Par Patrice Vergès ; Avec la 2 CV, la Renault 4CV c'était la voiture populaire des années 50. Elle a permis aux Français de toutes les générations de découvrir non seulement l'automobile mais aussi de partir, en famille, le dimanche à la campagne et l'été au bord de la mer.
La 4 CV a eu très de modifications en 15 ans de vie. Une calandre à 3 barres en 1954 et des roues pleines de Dauphine en 1958.
La teinte de cet exemplaire est " beige jaune infante". Un jaune plus clair que celui des modèles 1947 peints avec une peinture jaune de récupération de l'armée " ce qui lui avait valu le surnom de "la motte de beurre"
" C'était la voiture de mon enfance " avoue Gérard, le propriétaire de cette 4 CV de 1961. "J'ai voyagé longtemps à l'arrière de la 4 CV paternelle. C'était la version Affaire tout dépouillée sans chrome. Il n'y avait même pas de poignée pour ouvrir la porte arrière. Il fallait tirer un câble ! "
Avec, Gérard retrouve les émotions de ses tendres années au volant de sa 4 CV qui ne totalise que 52 000 km d'origine ; rare modèle Luxe sorti en mars 1961. Concurrencé par la Dauphine qui était à peine plus chère, la 4 CV ne se vendait pratiquement plus à cette époque qu'en Affaire hyper dépouillée. C'était déjà la fin de ce modèle qui sera remplacé quelques mois plus tard par la Renault 4. Tout le monde savait qu'elle avait un moteur à l'arrière ce qui n'était pas le cas lorsqu'elle avait vu le jour au salon de Paris 1946 où l'implantation originale de sa mécanique avait dérouté les visiteurs. "Il y a un deuxième moteur de secours à l'arrière dans le coffre " raillaient ceux qui doutaient de son succès. Ils avaient tort !
Terriblement sympathique
Pas trop chère, économique (6 litres aux 100) amusante à conduire, nerveuse, sympathique, la 4 CV Renault a connu un succès fou. Grace à l'aide de l'État, Renault avait pu acquérir des machines transfert pour la fabriquer à hautes cadences (500 par jour) ce qui n'était pas le cas de sa concurrente la 2 CV pas suffisamment produite et exigeant des délais de livraison de 2 ans contre 6 mois pour la 4 CV. C'est ce qui explique que la petite Renault a été fabriquée à plus d'un 1,1 million d'exemplaires entre 1947 et 1961.
Redescendons dans la 4 CV de Gérard dont le petit 4 cylindres de 747 cm3 oublié à l'arrière lâche un bruit reconnaissable entre mille. C'était encore le temps où chaque voiture avait sa propre sonorité. A l'oreille, le chien Médor savait que c'était son maître qui rentrait à la maison. Aujourd'hui avec tous ses moteurs identiques au sein des groupes, le descendant du pauvre Médor est complètement paumé.
Avec ses 3,63 m de long, la 4 CV était considérée comme une petite voiture. Il faut dire qu'elle n'est pas bien grande à l'intérieur ce qui n'empêchait de s'entasser à cinq ou six à l'époque. " Un des mes cousins me l'a offerte il y a 10 ans. Elle avait 47 000 km mais elle n'était pas dans cet état. Du coup, avec l'aide d'un ami, je me suis mis à la mécanique alors que je n'y connaissais rien. J'ai refais les freins, démonté le moteur, changé tout ce qui devait être changé et l'ai faite repeindre avec sa couleur d'origine tandis qu'un sellier a refait le sièges avec du tissus d'époque".
Coté performances, en 2016, avec ses petits 21 chevaux et sa boîte à 3 rapports, la 4 CV est une mamie qu'il faut conduire avec délicatesse. Ce n'était pas le cas dans les années 50 où elle était considérée presque comme une sportive. Plus nerveuse que la 2 CV, la 4 CV était surtout bien plus rapide en roulant à fond à 105 km/h dans un beau vacarme. A cette allure folle, son nez léger cherchait toute la route. Victime de sa répartition des masses, son train avant trop léger incitait nombreux de ses propriétaires à mettre un sac de sable dans son minuscule coffre.
Au contraire, ce moteur arrière en faisait la préférée des rallymen qui appréciaient son étourdissante maniabilité. D'ailleurs, c'est elle qui donnera le jour aux premières Alpine en 1955 et Renault l'engagera dans de nombreuses épreuves sportives. La version affutée 1063 (poussée à 35/40 ch) participera même deux fois aux 24 Heures du Mans déboulant à 145 km/h dans les Hunaudières.
La voiture du bonheur
Aujourd'hui, c'est un reflet mobile des années 50 et de la voiture populaire avec le strict minimum à bord coté accessoire et une sécurité passive inexistante voire effrayante (portes suicide qui éjectaient les passagers). Se balader avec n'attire que des signes amicaux des piétons et appels de phare. "Je l'utilise pour quelques petites sorties entre amis, mariage, rallyes touristiques. J'adore la conduire. Du volant, on voit le bout du capot ce qui n'est plus le cas sur nos voitures actuelles. J'aime aussi beaucoup sa ligne et surtout son bruit. À 80 km/h, on n'a pas besoin de radio " avoue Gérard qui possède pourtant des cabriolets (à l'étoile) bien plus emblématiques dans sa collection d'anciennes. Mais c'est au volant de sa 4 CV qu'il perçoit le plus de joie. " Tous me racontent une anecdote familiale autour de cette voiture. Beaucoup veulent se faire photographier avec. En la voyant, les gens sont heureux et ça me rend heureux ".
L’avis des Petits Observateurs
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