage, il fallait réfléchir avant d'accélérer sur le mouillé

Lancée fin 1970, la MK3 adopta une face avant et arrière plus modernes issues de la Spitfire MK4