Le Djet a toujours vécu à l’ombre de la Berlinette Alpine. Mais il semble aujourd’hui que cette voiture se fasse enfin à sa place au soleil grâce à des passionnés de plus en plus nombreux.
Le Djet se caractérisait par la finesse de sa ligne générant un excellent Cx de 0,28 en 1965
Son modèle se caractérise par ses ailes élargies pas d’origine et l’absence du pare-choc chromé arrière
Pas facile d’inscrire les 182 cm de Pierre dans les 115 cm du Djet
« C’était au début des années 90. En fait, je cherchais une Alpine » explique Pierre Douzet. «Mais les prix étaient déjà très élevés. Par hasard, je suis tombé sur ce Djet et je l’ai acheté ».
Avec 500 courses à son actif en tant qu’organisateur d’épreuves notamment dans la magnifique région du Forez, Pierre Douzet avait vu des Djet en course dans les années 70. S’il connaissait cette voiture, il n’était pas spécialement attiré par elle. Aujourd’hui, il ne l’échangerait pas contre deux barils de Berlinette. «Ce qui me séduit, c’est sa ligne, la beauté de son profil, la finesse de sa carrosserie, son originalité » explique ce tout jeune septuagénaire à l’allure d’adolescent. Face à nous, sur le fond vert de jardin, son Djet bleu métallisé qui semble avoir été sculpté par le vent semble minuscule avec ses 1,15 m de haut contre 1,50 m de large. Comment pouvait-on faire d’aussi petites voitures ?
« C’est bruyant, chaud, mais c’est merveilleux »
La destinée du Djet et si compliquée que ceux qui le désirent pourront lire une seconde partie liée à ce minuscule coach produit à 1693 exemplaires entre 1962 et 1968. Celui de Pierre Douzet qui date novembre 1966 avait déjà bénéficié de pas mal d’améliorations par rapport aux premières versions. C’est le modèle de base baptisé Djet 5 animé par un 1108 cm3 de la R8 gonflé à près de 70 ch. Il existait la VS à moteur R8 1108 Gordini et la version 6 à bloc 1300 Gordini qui frôlait les 190 km/h tandis que celle de Pierre se contentait d’un petit 170 km/h. C’est son moteur monté en position centrale comme les monoplaces qui caractérisait cette voiture. Si c’était idéal au nouveau de la répartition des masses, ça ne l’était pas au niveau du confort de l’habitacle. « Ça fait du bruit, il fait toujours très chaud dedans, c’est inconfortable, ça freine mal et louvoie un peu sur la route, mais c’est merveilleux ! » avoue Pierre avec des yeux d’enfant.
l’habitacle très spartiate avait un parfum de voiture de course
Le petit 1108 cm3 de la R8 était placé dans l’habitacle. Ajoutez le volume réduit du filtre à air. Ceci expliquant cela.
Le radiateur d’eau placé à l’avant évacuait sa chaleur par la sortie située au dessus du logo Matra Sports qui avait remplacé celui de René Bonnet
Son Djet qui affichait lorsqu’il l’a acquis en 1992, 90 000 km au compteur était loin d’être dans l’état d’aujourd’hui. Il a passé de longues années à le restaurer, aidé par ses deux fils et des amis garagistes. De série, le Djet qui avait de petites ailes à bourrelet était chaussé en 15 pouces. Le sien était déjà équipé de jantes larges en 13 pouces qui avaient nécessité le montage de grosses ailes élargies ressemblant à celles qui caractérisaient les voitures usine de Mieusset et Pescarolo qui avait terminé 2eme avec au Critérium des Cévennes 1967. Bien que non conformes à l’origine, Pierre les a conservées.
« En revanche, j’ai monté des jantes en alliage léger à la place des affreuses jantes en tôle. Tout le reste est d’origine même le moteur et l’admission spécifique que beaucoup changent contre des blocs 5 Alpine plus récents. J’ai fait refaire le moteur, la boîte de vitesses, changé les disques (R16), les arbres de roues, refaire le radiateur, la suspension, l’échappement, changé la bulle arrière et le volant, fiabilisé certains vices, et bien entendu repris le polyester qui était tout craquelé ainsi que la peinture ». Pierre fait partie du Club D’Jet depuis une vingtaine d’années. C’est grâce à l’action de ce club très actif au niveau des informations techniques que nombreuses pièces spécifiques ont été refabriquées ce qui enlève un gros souci aux passionnés de cette voiture qui sont de plus en plus nombreux. (www.club-djet.com). D’ailleurs les prix qui grimpent (environ 25 000 euros pour le Djet V) montrent l’engouement que suscite ce coupé dont il ne subsiste que 700 exemplaires répertoriés par le club.
« Elle est bizarre, votre Alpine »
Pierre sort sa monture pour quelques balades, sorties du Club D’Jet, ouverture de courses de côte, ce qui lui vaut parfois quelques réflexions de béotiens « Elle est bizarre votre Alpine ! ». Sûr, il ne le vendra jamais (on dit un Djet), déjà réservé à l’un de ses petits fils. Car dans la famille Douzet, on a le virus de l’auto de père en petits-fils. Nous mettons en route le Djet une dernière fois, coincé dans le petit habitacle, le dos serré dans l’étroit baquet, avec juste derrière les oreilles, l’admission gourmande du petit Renault. Cela donne l’envie de prendre davantage la piste que la route. Justement, savez vous que les Djet, ont participé trois fois aux 24 heures du Mans ? Bientôt dans POA, si vous le voulez bien.
Ouverture des portes réduite à sa plus simple expression. Le Djet ne pesait que 700 kilos !
L’avis des Petits Observateurs
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