Par Patrice Vergès. Après avoir acquis un coupé BMW 30 CSI d'occasion en 1977, Jean Loup l'a oublié au fond d'un garage pendant près de 35 ans avant de lui redonner récemment la vie sous une livrée digne d'une neuve.
Conduire un coupé BMW 30 CSI aujourd'hui est un sacré retour dans ma cantine aux souvenirs. Un de mes copains en avait acquis un en 1976 et j'avais beaucoup roulé à ses cotés. Immédiatement, j'ai retrouvé l'étonnante luminosité de son habitacle et le feulement ouaté du 6 cylindres en ligne. Ces années là, le coupé CSI riche de 200 chevaux était encore une grande sportive dont les versions allégées CSL poussées à plus de 400 chevaux et hérissées d'ailerons frôlaient les 300 km dans la ligne droite des Hunaudières. D'ailleurs, la voiture de Jean-Loup arbore encore sur sa vaste lunette arrière l'autocollant (un peu fatigué) des exploits du coupé bavarois lors 24 heures du Mans en 1973 et 1974.
3 fois le prix d'une Peugeot 504
" Mon coupé date d'avril 1975. Je l'ai acquis d'occasion en mai 1977 chez Charles Pozzi à Paris et il ne totalisait que 28 000 km " précise Jean-Loup. Lors d'un prochain POA où nous traiterons de sa remarquable MGA 1959 "matching numbers", nous reviendrons davantage sur l'amour que l'homme porte aux voitures sportives. A 27 ans, rouler dans un si beau coupé n'était pas banal. Rappelons qu'en 1975, dernière année de production du coupé 30, celui-ci coûtait près de 85 000 francs ! Plus de trois fois le prix d'une Peugeot 504 ! Soit sensiblement le prix d'un actuel coupé 640 facturé près de 100 000 euros. Hier comme aujourd'hui, BMW n'a jamais bradé ses voitures.
" C'était la voiture de mes rêves, excellent compromis entre le sport, la vitesse et le confort car elle offrait 4 places et un coffre indispensable à mon travail. Elle avait la solidité des voitures allemandes déjà apprécié sur ma berline 2500 avec, en plus, une silhouette élancée digne d'une voiture italienne".
Pourtant le coupé avait été dessiné en interne à Munich même s'il reprenait des éléments stylistiques particulièrement du dessin du pavillon du précédent coupé 3200 V8 dessiné par Giugiaro.
Ce coupé est né fin 1965 sous le nom de 2000 CS animé par un 4 cylindres en ligne de 120 chevaux issu de la berline 2000. En 1968, lorsque BMW a dévoilé sa gamme 6 cylindres 2500/2800, il a accueilli ces nouveaux moteurs au sein d'un avant allongé redessiné par le Français Paul Bracq. D'abord, en version 2800 (170 ch), puis 3000 CS à carburateurs (180 ch) et enfin en CSI pour injection en 1971. Fort de 200 chevaux, le CSI devint la version la plus performante de la gamme mais aussi la moins produite (8142 ex contre 20 000) à cause de son prix plus élevé.
Oublié 35 ans dans un garage !
En 1983, Jean-Loup le remplace par une BMW berline 728 I, marque qu'il affectionne préférée à Mercedes trop " m'as tu vu " à ses yeux. Son coupé avait bénéficié un peu plus tôt d'un échange standard du moteur à 72 000 km car il consommait trop d'huile. Il a d'ailleurs conservé la facture de l'intervention d'un montant de 13 000 francs correspondant à une jolie somme d'aujourd'hui. " Je ne l'ai pas vendu et décidé de le garder. C'était très symbolique pour moi mais j'aimais cette voiture. Je l'ai oublié près de 30 ans dans le fond d'un garage public où il a pris quelques coups. Puis, assez récemment, je l'ai redécouvert et trouvé encore plus beau qu'à l'époque ce qui m'a décidé à le faire restaurer".
Jean-Loup qui déteste l'à-peu-près dévoile le montant de ses diverses factures pour redonner à son coupé l'aspect du neuf. Ceux qui affirment que l'auto ancienne est un placement ne les restaurent certainement pas. Certes, dans cet état exceptionnel, sa BMW est estimée autour de 50 000 euros. Mais pour qu'il en soit ainsi il a dû beaucoup investir. "La refaire peindre avec sa teinte d'origine " arktisblau metallic" m'a coûté plus de 4300 euros. Avant, il a fallu remettre la voiture en route dont l'essence en se figeant dans le réservoir avait bouché toute l'admission. Après avoir fait refaire le réservoir, j'ai fait changer les freins qui étaient bloqués, tous les joints moteur et durits, aussi les chromes piqués et les écussons, les moquettes et cuirs qui s'étaient moisis. J'avais déjà fait refaire l'intérieur en cuir bordeaux lorsque je me m'en servais encore. Aujourd'hui, mon coupé est aussi beau que quand je l'ai acheté".
Le parfum de sa jeunesse
Nous partons pour notre balade avant qu'il ne me laisse le grand volant qui a déjà un semblant de coussin de sécurité." J'ai retrouvé (presque) mes 27 ans avec cette voiture. C'est encore un vrai régal à la conduire et elle n'a pas trop vieilli au niveau des performances, ni du freinage ni des accélérations. C'est un bonheur de la mettre en route et entendre le ronronnement feutré des ses 6 cylindres" avoue-t-il, heureux. Lorsque c'est à mon tour, je ressens exactement les mêmes sensations et impressions. Une pensée m'a effleuré l'esprit en communion avec son propos : l'auto ancienne rapproche plus les gens qu'elle les divise comme les modernes.....
L’avis des Petits Observateurs
Soyez le premier a commenter
Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire