Souvenirs d’Autos (445) : Un ML digne d'un tracteur !

Non seulement Sylvie ne sort JAMAIS ses voitures sous la pluie, mais si elle en prend une pour aller faire des courses, la gare au bout du parking : « C'est dingue. J'ai beau me mettre tout-au-fond-au-fond du parking, je retrouve toujours un crétin en train d'inspecter Black Beauty... » fulmine-t-elle. Que dire lorsque c'est la Vanquish !

Elle s'empare donc souvent du ML pour ses diverses courses.

Rentrant de la ville, elle arrive dans le village par la route principale et s'engage dans la première chicane à faible vitesse (je n'ai jamais connu personne d'aussi légaliste qu'elle derrière un volant.).

Au même moment, une 106 qui arrivait au loin accélère en klaxonnant et vient s'arrêter à l'orée de la chicane, empêchant Sylvie d'en sortir. Son conducteur, en homme civil et courtois (!) comme il se doit, baisse sa vitre : « RECULE ! ».

Interloquée, Sylvie fait de même et dit « Excusez-moi. Non seulement j'étais complètement engagée avant vous, mais il serait plus simple que vous reculiez. ».

Le type sort de sa voiture en éructant « Je ne bougerai pas ! » Puis, avisant l'immatriculation Suisse se lance dans une diatribe sur la mélodie bien connue « Un Suisse ! Encore un de ces étrangers qui se croient tout permis ! ».

Le sang de ma brunette ne fait qu'un tour. Vérifiant qu'il n'y a personne derrière, elle coupe le moteur, sort de la voiture et vient planter son (même pas) 1,60m (certes sans les 12cm de talons dont elle ne se départi jamais) devant l'impoli. Lisant la plaque rétorque « C'est quel département ce numéro ? C'est bien loin d'ici où la famille de mon mari est établie depuis plus d'un siècle. »

Visiblement ulcéré qu'une femme ose lui tenir tête, le conducteur se lance dans une éructation où trouvent place tous les « noms d'oiseaux », finissant encore une fois par un « RECULE ! » énervé.

Ce à quoi, toute miéleuse et d'une parfaite politesse (elle est sûprêmement agaçante lorsqu'elle est ainsi, et en joue à la perfection), ma chère et tendre lui rétorque « Certainement pas. J'étais engagée. Ce n'est pas moi qui reculerai ! J'ai tout mon temps... ».

La passagère de la 106 tente une timide intervention vers le conducteur « Mais la dame a raison. Recule voyons. ». Lequel s'énerve plus encore, puisqu'une seconde femme ose lui tenir tête.

C'est alors que très calmement, Sylvie englobe d'un regard la calandre dont l'étoile est au niveau du milieu du pare-brise de la 106, et lance un définitif et méprisant « Vous reviendrez me voir quand vous ferez une tonne de plus ! ».

Un temps sidéré puis ayant frisé la crise d'apoplexie, mais comprenant la vacuité de son opposition face au petit bloc de volonté inattaquable qui grimpe dans le ML, le conducteur se remet au volant en grommelant et fait enfin la rapide marche arrière demandée, ouvrant la voie à Sylvie qui pour une fois lance le Mercedes en avant dans le grondement rageur de son V8 !

Elle riait tant en arrivant à la maison moins de 2 kilomètres plus loin qu'elle dût s'asseoir pour calmer son fou-rire et parvenir à me narrer par le menu cet épisode.

Je l'ai déjà écrit ici, mais réitère : J'adore cette femme !

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