Souvenirs d’Autos : mauvais timing pour l’enquêteur (part 2)

Une quinzaine de jours plus tard, le téléphone sonne... je suis M. Truc, je vous contacte au sujet de......vous êtes bien le propriétaire du véhicule immatriculé....la compagnie "machin" m'a diligenté pour une enquête avant votre indemnisation…..je vous propose un rdv dans un lieu public…….le café “machin” vous convient?

Pour tout dire, j’ai pas vraiment saisi tous les propos, pourquoi une enquête concernant la CX et puis ce rdv dans un café… je trouve ça un peu bizarre!

Mon jeune âge, l’époque, la façon d'appréhender certaines personnes, fait que je me rends sans discuter au rdv le jour convenu.

Je pousse la porte et je cherche un homme avec un dossier rouge, et oui!......c’est le code de reconnaissance. Au fond de la salle, je vois un type agiter un document, il est rouge, (le document, pas le type!), salutations d’usage, présentation, résumé des “faits” et il entame une série de questions assez personnelles sur mes revenus, mon train de vie, mes antécédents en matière de véhicule, etc, etc.

Le personnage est sympathique, pourvu d’une certaine bonhomie, la soixantaine, le visage de Roberto Rastapopoulos, un physique à la Tati avec l'imper de Colombo, enfin, c’est le souvenir que j’en ai!

Fin des questions, optimisme de "Roberto" sur la suite.....”il ne devrait pas y avoir de souci particulier sur votre dossier”. C'est le moment que je choisi pour lui faire part de mon étonnement sur cet entretien et sans moquerie sur le fait qu'il arrive un peu après la bataille, lui expliquant l'avance que j'ai prise sur le remboursement en faisant le forcing dans cette bonne ville de Cambrais!

Effet garanti!.....et finalement on plaisante sur la situation, ce qui me vaut qu’il me propose une autre bière pour un épisode plus détendu de ce moment où il va m’expliquer pourquoi il fait ce job et me narrer sa dernière “enquête”.

C’est un grand classique… enquêteur à la retraite, il travaille pour les compagnies d’assurance quand elles ont un doute sur la bonne foi de leurs clients et bien sûr, lors de montants importants.

Ce n’est pas Broussard ni Borniche, mais il a eu pas mal d’hommes sous ses ordres et puis il y a le manque du métier, les sensations, donc en attendant de terminer dans son potager ou à classer indéfiniment sa collection de timbres, il joue les fins limiers sous la devise “Fiat lux” chère à notre regretté Burma.

Hondelatte, Drouelle et Jean Alphonse Richard, viennent de s’inviter virtuellement à notre table et il commence le récit de l’assurance vie (avec la fameuse clause de décès par accident), d’un brave homme dont la veuve ne touchera pas le montant de si tôt!

L’histoire commence par une Mercedes ayant percuté un arbre dans une ligne droite sur une route de campagne une sombre nuit, l’auto prend feu, le conducteur périt dans les flammes ! Un monsieur à l’aise financièrement et ayant souscrit une généreuse assurance vie revenant à sa femme.

Enquête rapide de la gendarmerie… un triste accident de la circulation et on ferme le dossier.

C’est là que “Roberto” entre en action à la demande de l’assureur avec une première visite sur “les lieux du crime” et une première constatation……il a vraiment pas eu de bol, ou c’est lui qui est allé vers l’arbre ou l’inverse! c’est tout droit et le platane n'est pas vraiment au bord de la chaussée. Il note ça dans son petit carnet et rend visite au garage qui garde l’épave. Là…..c’est encore plus intéressant, nous sommes d’accord qu’une Mercedes est solide, mais un choc entraînant l’explosion de l’auto en tordant simplement le renfort du parechoc et la plaque d’immatriculation…..c’est un peu exagéré et puis, comme notre homme a du flair, il note que le modèle est un diesel et le gasoil n'est pas aussi inflammable que l'essence! Autre chose... et là, c'est l'expérience qui parle... malgré qu’il ne reste que l’armature métallique du siège, il constate un réglage pour une personne de taille modérée, par la suite il obtiendra les tailles respectives du couple, lui était grand et elle, un petit bout de femme !

Mon nouvel ami “Colombo” dont il n’a pas que l’imper, en viendra au scénario suivant, l’épouse aidée d’une complice (une enquête plus approfondie le confirmera) a lancé la voiture à petite vitesse contre l’arbre, le mari drogué a été placé au volant avant de mettre le feu à l’aide d’essence.

Nous conclurons notre entretien par le fait que les criminels manquent parfois d’imagination !

Il y aura une poignée de main chaleureuse, un de ces moments de ma vie que je garde en mémoire, un rdv où je me suis rendu avec une certaine inquiétude à la rencontre d’un homme qui aurait pu être mon père et puis la situation qui bascule vers autre chose, je découvre en face de moi un de ces personnages que je peux voir à la télé, avec une histoire digne d’un scénario de téléfilm.

Prendre de l'âge nous permet d’avoir une vision très différente de certaines choses et de raconter des souvenirs avec une certaine lecture, car je pense que ce jour là… je suis sorti de ce café soulagé de cette épreuve et une fois la porte passée, j’ai repris le cours de ma vie avec mes préoccupations de jeune homme, sans doute bien loin du ressenti et de l’analyse que j’ai aujourd’hui, je remercie ma mémoire pour ces situations qu’elle me fait parfois revivre!

Cette rubrique est aussi la vôtre !

Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion.

On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps…

Et si possible, joignez à votre histoire des photos….

On adore ça chez POA !

Merci.