Supercinq GT Turbo : " Elle fait partie de ma vie"

En 1985, Renault répliqua à la 205 GTI avec la Supercinq GT Turbo qui remplaçait la 5 Alpine Turbo qui avait fait son temps. Renault ne reprit donc pas son 1400 cm3 de 110 chevaux coiffé d'une culasse spécifique atmosphérique mais celui de la R11 Turbo à culasse moins élaborée.  Il était toujours compressé par un Garrett situé désormais en amont du carburateur soufflé par opposition au carburateur aspiré de la version précédente. Montage qui permettait d’offrir un rendement meilleur d’autant qu’il était équipé d’un échangeur air-air sur l’admission. Sa puissance grimpait à 115 chevaux à 5700 tr/mn contre 105 sur la Renault 11 en partie grâce à un arbre à cames plus méchant et une pression légèrement accrue du turbo liée à un échangeur mieux refroidi.

Ses roues copieusement élargies restaient en diamètre de 13 pouces gantées de 175/60 (195/55 en option) Le freinage était confié à quatre disques dont deux ventilés à l'avant. La suspension avant était raidie à l'avant tandis  qu'à l'arrière toujours semi-indépendant à barres de torsion plus dures, elle était épaulée par deux barres anti-devers d’où son nom de "quatre barres". La direction qui n’était toujours pas assistée avait été raccourcie à 3,3 tours.

La GT Turbo a été produite de 1985 à 1991 à plus de 162 000 exemplaires

On reprocha aux premières versions équipées de fausses prises d'air à l'arrière de manquer de sobriété esthétique

La GT Turbo bénéficiait d'une instrumentation plus poussée à aiguilles rouges et d'un petit volant sport en cuir

Sa  première GT Turbo en 1996

Travaillant alors chez Alpine, Jérôme a acquis sa première GT Turbo  fin 1996. "Une occasion de 1985  préparée en groupe N qui délivrait 163 ch au banc avant que les pistons se percent. Avec une puissance redescendue à 140 ch, plus fiable, elle m'a permis de participer  à cinq rallyes avec un grand plaisir. Je l'ai conservée jusqu'en 2009 mais sans trop la conduire car elle était garée chez mes parents à des centaines de kilomètres !"

Esthétiquement, la première mouture était assez racoleuse avec ses gros élargisseurs d’ailes en SMC à (fausses) prises d’air, ses bas de caisse et son spoiler plus épais liés à une calandre spécifique. N’oublions pas des roues en alliage  proches du dessin de celles de l'Alpine V6 GT. Beaucoup reprochèrent à cette Renault trop tapageuse d’avoir un peu trop chargé la barque au plan esthétique.

Ancien de chez Alpine, Jérôme souhaitait acheter une des premières 32 000 GT Turbo achevées à Dieppe

Le bon vieux Cléon Fonte de 1400 cm3 pouvait facilement grimper à 150 ch!  Jérôme a équipé le sien légèrement préparé de  Durits en silicone plus fiables

Racheté la seconde début 2018

" C'est une voiture qui me manquait et j'ai souhaité en racheter une en 2018. Par sentiment, je désirai une phase 1 fabriquée à Dieppe chez Alpine alors que les dernières l'ont été à Vilvorde en Belgique. Je l'ai trouvée à 10 km de chez moi. Un modèle 1985 également toutes options avec un toit ouvrant. A 110 000 km, son moteur avait été optimisé par son dernier propriétaire : suralimentation revue, amortisseurs De Carbon groupe N, etc".

Jérôme la sort de temps en temps pour lui dégourdir les jantes." C'est une voiture sensation par ses odeurs d'huile et d'essence, ses nombreux bruits de plastique et ses vibrations avec les joints rigides du groupe N. Son moteur est fabuleux explosant de santé en livrant un vrai coup de pied aux fesses quand on accélère dans ce fameux bruit du turbo. Sa tenue de route est étonnante malgré ses petits pneus de 175 qui patinent encore en 2eme. C'est un jouet inégalable que je ne vendrai pas car il fait partie de ma vie ! "

Turbo était un sigle magique ces années là, démocratisé avec succès par Renault en Formule !

Jérôme souhaitait une version à moquette rouge. Sa GT Turbo a toutes les options : glaces électriques, essuie glace arrière, fermeture centralisée, toit ouvrant

Un conducteur de GT Turbo avait une unique obsession ; aller plus vite qu’une 205 GTI !  Il se forma vite deux clans qui s’opposèrent à travers des joutes routières. Grâce à son miraculeux turbo, surtout en relances,  elle faisait la différence avec la 205 GTI.

En juillet 1987, Renault riposta à la 205 GTI 1600 115 ch par sa phase 2 portée à 120 chevaux. Désormais, la GT Turbo dépassait  les 200 km/h en ingérant les 1000 mètres en 29,2 secondes. Au total, jusqu'en 1991, plus de 162 000 furent fabriquées contre près du double pour sa concurrente sochalienne.

La Renault GT Turbo offre une singulière joie de vivre que nos voitures actuelles ont bien perdues, construites au reflet de notre société.

Sur la première version chaussée en 175 X13 de large seulement, les 195 plus efficients étaient en option

Le pilote Alain Oreille double champion du monde en Groupe N (1989/1990) au coté de  phase II lancée en 1987 qui gagna légèrement en sobriété esthétique

Le conducteur d'une GT Turbo était fasciné par le ballet incessant de l'aiguille rouge du mano situé à droite dans le compte-tours

La GT Turbo remporta un fabuleux palmarès en Rallye