Les Essais de Patrice • Fiat

Fiat Coupé 2300 S : "la belle inconnue"

Écrit par

Patrice Vergès (Romancier, journaliste, essayeur, auteur & chroniqueur , Petites Observations Automobiles)

Bruno a le bonheur de posséder un rarissime coupé Fiat 2300 S 6 cylindres diffusé à moins de 200 exemplaires en France entre 1963 et 1968.

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Lundi 17 novembre 2025


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Patrice Vergès Petites Observations Automobiles - Romancier, journaliste, essayeur, auteur & chroniqueur

Membre du Gouvernement POA.

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Au début des années 60, Fiat s'orienta vers des modèles plus ambitieux concurrents des Alfa Romeo et Lancia. Ainsi naquit en 1963 le coupé 2300 S extrapolé de la berline du même nom.  Signé par Sergio Sartorelli travaillant alors chez Ghia, cet imposant coupé se singularisait par l'horizontalité de son immense lunette arrière en trois parties à montants inversés. Ses 4,62 mètres supérieurs de 15 cm à ceux de la berline permettaient d'accueillir 4 passagers et leurs bagages. La silhouette plus basse de 10 cm (1,37m) était racée et nerveuse grâce à un pli en tôle allégeant les flancs. Travaillant alors en sous-traitance pour Fiat, c'est le carrossier Osi qui se chargea de sa fabrication en petite série imposant un prix 60 % plus coûteux que celui de la berline 2300 : 35 000 francs pour la S ! (environ 75 000 euros 2025). Trop cher pour une Fiat aussi belle soit-elle ! Tarif qui explique que seulement 8 000 coupés auraient été produits.

Illustration - Fiat 2300 S
Fiat 2300 S

Le coupé 2300 S se singularisait par son imposante lunette arrière en trois parties

Illustration - Fiat 2300 S
Fiat 2300 S

Malgré son nom populaire de Fiat,  la cote de ce coupé très rare en France ne cesse de grimper.

Illustration - Fiat 2300 S
Fiat 2300 S

Bâti sur l'empattement de la berline, la Fiat était un imposant coupé long de 4,62 m

6 cylindres en ligne retravaillé par Abarth

Bruno aime la voiture ancienne et partage son coupé 2300 S  avec une Renault 16 et une D Super sans oublier une Traction 15-6 que son grand-père avait achetée neuve en 1951. "Je n'ai pas failli la connaître, car mon père l'avait vendue en 1977 le jour de ma naissance. Ma maman lui a alors fait remarquer que je ne connaîtrai jamais cette voiture familiale. Mon père l'a immédiatement rachetée à son acheteur ! Aujourd'hui, je roule avec. Quel bonheur ! Je désirais un coupé 4 places pour partager cette passion avec ma famille. Un jour, je suis tombé sur un article sur le coupé Fiat 2300 S que je ne connaissais pas mais dont la silhouette et le moteur 6 cylindres m'avaient séduit ! Un modèle très rare en France. En 2020, sur le Bon Coin, j'ai trouvé une annonce de ce coupé 2300 S de 1966 à 10 mn de chez moi. Et je l'ai acheté ! "

Si la première version dévoilée par Ghia était mue par un 6 cylindres de 2100 cm3, Fiat ne livrera que des versions 2300. L'une avec le moteur de série (175 km/h) et la S avec une mécanique retravaillée par Abarth. Grace à deux carburateurs double corps, un arbre à cames plus méchant et un taux de compression augmenté, sa puissance grimpait à 150 chevaux SAE (136 ch DIN).

Illustration - Fiat 2300 S
Fiat 2300 S

Magnifique planche de bord, imposant volant signé Nardi. Remarquez le long et tortueux levier de vitesses et la poignée de maintien centrale

Illustration - Fiat 2300 S
Fiat 2300 S

Bruno partage son coupé Fiat avec une D Super, une Renault 16 et la Traction 15-6 de son grand père   

Illustration - Fiat 2300 S
Fiat 2300 S

6 cylindres en ligne de 2279 cm3 signé Lampredi. Sur la S alimenté par deux gros carburateurs, il annonçait 136 ch DIN (150 SAE)

"La petite Ferrari"

