Souvenirs d'Autos • Renault

Souvenirs d’Autos (399) : N’est pas Ragnotti qui veut !

Écrit par

Thibaut Chatel (Commandant Chatel, Petites Observations Automobiles)

L’ami Brett Sinclair, fidèle de cette rubrique, nous envoie ces lignes… dans lesquelles je me retrouve. Et vous ?

C’est en lisant le Souvenirs d’Autos n°395 du Commandant Chatel que je me remémore un tête à queue effroyable et je mesure la chance de pouvoir le raconter aujourd’hui.

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Vendredi 16 décembre 2022


Écrit par

Photo Thibaut

Thibaut Chatel Petites Observations Automobiles - Commandant Chatel

Alias "Commandant Chatel"  de POA.

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C’était à la fin des années 80. Après avoir eu comme première voiture une R14TS (mais si !!), j’avais hérité de la R11TXE toute flambante de ma mère. Elle l’avait achetée deux ans plus tôt en remplacement de sa R18, mais aimant les grandes voitures elle trouva vite la R11 trop petite alors qu’elle était super équipée pour l’époque.

Elle décida donc d’acheter une R21 plus statutaire avec pour reprise la R14 et je reçu en cadeau la fameuse R11TXE. Elle n’avait que 17000 km et à peine deux ans (merci papa, merci maman).

Elle était magnifique avec son 1700 cc et ses 82 cv, j’aimais le bruit de son moteur et j’adorais son équipement pléthorique : 
-    Compte tour (équipement indispensable de tout apprenti pilote), 
-    Ordinateur de bord,
-    Vitres électriques,
-    Calandre quatre phares,
-    Vitres teintées, 
-    Et surtout un gadget  à la James bond, à savoir le plip d’ouverture à distance des portes (cela faisait son petit effet, même s’il fallait être très proche et viser juste).
Enfin, détail qui a son importance, elle était rouge, c’est vous dire si elle allait vite…    
Durant 7 ans elle resta fiable, sans bruits parasites et dotée d’une tenue de route exemplaire me donnant l’impression d’obéir au doigt et à l’œil et surtout de pouvoir vous conter ce souvenir.

À la fac, elle faisait ma fierté et avait son petit effet sur mes passagers, tout étonnés de pouvoir lire la température extérieure, l’autonomie restante ou la consommation moyenne ou instantanée.

Elle était farceuse car son réservoir contenait 47 litres et l’ordinateur de bord le confirmait le plus souvent, mais si elle était garée en pente et au soleil il pouvait indiquer une contenance allant jusqu’à 86 litres !! L’électronique balbutiait et je remercie encore Renault d’avoir démocratisé tous ces équipements réservés jusque-là à des marques plus huppées.

Pour l’étudiant que j’étais, elle restait fiable et économique et je ne pouvais pas toujours assurer l’entretien en temps et en heure mais elle ne m’en a jamais tenu rigueur.

La fac était à 80 km de chez moi et je partais tous les lundis pour la semaine. J’avais l’habitude de passer un virage en travers. C’était un beau virage, bien arrondi, serré en épingle à cheveux avec une très bonne visibilité. Un jour, sur chaussée humide, ce qui arrive souvent en Bretagne, j’arrive un peu vite, les roues avant patinent, le train avant sature, la voiture sous-vire, l’avant s’élargit vers l’extérieur du virage. 

Dans la panique je lève le pied trop brutalement de l’accélérateur et instantanément l’arrière dérive et la R11 se met à l’équerre, je contrebraque et ré-accélère, l’avant enroule la corde du virage et je passe la courbe tout en travers, à la Ragnotti, tout étonné de ma performance.

Conforté dans mes talents de pilote, je réitérais la manœuvre chaque lundi matin, quand il n’y avait personne en face évidemment. C‘était grisant. Michèle Mouton, Vatanen et Blomqvist n’avaient qu’à bien se tenir…

Bref, comme on dit de nos jours, j’avais pris la confiance. J’ai toujours autant aimé l’objet automobile que la conduite et je prenais un plaisir fou à conduire et à rouler sans but allant de lignes droite en virages, de freinage en rétrogradage, sans jamais privilégier les transports en commun ni le vélo pour les déplacements courts…. 

J’aimais rouler la nuit où je me régalais de l’éclairage du tableau de bord et de ses instruments rangés de manière symétrique avec une rangée de voyants de chaque côté du compteur. 

Un soir, alors que j’admirais la chorégraphie des aiguilles du tachymètre et du compte-tour (c’est beau un tableau de bord la nuit) en attaquant fort, j’abordai une courbe rapide en montée à fond et je décidai de lever le pied brutalement.
Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça ou plutôt si, je voulais passer en glisse mais à cette vitesse-là, c’était trop…

Au lever de pied la voiture décroche brutalement, part en travers, les phares éclairent le bas-côté, l’arrière passe à la place de l’avant, une fois, deux fois, trois fois, quatre fois…. je ne sais plus, comme dirait un commandant célèbre, c’est très long un tête à queue… à l’image du film Les choses de la vie, tout semble se dérouler au ralenti.

À chaque fois que je sens la voiture changer de sens je contrebraque de manière machinale ou instinctive je ne sais plus…

Je passe le virage en marche arrière, mon sens de l’orientation se perd, je ne sais plus où je suis par rapport à la route j’attends le choc qui pour moi est inéluctable, inévitable et promis à une violence inouïe, pire je m’attends à percuter un autre véhicule… Mais rien n’arrive et après une dernière circonvolution la voiture ralentit, je sens qu’elle escalade des bordures  et glisse sur le bas-côté qui fort heureusement était large et en terre. La R11 est en marche arrière et je suis désorienté et enfin elle s’arrête. Ouf !

Je sens la roue arrière droite qui s’affaisse dans le fossé, dans les phares se dégage un halo de poussière puis plus rien, pas de bruit ni de choc, ni de choc avec un autre véhicule… le silence. 

Le moteur tourne encore, je ré-accélère pour sortir la R11 de son ornière, rien à faire elle patine et patine encore. Profitant de l’absence de témoin je m’entête, rien n’y fait, elle reste bloquée.

Je sors de l’auto tout penaud pour constater les dégâts, la R11 semble intacte, incroyable, mais  la roue arrière droite est bloquée dans le fossé. Je mets les feux de détresse et bizarrement je suis calme alors que j’ai frôlé la mort, mais la priorité est de me sortir de là sans que la gendarmerie n’intervienne et que les parents soient informés… ils payaient l’assurance tout de même.

Heureusement la solidarité des conducteurs qui arrivèrent sur les lieux du crime m’aida à sortir la voiture de sa fâcheuse posture, à force de patiner  et d’être poussée la voiture sortit enfin de l’ornière et je rentrai à petite vitesse chez moi, non sans avoir remercié mes sauveteurs.

Le lendemain matin, à la lumière du jour la R11 révéla qu’elle était intacte, même le soubassement ne portait aucune trace.
Je fus quitte pour changer deux pneus avant qui avaient bien souffert pour sortir de l’ornière.
PREMIER AVERTISSEMENT SANS FRAIS.

Illustration - Souvenirs d’Autos : N’est pas Ragnotti qui veut !
Souvenirs d’Autos : N’est pas Ragnotti qui veut !

Cette rubrique est aussi la vôtre !

Faites comme Brett Sinclair et racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion. 

On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps… Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA !

Merci.

L’avis des Petits Observateurs

4 commentaires au sujet de « Souvenirs d’Autos (399) : N’est pas Ragnotti qui veut ! »

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Je n'ai heureusement jamais aimé faire "partir" ma voiture. Peu amateur de conduite dite sportive, je préférais conduire vite, accélérer et freiner le moins possible, prendre la corde, la tangente, évitant autant que possible de brutaliser la mécanique.
J'ai possèdé une R11GTX et je garde le souvenir d'une auto confortable, assez moyenne en fiabilité, à la conso exagérée et la tenue de route en progrès chez Renault mais encore perfectible.
Allez.... Quand même sympa comme Sleeper. Elle ne pesait pas grand chose et le moteur plein d'allant ✌️

Vendredi 16 décembre 2022 à 13h27

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R.9, R 14, R11, R21... Je n'ai aucun souvenirs de ces autos, j'ai comme un trou de mémoire, sans doute parceque pendant cette dizaine d'années, je travaillais dans des pays ou l'on voyait surtout des Pijo, des Mitsubishi, des Datsun, des Toyotas. Mais c'est 10 ans avant, avec la R.12 de ma mère qu'une nuit, en rase campagne rentrant de boite avec un copain, l'auto ne reconnaissant plus la route, on s'est tanqué dans un fossé Bourguignon. C'est le lendemain matin qu'on s'est rendu compte du ridicule de la situation!
Moralités 1. les Renault n'aimes pas les fossés, 2. la nuit évites de rouler à fond si tu n'est pas un pro!
Merci Bret, merci commandant de nous rappeler nos erreurs de jeunesse...

Samedi 17 décembre 2022 à 13h19

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Les mésaventures de cette R11 "haut de gamme" (!) me rappellent une pré-série de la R11 "Electronic".
Un ami de mes parents, grand mamamouchi de chez Renault, passe nous voir avec ladite voiture. Désireux de nous montrer les nouvelles avancées de l'automobile nationale, il nous fait monter à bord, et démarre avec une portière entr'ouverte :
Rien... 🤔
Fronçant les sourcils, il appuie sur un bouton. La voix synthétique résonne "Toutes les fonctions sous contrôle sont nominales". Re- 🤔
Gêné, il nous dit que peut-être la portière n'est-elle pas assez ouverte. Il réitère donc l'opération avec la porte grande ouverte :
Rien... 😤
Nettement agacé, il s'énerve sur le "bouton magique", alors que la voix synthétique répète à l'infini "Toutes les fonctions sous contrôle sont nominales". Re-😤

Charitable avec son ami, mon père lui dit que c'est précisément à découvrir ce type de défaut que servent les pré-séries. Après s'être ébaudit devant le tableau de bord numérique, ils vont se rasséréner devant un bon verre de whisky (autres temps, autres mœurs... 😉).
Je suppose que certains ont du adopter un profil très très très bas le lundi matin à l'usine...

Jeudi 22 décembre 2022 à 11h09

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