Par Patrice Vergès. Mon père était Peugeotiste comme on disait alors. Après la 203, 403, plusieurs 404, il a successivement roulé au volant de trois 504 Peugeot. L'occasion de la redécouvrir près de 50 ans après...
La Peugeot 504 de mon père
Écrit par
Patrice Vergès (Romancier, journaliste, essayeur, auteur & chroniqueur , Petites Observations Automobiles)
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- Type de véhicule
- Berline
- Marque
- Peugeot
- Année
- 1973
- Modèle
- 504
- dossier
- Les Essais de Patrice
- Tags
- Les Anciennes, France
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Mardi 28 septembre 2021
Écrit par
Patrice Vergès Petites Observations Automobiles - Romancier, journaliste, essayeur, auteur & chroniqueur
Membre du Gouvernement POA.
Fort astucieusement, Peugeot a toujours accompagné ses clients dans leur évolution sociale pendant les 30 Glorieuses avec des modèles qui progressaient en gamme depuis la 202. A l'instar de mon père, beaucoup de Peugeotistes passèrent successivement de la 203 à la 504 voire 505 en 25 ans avec des augmentations raisonnable du prix. Alors que la Citroën DS vendue deux fois le prix de la Traction Avant qu'elle remplaçait, fit fuir sa clientèle.... chez Peugeot.
Lancée fin 1968, la 504 reprit de son aînée la 404, sa mécanique dans une cylindrée supérieure portée à 1,8 litre. Par rapport à celle-ci, elle innovait surtout par suspension indépendante à l'arrière à bras tirés particulièrement réussie. Si réussie qu'elle fut reprise longtemps sur de nombreuses Peugeot jusqu'à la 505 et même Talbot Tagora.
Le regard de Sophia Loren
Lors de son lancement retardé à septembre 1968 à cause des événements de mai, la 504 suscita beaucoup d'intérêt. Si sa face avant aux yeux de l'actrice Sophia Loren fut considérée comme réussie et originale, la cassure centrale de sa malle arrière tronquée, étonna. Mieux assise sur ses roues, elle était plus longue de huit centimètres (4,49 m) et presque autant en largeur (1,69m). L'habitacle plus spacieux accueillait de confortables sièges qui offraient, à l'avant, un original appui-tête intégré coulissant.
Sous le capot, le quatre cylindres porté à 1 798 cm3 contre 1618 cm3 était proposé en deux puissances. En carburateur, il alignait 87 ch SAE (156 km/h) tandis qu'en injection mécanique, il annonçait 103 ch SAE (165 km/h). La boîte de vitesses à grille européenne restait à quatre rapports tandis que son freinage, c'est nouveau, était confié à quatre freins à disque alors que le diamètre des roues redescendaient à quatorze pouces.
Nostalgie
C'est avec une certaine nostalgie que je reprends le volant d'une 504 qui fait réapparaître à ma mémoire le souvenir d'un père disparu et celui de ma jeunesse enfuie à tout jamais. Mon père a possédé trois 504 depuis la première 1800 à injection de 1969 jusqu'à une 2 litres à injection de 1974 en passant par une Super Luxe intérieur cuir qu'il accidenta. 504 que je conduisis parfois. Précisons que je ne suis pas au volant de ce modèle 2 litres cuir qui illustre ce propos et dont les photos sont signées de Jacky Emerson. Celle du prêt est quasi-identique (2 litres carbu de 1973) mais avec des sièges en tissus clair. Je retrouve cette position de conduite bras relevés face à un volant trop haut et bien trop grand aujourd'hui car elle n'a pas de direction assistée. En revanche, je suis bluffé par le confort des sièges et, comme chaque fois, lors de l'essai d'une ancienne, par sa visibilité comparée à aux modernes. Pas besoin de radars...
Dès que la voiture se met en mouvement (démarreur à gauche comme sur les Porsche) la direction s'allège. Elle laisse apparaître sa grande précision mais aussi sa trop grande démultiplication. C'était justement, ce qu'on lui reprocha. Dans un récent livre publié sur Peugeot, je relate avoir conseillé à mon père d'équiper ses 504 du volant du coupé au dessin plus léger (branches trouées) et d'un diamètre plus réduit. Pour mieux appréhender les sensations qui refluent à mes sens, il faut se souvenir de l'histoire de la 504 qu'on peut qualifier de réussite totale.
Voiture de l'Année 1969
Le net progrès avec la 404 provenait de ses meilleures qualités routières et son confort supérieur liés à ses roues arrière indépendantes et à son puissant freinage. Sa direction non assistée trop démultipliée et ses performances moyennes comparées à celles de la gamme ID/DS récemment vivifiées furent plus discutées. Pour cette raison, en 1971, son moteur fut porté à deux litres de cylindrée. Ce passage entraîna un accroissement de la puissance d'une dizaine de chevaux. (98 SAE) en carburateur contre 110 ch SAE en injection.
Son titre de Voiture de l'Année 1969 ne fit que conforter son succès commercial qui incita Peugeot à l'améliorer à dose homéopathique. Elle dut patienter jusqu'en 1977 pour recevoir une direction assistée sur la TI et des glaces électriques. En 1973, elle fut déclinée en version économique baptisée L qui reprit son 1800 d'origine et un essieu arrière rigide déjà monté sur les breaks et utilitaires. Essieu qui équipa toute la gamme 504 dès 1980 afin de ne pas concurrencer la 505 qui reprenait toute son architecture réussie.
Toujours dans le coup
En mouvement, la 504 séduit encore par la douceur de sa conduite, le confort de ses suspensions, la puissance de son freinage très assisté ce qui a souvent le plus vieilli sur une ancienne, son excellente tenue de route et son l'essieu arrière bien posé au sol. Certes, ce n'est pas une sportive avec prés de 1300 kilos à traîner pour 93 ch DIN en 2 litres à carburateur. Pourtant, avec les rapports courts de sa boîte de vitesses à la commande très douce encore montée au volant, ses accélérations sont encore actuelles et la souplesse de son moteur est surprenante. La sonorité du moteur un peu trop présente dans le vaste et cossu habitacle, laisse percevoir qu'en 50 ans il y a eu des progrès en la matière. Notons la qualité de la finition et la sensation de robustesse que généraient les matériaux utilisés dans l'habitacle. Malgré ses 48 ans, la voiture essayée et dans un étonnant état de fraicheur. Seule la couleur très claire des garnitures intérieures fait comprendre que le métier de la mode est de se démoder.
Bref, je n'aurai pas l'angoisse de prendre la route pour un voyage de 1000 km au volant d'une Peugeot 504. Je n'en dirai pas autant de toutes les anciennes que j'ai pu conduire...
La production de cette Peugeot s'arrêta en France fin 1982. Néanmoins, la 504 restylée continua à être montée dans de nombreux pays pour s'arrêter définitivement en 2005 au Nigéria. Au total plus de 3711 000 504 ont été produite ! Plus qu'un succès commercial.
Lancée fin 1968, la 504 qui avait été dessinée chez Pininfarina offrait une silhouette statutaire
Cette vaste berline de 4,49 m de long s'attaquait autant à la gamme Renault 16 qu'aux Citroën de la gamme D
Planche de bord de qualité comptant 3 cadrans comme la 404 depuis 1967. Par rapport aux premiers millésimes, la garniture centrale de sécurité du volant avait été allégée en 1970
Sièges très moelleux et accueillants dont l'assise s'abaisse en reculant pour les grands gabarits - La 504 étonna par ses appuis-tête de série coulissant à l'intérieur du siège
Comme sur la 404, son 4 cylindres qui en était dérivé, était incliné à 45 degrés afin de favoriser un capot plongeant. Dans sa version carburateur, il délivrait 93 ch ( 98 CH SAE) en 2 litres
La face avant avec le fameux regard de Sophia Loren a été dessinée en interne par l'équipe de Paul Bouvot notamment Gérard Welter
La 504 était chaussée en 14 pouces (15 en 404) avec des pneus de 175. Une belle largeur pour l'époque -La cassure de malle avait choqué au début. Admirez la vaste surface vitrée latérale
La commande au volant se montre d'une grande douceur. Elle passera au plancher dès 1973
Peugeot était un rare constructeur à proposer une option toit ouvrant à un tarif fort raisonnable
Pas encore de glaces électriques sur un haut de gamme mais des matériaux de bon aloi
Si vous désirez en savoir davantage sur la 504, ce livre signé Patrice Vergès a été publié chez ETAI en mars 2021
Voir aussi la Peugeot 504 cabriolet.
L’avis des Petits Observateurs
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