Par Patrice Vergès. En 1978, Simca produisait près de 600 000 voitures par an grâce aux succès de la Simca 1308 et Horizon, toutes deux sacrées "Voiture de l'année". Sept ans plus tard, la marque n'existait plus ! Sortez vos mouchoirs, c'est une histoire triste.
Né des capitaux de Fiat en 1934, Simca dut chercher des finances auprès de l'Américain Chrysler quand l'Italien se désengagea en 1962. La marque américaine considéra la filiale française comme une machine à faire du cash plutôt qu'un véritable partenaire. Avec peu de moyens et encore moins de latitudes, Simca rebaptisée Chrysler réussit à proposer des voitures qui offraient une véritable personnalité, cocktail entre la latinité italienne et le clinquant US. C'est ce qui plaisait à sa clientèle moins austère que celle des Peugeot et a également séduit Didier Sourmais qui a comptabilisé une vingtaine de Simca dans sa vie. Aujourd'hui, il roule quotidiennement en Simca 1100 LE et avec cette Simca 1308 GT 1979.
"Ma première voiture en 1974"
"Mon père a possédé une Aronde Grand Large et quand j'étais enfant, la Simca P60 me faisait rêver. Ma première voiture au sortir de l'armée en 1974 a été une Simca 1100 suivie d'une vingtaine d'autres Simca, Simca 1000 et Rallye 2, Aronde P60, 1100 et 1301. Je me souviens être allé au salon de Paris 1976, rêver devant la Simca 1308 GT. Mais je n'avais pas les moyens de me l'acheter !".
Dérivées de la Simca 1100, les 1307/1308 ont connu un succès colossal qui a obligé l'usine de Poissy à pousser les murs pour la construire de jour comme de nuit. Il faut dire que ce modèle élu " Voiture de l'année 1976 " offrait un lot de qualités rares. Excellente tenue de route (traction avant), confort exceptionnel (barres de torsion à l'avant), modularité intérieure, équipement inaccoutumé sur la version 1308 GT, d'excellentes performances (1440 cm3, 85 ch et 168 km/h) et tarifs compétitifs. Elle arrivait à point pour remplacer la Renault 16 vieillissante dont elle était très proche au niveau du concept.
L'instrumentation était complète sur cette version avec notamment un manomètre d'huile
Trop de succès !
La 1308 eut tant de succès (500 000 ex en 2 ans) que Simca oublia d'en passer un grand nombre au bain anticorrosion pour gagner du temps sur sa fabrication. C'est ce qui explique que beaucoup aient disparues rapidement, dévorées par ce cancer, malgré une production qui dépassa les 1,5 millions d'exemplaires.
Hélas, la 1308 et ses dérivés furent victimes d'un nombre erreurs successives. Chrysler mal en point aux USA refusa d'investir sur cette voiture qui évolua trop peu. Lorsque l'Américain céda (250 millions de dollars) ses filiales européennes à PSA qui rebaptisa la marque Talbot (par erreur), la 1308 renommée 1510 fut considérée comme un modèle en trop dans la gamme Peugeot. Ce constructeur la fit alors évoluer à dose homéopathiques mais pas suffisamment malgré la présentation d'une agréable version 3 volumes baptisée Solara. Ajoutez que la 1308 fut victime de la Simca Horizon dont elle était dérivée et qui cannibalisa ses ventes. Saupoudrez avec les terribles grèves de Poissy de 1982 qui laminèrent la marque pour arranger le tout. Je vous avais prévenu, ce n'est pas une histoire gaie !
" Achetée à 80 000 km en 2009, ma 1308 GT en totalise 111 000 aujourd'hui. Elle tourne comme une horloge, explique Didier, elle a le toit ouvrant, les jantes en alliage léger et les appuie-têtes optionnels. Elle offre encore un confort inaccoutumé, une bonne tenue de route. Je consomme 7,5 l sur route à moins de 110 km/h. Après la consommation augmente car le moteur tourne trop vite. Il faudrait une boîte à 5 rapports montée sur les versions Talbot dès 1980 "
Simca, pour la vie !
Une voiture ancienne pour Didier doit rouler et ne pas être qu'un objet d'exposition " Je suis un passionné qui roule. Je laisse ma 1308 dans son jus d'origine avec ses petites tâches de rouille et son crochet de remorque. C'est pour cela qu'elle a été exposée à Rétromobile sur le stand du Club Simca France (500 membres) dont je suis adhérent depuis près de 30 ans. Nous avons entendu toujours les mêmes commentaires. Les plus anciens, ça leur rappelle des souvenirs et les plus jeunes, ils ne savent pas que c'est ".
Pas question d'arrêter de rouler en Simca pour Didier qui compte encore six autres voitures de la marque qui attendent impatiemment une restauration : une 1510 anglaise, pays où elle a été produite sous le nom d'Alpine (nom appartenant à Sunbeam racheté par PSA), prendre le volant de la Tagora GLS de 1982 qu'il vient d'acquérir, remettre sa magnifique Aronde Grand Large bicolore1956 ainsi que sa Chatelaine 1958 en route. Simca, pour lui, c'est pour la vie !
La voiture s'appelait Simca à l'arrière mais aussi Chrysler devant pour finalement s'appeler Talbot en 1980, marques multiples qui déroutèrent la clientèle
L’avis des Petits Observateurs
Soyez le premier a commenter
Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire