Cadillac Eldorado Séville 1956: l'âge d'or

Rien que par son nom, elle évoquait les rêves les plus fous mais son prix très élevé  clairsema ses acheteurs. En 1953, il s'en vendit seulement 532  pour grimper à 2150 en 1954 puis 3950 en 1955. Légèrement redessinée en 1956, elle fut proposée cabriolet sous le nom de Biarritz ou Séville en coupé comme celle de Jeremy et fabriquée à 3900 unités.  Sa mission était de concurrencer les Rolls et Bentley aussi  Ford avec sa Continental.  L'Eldo ne se contentait pas de proposer une carrosserie plus spectaculaire que la 62 normale, elle offrait davantage de technologie et de luxe.

L'Eldorado 1956 qui s'étirait sur 5,64 m se remarquait  pas ses ailerons arrière plus agressifs que ceux des Cadillac série 62

Esthétiquement, l'Eldorado se différentiait de la gamme classique Cadillac mais en reprenant tous ses gimmicks

Les années de chrome !  A gauche la cellule servant au passage automatique des codes-phares. Sous la planche de bord, la commande climatisation avant.

Summum de technologie

Elle était déjà équipée d'une boîte automatique Hydramatic à 4 rapports alors que son V8 de 5,4 l (331 CI) était plus puissant. Avec ses deux carburateurs Rochester 4 corps, le 331 CI annonçait plus de 300 ch SAE ! Pensez  que cette année là, en France, la 4 CV Renault annonçait 747 cm3 pour 21 ch et la nouvelle DS de 1911 cm3 seulement 75 ch. Pour nous Français, l'Eldo était une voiture d'extra-terrestre. Imaginez-vous sa vision au sein de la circulation de l'époque. Près de 70 ans plus tard, pour avoir roulé à ses cotés, je peux vous assurer qu'elle aimante les regards, scotche les enfants, paralyse les chiens. Les années 50 pour beaucoup restera l'âge d'or des voitures américaines comme cette Cadillac !

Jeremy est passionné d'américaines. Son Eldorado tient compagnie à une rare Chevrolet Nomad

Moteur V8 331 CI, 5,4 l alimenté par deux carburateurs. Puissance 305 ch SAE.... en 1956

Pour moi, c'est une œuvre d'art

Jeremy raconte. " Comme tu le sais, je suis passionné d'américaines et de Chevrolet et de pick-up. Nous avions prévu de nous marier avec Andréa en Chevrolet. Un de mes bons amis qui possédait une rare Cadillac Edorado 56 m'a dit, "Ta femme mérite mieux qu'une Chevrolet pour votre mariage", et il ma prêté son Eldo. Puis quelque temps après, comme il n'en avait pas l'utilisation, il nous l'a vendue à un prix d'ami. Rouler en Cadillac surtout en Eldorado, c'est autre chose qu'en Chevrolet ! Son silence, son confort, sa facilité de conduite avec sa direction assistée très douce, ses freins puissants et sa boîte auto, un véritable régal! Grace à sa suspension pneumatique arrière (manuelle), on dirait qu'on roule sur un coussin d'air. Elle isole complètement du monde extérieur. C'est étonnant le nombre de petites attentions qu'elle offrait à ses passagers. Pour moi, ce n'est pas une auto, c'est une véritable œuvre d'art "

L'Eldo était réservée à une élite puisqu'en 1956, elle coûtait en France, alourdie par 30 % de droits de douane, près de 5 millions d'anciens francs. Le prix de onze 4 CV ! soit environ 175 000 euros 2025. Peu ont été vendues chez nous comparées aux Cadillac 62 plus accessibles. Jérémy sait qu'il y en a deux en France en 2025.

Un monde de douceur et de silence où tout est assisté

Prise d'air  de la climatisation pour les passagers assis à l'arrière

Pire qu'un ovni

Plus que sa puissance de 305 ch, plus que sa vitesse de 187 km/h, on achetait ce gros joujou bardé de chromes aux immenses ailerons symbolisant la conquête spéciale qui faisait alors rêver les Américains, pour son confort et son luxe et son image. La Séville avait  innové le pavillon tendu de vinyle qui donnait  l'illusion que c'était un cabriolet comme le encore plus rare Biarritz. Son équipement était extraordinaire en 1956, sièges et glaces électriques, climatisation séparée avant et arrière, sièges cuir bicolores, passage code-phare automatique, jantes en alliage léger. Impossible de passer inaperçu à son volant. Nous avons dû répondre aux questions   de cyclistes abasourdis  par la vision de cet ovni bleu métallisé à 4 roues de 5,65 m et plus de 2,5 tonnes avançant dans le bruissement tranquille de son gros V8.

"Elle a 88 000 miles d'origine et a été importées de USA je ne sais pas quand. Elle est 100 % matching-numbers moteur, chrome et peinture que j'ai simplement polischés. En France c'est une voiture méconnue ce qui n'est pas le cas en Amérique où elle coûte plus cher entre 90  et 100 000 dollars selon l'état. J'aime les modèles rares, les licornes comme on dit. Je vais vivre la moitié du temps aux USA car j'ai crée mon entreprise  Madess Motors. En sillonnant les États-Unis,  je vais essayer de dénicher des voitures US très rares que je vais importer réservées uniquement à une poignée de passionnés dans mon genre. Un rêve. Mais un rêve éveillé ".   

Les fameux Dagmar qui devaient leur nom au surnom d'une actrice de télévision à la poitrine opulente

l'Eldorado se caractérisait par ses doubles appendices de capot surnommées " le viseur"

Platine comptant les 4 touches des glaces électriques tandis que le  déflecteur reste manuel

Jantes en alliage léger de 15 pouces chaussées de 235X15

Pub d'époque pour la 1956 qui sera entièrement redessinée l'année suivante en plus surbaissée mais tout autant spectaculaire