Pour le reste, le coupé avait conservé les spécificités de la berline : son puissant freinage confié à quatre disques assistés par deux servofreins, sa boîte à 4 rapports commandée au plancher, sa direction à vis et galets. Elle reprenait aussi le train roulant de la berline avec la suspension avant à barres de torsion et un bon essieu rigide à ressorts à lames. Si le Cx était inférieur ce qui n'était pas difficile vu la forme cubique des berlines, on pouvait noter une prise de poids avec 1375 kilos en ordre de marche. (80 kilos supplémentaires)

"Vendue en Italie au printemps 1966, il avait voyagé en Hollande puis Allemagne et enfin France vers 2016. En excellent état, il avait bénéficié d'un bon entretien et une importante réparation en Allemagne. Il affichait 122 000 km avec son moteur d'origine qui marche très bien. Esthétiquement, j'adore se ligne avec sa poupe qui fait songer à celle d'une Ferrari et sa fameuse lunette arrière inversée, son superbe tableau de bord en bois et son volant Nardi. Son 6 cylindres en ligne offre une sonorité merveilleuse proche de celle d'une Ferrari à certains régimes. En Italie, on l'appelait d'ailleurs la " petite Ferrari". Un moteur souple et onctueux et qui adore monter en régime et surtout hyper fiable ".

Illustration - Fiat 2300 S
Fiat 2300 S

Toute ressemblance avec la future Ferrari 330 GT serait évidemment une pure coïncidence

Illustration - Fiat 2300 S
Fiat 2300 S

Il offrait deux bonnes places de secours à l'arrière et un véritable coffre

Il me rend heureux !

Le coupé 2300 S frôlait les 200 km/h avec le 1000 mètres départ arrêté en moins de 33 secondes. Impressionnant il y a plus de 60 ans !  C'était d'abord une bonne routière confortable et raffinée avant d'être une sportive du moins comme on les percevait dans les sixties.

" Depuis 2020, j'ai parcouru à son volant quelques petits milliers de kilomètres. J'ai fait changer l'embrayage mais rencontré des difficultés avec le passage compliqué des deux premiers rapports que mon ami mécanicien Maxime Chapelain qui l'entretient a heureusement résolues. Ce coupé Fiat est totalement méconnu et dans les rassemblements auxquels je participe. Excepté quelques rares passionnés, personne ne connait ce modèle. C'est une voiture qui me rend heureux quand je la conduis. Mon rêve absolu mais inaccessible, serait une Bugatti 35". Il faut toujours croire en ses rêves....

Illustration - Fiat 2300 S
Fiat 2300 S

Découpe de la calandre très Aston et logo à lauriers qui équipa les Fiat sportives dès 1965

Illustration - Fiat 2300 S
Fiat 2300 S

Capot s'ouvrant contre le vent. Remarquez l'importance de la surface vitrée à l'arrière

Illustration - Fiat 2300 S
Fiat 2300 S

En 1965, il bénéficia d'un léger restylage sous la forme d'une baguette chromée latérale prolongeant les prises d'air

L’avis des Petits Observateurs

1 commentaire au sujet de « Fiat Coupé 2300 S : "la belle inconnue" »

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Très beau coupé aux lignes extérieures (et intérieures) très élégantes. Il ne se contente pas de singer les Ferrari et Maserati de l'époque : il a sa propre personnalité (l'élégance des designers italiens). Son état de conservation rend hommage aux beaux matériaux solides mais finement dessinés.
Les constructeurs dits "généralistes" (et particulièrement FIAT) faisaient à cette époque feu de tout bois : de la populaire urbaine au modèle haut de gamme (berline et coupé) en passant par une ribambelle de coupés et cabriolets plus ou moins milieu de gamme. Ils étaient aussi bien aidés par des designer / carrossier (Magiora, Pinin Farina, Ghia, Vignale..) (et même Ferrari avec les coupé et cabrio Dino). Il est vrai qu'à l'époque, la classification généraliste, premium était moins sectorisée.
Giani Agnelli, qui n'avait pas encore racheté Lancia et Alfa Roméo, voulait certainement rouler dans des véhicules de sa marque à la hauteur de son standing. Le beau coupé 130 aux lignes 70's en est le dernier représentant.

Lundi 17 novembre 2025 à 11h31

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