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Souvenirs d’Autos (417) : Une Corvette pour la vie ?

Écrit par

Thibaut Chatel (Commandant Chatel, Petites Observations Automobiles)

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. C’est l’excellent Frédéric qui nous envoie ce souvenir… Un grand merci pour sa fidélité.

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Vendredi 12 mai 2023


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Photo Thibaut

Thibaut Chatel Petites Observations Automobiles - Commandant Chatel

Alias "Commandant Chatel"  de POA.

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-    D'autres personnes ont pris contact. Mais t'étant manifesté le premier, tu as préséance. Dis-moi si tu es toujours intéressé ? 
La réponse au message fut immédiate : 
-    La réponse pour mon ESTA  devrait arriver sous 24 heures. Dès que je l'ai, je prends mon billet et j'arrive !

À peine trois jours plus tard, je foulais le sol de l'aéroport de San Diego, venant voir une belle américaine qui m'avait attiré par une aguichante petite annonce sur Internet. 
Elle m'attendait le lendemain matin à mon hôtel, alors que je venais de faire un peu moins de 10.000 km pour la rencontrer.
Née en 1969, prénommée Corvette (C3 étant son petit nom), elle était dotée d'un (très) rare moteur ZL1. 

J'avais prévu une semaine sur place avec un planning précis où un rendez-vous chez un spécialiste local pour une « pre-buy inspection » tenait une place primordiale. 

Qui vola en éclat immédiatement ! L'essai m'avait convaincu que la voiture était extraordinaire. D'autant plus que le USD étant à 1,47 EUR, elle était on ne peut plus bon marché ! 
Le plus long fut le temps que mit Aaron à rédiger le document de vente, malheureux de se départir de cette voiture qui l'accompagnait depuis tant d'années. 
Nous nous vîmes tous les jours, occasion de découvrir quelques-uns de ses autres jouets comme son « petit bateau » (un off-shore d'une vingtaine de mètres), ou sa Porsche 930 équipée d'un « big block » Chevrolet 454 (7,5 litres) offrant « un peu plus » de 600 chevaux ! (« Too much turbo lag, and too few HPs on the original engine. » m'expliquera-t-il). 

La C3 était initialement une « 427 » de 1969 vendue par « Baldwin Motion », célèbre pour ses nombreuses versions préparées de Corvette et autres Camaro. Après avoir déménagé de la côte Est à San-Diego, Aaron avait décidé de la faire refaire. Le fameux préparateur et ancien pilote Dick Guldstrand avait eu l'opportunité de disposer de quelques-uns des 200 moteurs ZL-1 que General Motors avait produits  pour l'anniversaire de la production des 200 « ZL-1 » originaux de 1969, et Aaron fut le premier client de cette préparation. 

Une semaine plus tard, je m'envolais pour la Suisse. La Corvette suivit un peu plus tard par un chemin moins direct qui la conduira en camion jusqu'en Floride où un transitaire l'envoyât à Anvers. C'est là qu'elle prit le chemin de la France, alors que les deux Harley-Davidson qui l'accompagnaient (Ben... voui... Lorsque l'on a une semaine à tuer aux USA, on visite aussi des concessions HD!) me rejoignaient à Lausanne. 

Un peu encombrant pour l'Europe l'engin ! Le camion loué pour l'amener aux Classic-days contenait à peine les plus de deux mètres de large du train arrière. De fait, il me faudra les changer pour de très fines « de transport » lorsqu'ultérieurement j'utiliserai une remorque. 
Pas non plus un jouet destiné aux « nains de jardin » tels que moi. La voiture se cabrant en accélération, engoncé dans un siège désespérément trop bas, je ne distinguais alors le côté droit de la piste que... au travers de l'ouverture du capot logeant le filtre à air ! 

Même en ayant été refaite selon les prescriptions du manuel « GM performance » de 1969 avec notamment un châssis intégralement ressoudé, cela restait une américaine de l'époque avec un châssis chewin-gum et un amortissement simpliste, des ralentisseurs en guise de freins, une direction pour le moins floue. Sauf que le moteur avait des performances parfaitement modernes avec plus de 510 chevaux (un réglage « conservateur » favorisant la fiabilité...). Bref, un engin qui accélérait mieux que bien des « modernes », mais restait néanmoins très typé « 1969 ». Pour tout dire, aussi passionnant que terrifiant à maîtriser ! 

La belle histoire d'amour s'arrêtera suite à une trahison sur un circuit. Contrairement à ce qui avait été dit, le moteur n'avait pas été préparé comme annoncé, aucun cloisonnement n'avait été installé dans le carter d'huile. Ce qui fait qu'à force de tourner vers la droite, sur le circuit de Magny-Cours, le moteur finit par déjauger, et... BOUM ! 

