Par Patrice Vergès. Lancée il y a 50 ans en octobre 1969, la Renault 12 a été produite jusqu'en 1980 avant d'être fabriquée particulièrement en Roumanie sous le nom de Dacia jusqu'en 2004. Au total, en ajoutant la Turquie et le Brésil et diverses versions, plus de 5,3 millions de Renault 12 on été fabriquées...
La Renault 12 offrait une carrosserie très vaste pour une 1300. Elle étonna par sa silhouette notamment son pare-brise très incliné générant un bon CX dont on s'intéressait peu à l'époque
Malle en pente douce, lunette arrière concave et raidisseur de pavillon autour de la sortir d'air caractérisaient sa silhouette. Les roues de 13 pouces semblent perdues dans le passage de roue de nos jours
Comment imaginer que cette berline est âgée 50 ans ? Certes, la direction trop dure à l'arrêt n'est pas assistée ni ses freins mais son petit 1300 est assez vif, son freinage correct, sa tenue de route plutôt sûre, sa suspension honnête et ses sièges bien plus confortables que ceux de nos voitures actuelles. Pas la crainte d'entreprendre avec, un périple de plusieurs centaines de kilomètres sur nos nationales limitées à 80 km/h. Dire qu'elle est née il y a 50 ans ! Une éternité. De quoi s'interroger sur la stagnation du progrès ces 50 dernières années, comparée à celui des 50 premières depuis 1900. Et à se demander si ce qu'on nous inflige à base d'électronique et d'informatique embarqués depuis quelques années n'est pas, après tout, un faux progrès poudre aux yeux ?
De 8 à 12
Fin 1969, La Renault 12 (projet 112) succéda à la R8 dont elle a repris la motorisation poussée à 1289 cm3 (déjà vue sur l'Estafette) mais montée à l'avant en complet porte à faux ce qui était nouveau chez ce constructeur. Longue de 4,34m, la Renault 12 offrait une vaste habitabilité et un immense coffre ( 420 litres) pour une petite 1300 grâce à une carrosserie tricorps assez volumineuse et plutôt valorisante de grosse voiture. Sa tenue de route était bien meilleure que celle de la R8 grâce à sa traction avant et ses performances assez élevées (145 km/h) due à sa carrosserie aérodynamique étudiée en soufflerie imposant un pare-brise très incliné qui étonna en 1969. Malgré un essieu arrière rigide assez critiqué à ses débuts, elle offrait un honnête confort et surtout elle était proposée à un tarif raisonnable (10 680 francs pour la TL) comme toutes les Renault d'ailleurs.
Elle n'était pas si mal équipée dans cette version qui eut davantage de succès que la L trop dépouillée au niveau de l'habitacle. Globalement, elle proposait même des performances et un volume supérieurs à celui de la Renault 16 qui contraindront Renault à faire évoluer celle-ci en augmentant sa cylindrée. Elle donnera aussi le jour à une version coupé Renault 15 et 17 produite jusqu'en 1979 à 300 000 exemplaires. Un joli succès également
Le fameux " Cleon Fonte " de 1289 cm3 monté en complet porte à faux devant à l'inverse de du bloc de la Renault 16 retourné. Il était monté sur de gros bloc en caoutchouc pour limiter ses vibrations
Il y avait une version L, une TL, une TR à boîte automatique puis une TS plus puissante
La presse surnomma ce volant de sécurité "Yvette Horner". Quant à la commande de chauffage à gauche style radiateur, elle est introuvable aujourd'hui
L'instrumentation était succincte même sur la TL dont 8 voyants contrôlaient la bonne marche. Le kilométrage lu au compteur est exact
Les passagers arrière de la Renault 12 étaient mieux chouchoutés que ceux des voitures actuelles avec des sièges très moelleux étonnamment confortables
D'être négociant en voiture n'empêche pas une réelle passion de Franck pour les populaires des années 70/80
Franck a possédé 250 voitures !
Franck est un passionné de voitures puisqu'il en a possédées autour de 250 ! De la plus humble à la plus puissante. Il affectionne surtout les voitures populaires de sa jeunesse et les youngtimers. D'où l'idée il y a 3 ans d'ouvrir un garage (Pyla Classic-Car) pour en vendre. Bien sûr, c'est un commerçant mais c'est sa véritable passion de l'ancienne qui nous rapprochés. D'ailleurs, quand vous lirez ces lignes, cette Renault 12 1974 aura certainement été vendue au prix de 3700 euros. Un tarif raisonnable surtout que son métier de professionnel l'a obligé à assurer une révision moteur, changer le circuit de refroidissement et les freins, monter des pneus neuf et refaire une peinture car lorsqu'il l'a reçue, elle n'était pas jojo, miraculeusement épargnée par la rouille qui cernaient rapidement les passages de roues sur ce modèle. En revanche, son intérieur en skaï sur lequel on transpirait bien l'été est dans un état neuf. Les vendeurs de l'époque conseillaient le skaï car ne s'usant pas comme les tissus, les voitures étaient plus faciles à revendre d'occasion.
"J'achète surtout les voiture que j'aime, notamment des youngtimers et des populaires des années 70 et 80 à de petits prix. Aujourd'hui grâce à la notoriété de notre garage, on nous en propose dans toute l'Europe" explique Franck qui se déplace souvent pour en acquérir. Sa passion le pousse à essayer assez longuement les voitures qu'il vend. Par professionnalisme mais aussi par envie en remettant ses pas dans ceux de son enfance. Actuellement, il utilise au quotidien une Renault 20 TS sur laquelle il ne tarit pas d'éloges. " C'était une voiture étonnamment confortable". Comme la Renault 12 d'ailleurs dont l'essieu arrière rigide réalisé en tôle embouti se révéla, après tout, pas si mauvais que cela. J'aimerais bien que ma voiture personnelle soit aussi confortable que cette Renault 12 avec laquelle nous avons parcouru quelques kilomètres.
Énorme succès commercial
La Renault 12 tranchait au sein de la gamme Renault dans les années 70 puisque c'était la seule berline tri-corps parmi les Renault 4 et 6, Renault 16 et Renault 30 et 20. Ce qui fit le succès commercial de la Renault 12 très gratifiante pour une petite cylindrée. Elle fut la voiture la plus vendue en France en 1972 malgré une conception bien moins sophistiquée que celle de ses autres rivales françaises nommées 304 Peugeot, GS Citroën ou Simca 1100 Spécial. Sa puissance était moins élevée que les autres mais pourtant c'est-elle qui se vendit le plus. Surtout lorsque Renault l'épaula en 1973 par une version TS plus luxueuse et dont le 1300 poussé à 60 ch lui permettrait de rouler à plus de 150 km/h sur nos autoroutes dont la vitesse était encore libre jusqu'à la fin de l'année.
Cette limitation fit l'affaire de Renault car la gendarmerie nationale commanda beaucoup de Renault 12 en version break. Son vaste volume arrière permettait de rentrer à l'arrière, un radar blanc type barbecue Mesta 201 avec son trépied et qui pouvait déjà flasher, hayon levé, à partir d'une voiture garée sur le bas-côté. En 1978, c'est la Renault 18 qui succéda à la 12 dont elle reprit la structure et sa philosophie assez valorisante. Mais c'est une autre histoire..
L’avis des Petits Observateurs
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