Par Patrice Vergès. Lancée fin 1970, la 160/180 abandonnait le nom de Simca pour Chrysler qui en avait pris le contrôle en 1963. Nom qui dérouta les acheteurs français d'autant que ce modèle reprit le sigle Simca en fin de carrière avant de se renommer Talbot sous le sigle de 1610. Incompréhensible !
Ces multiples changements de noms joueront un rôle négatif dans l'histoire de cette marque. La Chrysler 180 avait été décidée par les Américains dans l'esprit d'une voiture US plutôt que d'une européenne. D'abord au niveau du look dessiné par Roy Pikes en Angleterre chez Rootes également racheté par Chrysler ainsi que de ses suspensions particulièrement un essieu rigide à l'arrière. Ce furent d'ailleurs ses deux gros points négatifs. Avant qu'ils ne soient remis à la mode par Audi, ses flancs hauts à surface vitrées réduites choquèrent l'œil. Dans le réseau Simca Chrysler, on l'appela vite "la grosse Bertha". Ensuite son essieu rigide rebuta d'autant que ses concurrentes directes offraient toutes des roues indépendantes plus moelleuses avec la Renault 16 TS, 504 Peugeot et autres Citroën DS 20.
Un super moteur !
En revanche, son 4 cylindres proposé en deux cylindrées (1600/1800 cm3) était une belle réussite. Dessiné à Poissy, offrant un arbre à cames en tête et un solide vilebrequin 5 paliers, il ne demandait qu'à développer des chevaux en plus. En 1973, Il fut porté à 2 litres sur la version automatique qui nous concerne. Il connut une vie beaucoup plus longue que sur ce modèle qui vivota jusqu'en1979 produit à 275 000 exemplaires. Il reprit du service en 2,2 l sur la Tagora puis sur la Peugeot 505 Turbo (150 à 180 ch) et sur la Matra Murena. Des versions coursifiées (16 soupapes Roc) animèrent des monoplaces et des prototypes et grâce au turbo, il grimpa à plus de 500 chevaux sur les Peugeot 505 de Supertourisme au milieu des années 80.
"On ne sait pas pourquoi on l'aime !"
Nous vous avons déjà présenté la Simca 1100 Spécial de Fabien. Jeune passionné de la marque Simca, il en compte une douzaine d'exemplaires. Une Tagora 2,2 l vient récemment de compléter sa collection et il aime tant cette marque qu'il a debadgé sa Talbot Horizon Premium avec laquelle il va bosser tous les jours pour y coller celui de Simca. Inutile de préciser qu'il n'était pas né lorsque les Chrysler 180 a vu le jour " En fait, c'est une voiture dont on en sait pas pourquoi on l'aime. C'est vrai, j'adore sa ligne de petite américaine comme son intérieur. Elle a des sièges très confortables et il est agréable de voyager avec la boîte automatique qui est très douce. Je sais, elle n'est pas conforme sur deux points : elle n'a pas le toit recouvert de vinyle des Chrysler 2 litres ni les jantes en tôle de 14 pouces mais des 13 pouces en alliage de Sunbeam TI que je trouve plus belles. En plus, c'est de la même famille".
2 litres espagnole
Chrysler avait osé proposer une version à boîte automatique en série à 3 rapports d'origine US dès 1973 avec la 2 litres. A cette époque, les voitures automatiques ne dépassaient pas 1% des ventes. Elle se particularisait par une présentation plus cossue, ses phares additionnels dans la calandre, des sièges plus confortables et un moteur porté à 2 litres donné pour 110 ch contre 100 pour la 180 (165 km/h). Un moteur qui équipera la 1610 à boîte mécanique en fin de carrière où ses chaînes furent déménagées de Poissy en Espagne chez Barreiros. Ce dernier la commercialisera jusqu'en 1982 surtout en version diesel inédite en France et c'est dommage. Sa 2 litres de 1979 est donc d'origine espagnole, pays où Fabien espère trouver un ensemble vinyle en bon état pour coiffer le pavillon de sa belle.
La Chrysler 180 me plaisait beaucoup en son temps en me semblant plus excitante que la 504 paternelle avec sa ligne de petite américaine et son intérieur plus sportif avec son petit levier au plancher, son faux bois et ses sièges intégraux masquant une visibilité déjà médiocre et son moteur plus tonique. Lorsque j'ai pu en essayer une lorsque j'ai débuté ma carrière journalistique, j'ai mieux perçu ses défauts et aussi ses qualités. Son 2 litres était agréable, sa boîte très douce bien qu'énergivore, ses sièges bien accueillants, son équipement riche. Mais sa direction à crémaillère avait tendance à "enrouler" et son essieu arrière bien que bien guidé par 4 bras de poussée, manquait d'adhérence sur mauvais revêtement.
"Je rêve d'une 1200 S"
Aujourd'hui, à l'allure où l'on cruise en Chrysler 2 litres, ses défauts n'existent plus et il ne reste qu'une silhouette devenue presque séduisante de petite américaine d'autant qu'elle en a le nom. Une voiture devenue rare chez nous puisque 70 % de sa production avait été exportée. Fabien est très heureux de posséder cette Simca peu connue. Quand on aime les Simca, on ne compte pas. Après sa Murena, sa récente Tagora, une future Bagheera, il rêve d'un coupé 1200 S dont les prix, hélas, s'envolent. Grace à lui et à beaucoup d'autres passionnés, la marque Simca continue à vivre. Et c'est bien.
L’avis des Petits Observateurs
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