Aaron était si furieux lorsqu'il l'apprit qu'il voulait poursuivre son préparateur (inclinaison naturelle chez le citoyen US à tout judiciariser). 
Une fois le moteur refait par un grand spécialiste français des V8 (« Il faut en avoir pris un certain nombre dans la figure pour savoir comment monter un V8 de compétition... » disait-il. Ce qui prit tout de même... 14 mois !), le cœur n'y était plus. Ma passion avait été trahie, et je ne pouvais m'abstenir d'y penser chaque fois que je la revoyais. Je m'en séparais donc quelque temps plus tard. Elle coulerait dorénavant des jours paisibles en d'autres mains dans le sud de la France. 

Outre les souvenirs, c'est un ami qu'il me reste de cette histoire. Aaron et moi restons en contact. Quoi que n'ayant eu l'occasion de pousser de nouveau jusqu'à San-Diego depuis, nous nous sommes même revus à Rétromobile ! 
Et un parfum de nostalgie des anciens temps heureux. Aucune des nombreuses anglaises qui se sont succédées depuis n'a pu me faire oublier le gros V8 sauvage de la ZL-1. Il n'est donc pas dit que je ne retourne pas vers mes anciennes amours. Et qu'il n'y ait pas de nouveau une nouvelle Corvette sur cette rive de l'Atlantique.

Cette rubrique est aussi la vôtre !

Faites comme Frédéric et racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion. 

On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps… Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA !

Merci.

L’avis des Petits Observateurs

4 commentaires au sujet de « Souvenirs d’Autos (417) : Une Corvette pour la vie ? »

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Je suis monté une fois dans une corvette C3..... Échappement latéral, mes oreilles s'en souviennent.
Par contre nous avons juste "cruiser" tranquillou sur les boulevards en regardant les filles.
C'est un sport aussi😉

Vendredi 12 mai 2023 à 12h38

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Si ma mémoire ne me trahit pas trop, Frédéric, - merci pour cette nouvelle histoire - aimes bien acheter de puissantes autos en Grande Bretagne ou aux USA, les conduits en Suisse - J'adore ce pays - et les casse en France sur autoroute où sur circuit...
Et ce faisant, fait tourner avec brio le commerce international en faisant rêver ceux qui, comme moi n'ont jamais conduit que des bagnoles à quatre ou six pistons (comme on dit dans certains pays tropicaux)... 😂 😎

Vendredi 12 mai 2023 à 13h57

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En réponse à Alain L

Peut-être ma profession initiale de trader m'a-t-elle déformé. Mais j'ai toujours considéré que l'argent était fait pour circuler, pas pour dormir sous un matelas...

Puissantes auto certes. Mais une "petite" peut être tout aussi passionnante.
C'est la "Mimix" achetée pour mon fils qui m'a rappelé qu'il n'était nullement besoin de plus de 500 chevaux pour prendre du plaisir au volant. 😍
C'est "Red Devil" qui a rouvert ma passion pour les Minis 😍 (même si la surcharge "covidienne" de mon précédemment déjà bien établi embonpoint va probablement me contraindre à installer un volant amovible pour continuer à me glisser dans le baquet tout en contournant la barre latérale de l'arceau... 😥 ).
C'est aussi la Seven qui avec seulement 145 chevaux pour à peine plus de 500 kilos persiste à clamer haut et fort que "Light is right". 😍

Sans compter que le "4 pistons" 😉 donne aussi des motorisations étonnantes (en ligne, "flat" ou en V comme les Ford). Et nul ne niera l'intérêt de nombreux 6, quelle qu'en soit la configuration. J'ai longtemps conservé la C280 de mon père, dont le "6 en ligne" était à l'époque une des meilleures réussites des motoristes de Mercedes.

Effectivement, je n'ai (jusqu'ici ?) pas cassé de voitures en Suisse. Mais au vu de mon kilométrage par pays, il est normal que ces "incidents" se produisent surtout en France. Sans compter que la Suisse ayant banni les circuits depuis la drame des 24 heures du Mans 1955, il ne reste plus dans la Confédération que quelques épreuves de rallye ou de course de côte.

Il est vrai qu'il semble que je sois plutôt dans une période "anglaises" racées, après ma période "américaines" brutales. Sans que cela ait toutefois été prémédité.
Et de manière surprenante, je n'ai pas eu de période "italiennes". Quoique remontent à la surface des souvenirs émus d'une voluptueuse représentante transalpine lors d'un cycle de formation au SHAPE à Mons... Heu... Non. Je m'égare là ! 😉

Jeudi 18 mai 2023 à 10h18

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