Par Patrice Vergès. Lorsqu'on découvre pour la première fois une Buick Électra on croit qu'elle est proche. Erreur ! Elle est loin mais c'est parce qu'elle est "énorme" qu'on l'imagine bien plus proche.
L'année 1958 fut terrible pour l'industrie automobile US marquée par une chute des ventes liée à l'extravagance des modèles qui n'avaient cessé de grandir, s'alourdir au fil des années à travers un style de plus en plus exubérant qui rebuta la clientèle. En 1959, les trois constructeurs américains notamment GM sous l'impulsion de son nouveau designer Bill Mitchell revinrent rapidement à un style plus pur baptisé "New Linera Look" qui allégea les silhouettes en les aplatissant et en allongeant encore les coffres à bagages. Un chroniqueur déclara " Le coffre autorise l'atterrissage d'un avion Piper Club !" Ce retour à une sobriété relative fut plus ou moins réussi selon les modèles. Les Buick n'en sortirent pas gagnantes à cause de moulures latérales trop lourdes qui ne furent pas appréciées par la clientèle. C'est pourquoi, le millésime 1960 gomma quelques excès des modèles 1959.
Par rapport à la version de 1959, la Buick Électra 1960 qui étale sous vos yeux sur 5,72 m de long se distingue par sa calandre aux phares horizontaux plus sobre tandis que ses ailerons arrière ont perdu de la hauteur. Rassurez-vous, elle est encore tout sauf discrète et il suffit de se balader à son volant pour se rendre compte comme cette voiture peut détourner les yeux du passant honnête de 2017.
Passionné de voitures US.
"J'ai toujours été attiré par la démesure des voitures américaines " explique Bertrand son heureux propriétaire. " Enfant, j'allais régulièrement aux USA dans ma famille. Leurs voitures me fascinaient". Il attendra près de 40 ans pour satisfaire sa passion d'enfant en achetant une gigantesque Lincoln Continental qui, à ses cotés, fait ressembler la Buick à une Mini. Depuis, d'autres imposantes américaines sont venues compléter sa collection notamment une Impérial 1958, une autre Buick et récemment une Cadillac 1941.
Tout le séduit dans les américaines des années 50/60, leur outrance mais aussi leur avance technologique et toute la symbolique qu'elles véhiculaient pour un enfant des années 50/60. Il faut savoir que ces années là, même en France, les personnes qui avaient socialement réussi, les vedettes de cinéma et de la chanson, les PDG, les avocats à la mode, les gangsters roulaient en américaine. La crise du canal de Suez, la vignette qui imposa lourdement les grosses cylindrées, le prix du carburant puis leur taille devenue excessive par rapport à notre réseau routier, les condamna aux débuts des années 60. Ce au profit des Mercedes plus adaptées à notre environnement et qui devinrent la vitrine de la réussite pendant de nombreuses années.
6,6 l de cylindrée !
Évidemment, lorsqu'il a acheté en 2005 sa voiture aux USA (il y en a deux en France) son Électra n'était pas dans cet état. Même si elle avait été restaurée, il a fait refaire l'intérieur ainsi que le gros V8 sans oublier la pompe hydraulique de capote électrique dont il nous montre le fonctionnement.
La Buick Électra 225 était la version la plus sophistiquée de la gamme Buick bâtie sur un empattement plus long de 225 inches (celui de la Cadillac) d'où son nom. Elle se singularisait aussi par son moteur plus puissant (Wildcat 445 signifiant le couple !) cubant 6,6 l de cylindrée contre 5,9 l pour les autres modèles. Mon tout avouait 325 ch et 38 chevaux fiscaux ! Enfin et surtout en tant que haut de gamme, elle se différenciait par sa finition et son équipement exceptionnel il y a presque 60 ans.
Prenez votre respiration ; direction et freins assistés, quatre glaces électriques avec les déflecteurs en prime, sièges en cuir électriques, antenne électrique, radio tête-chercheuse (search-tune), le fameux compteur réglable en inclinaison, le "twi light sentinel", qui comme les voitures d'aujourd'hui, passaient automatiquement les phares en code. Un équipement exceptionnel justifiant un prix qui l'était tout autant qui explique que 6746 convertibles sur un total de 19 616 Électra 225 soient seulement sorties des usines cette année là.
En France, elle coûtait 45 000 francs soit le prix de quatre Citroën DS 19 ce qui correspond à plus de 100 000 euros actuels, ce qui n'est pas loin de son prix en collection.
Vous ne voyez pas le compteur mais un miroir orientable qui permet de choisir l'inclinaison
Partir en vacances avec !
Sur la route, ce paquebot dégoulinant de chromes dodeline gentiment mais confortablement au creux des bosses de la chaussée dans le murmure des 8 cylindres. Bertrand écrase l'accélérateur qui fait rétrograder l'un des deux rapports de la boîte auto Dynaflow. Le grondement du 6,6 l se fait davantage entendre en poussant puissamment la voiture vers un 190 km/h qu'elle était susceptible d'atteindre.
"Je l'utilise régulièrement et elle tient assez bien la route à condition de ne pas la trop la bousculer mais le freinage à tambours est efficace mais il ne faut pas la considérer comme une sportive car elle pèse plus de 2 tonnes ! Avec mon épouse, nous partons en vacances avec et roulons décapotés. Elle est plutôt confortable et douce à conduire en consommant autour de 20 litres aux cent. Le problème, elle n'est pas facile à la garer... "
L’avis des Petits Observateurs
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