Souvenirs d’Autos : mauvais timing pour l’enquêteur (part 1)

Dans le souvenir d’auto n°416, j’évoque le vol d’une CX à Toulouse dans la fin des années 1980.

https://poa.tv/citroen/2023/souvenirs-dautos-416-un-coup-de-tournevis-et-les-chevaux-jaillissent

Nous sommes donc un week-end, où comme souvent, je suis descendu de Paris par la route pour voir les copains du sud-ouest. Les activités font que je laisse l’auto le samedi après-midi dans le parking d’une résidence, pour la récupérer le dimanche soir et reprendre la route vers la capitale.

Il doit être 19h00 quand je suis devant la place de parking vide ! Plus de voiture, disparue, volatilisée ! Dans ce cas, j’ai les réactions toujours un peu idiotes de la victime… ”j’ai dû la garer ailleurs”, je fais le tour du parking, je vais même voir dans la rue, le tout avec cette tête de benêt qui ne contrôle plus ses émotions. Direction le commissariat avec l’espoir qu’elle soit à la fourrière, sans raison, mais quand il reste un espoir…….!

Pas de miracle, le policier me tend le document à signer pour mon assurance, suivi de cette phrase assassine, « Bah..une bagnole comme ça, elle doit déjà être en vente sur un parking bulgare ou allez savoir où! »

Après une soirée pas vraiment enjouée, le lendemain matin je quitte l’agence Avis au volant d’une superbe Uno équipée d’un modeste moteur essence ! Par principe, je refuse toujours la critique de celle qui vous sauve la mise, mais bon… la route fut longue!

Les jours suivants, j’organise une solution de “dépannage automobile” en attendant le remboursement de l’assurance me permettant l’achat d’une nouvelle monture.

J’hérite de la R20 TS du grand-père d’un ami, une auto d’une petite dizaine d'années, bleue nuit, intérieur comme neuf, fonctionnant parfaitement, mais… avec un problème de corrosion sur un longeron. La vague “youngtimer” n’existe pas et le diesel coule autant dans les durites de nos voitures que dans nos veines sous les encouragements d’un gouvernement nous vendant ça comme le carburant de l’avenir !

Les grandes familiales essence ne valent pas grand-chose, et il est jugé que la pauvre auto ne mérite pas une réparation coûteuse, alors la "20" m'est prêtée jusqu'à sa fin de vie relativement proche, vous savez, ces autos qui peuvent encore rendre service, mais avec un rayon d’action limité.

J’en garde un bon souvenir, moelleuse, un moteur pas mal et puis comment dire, elle ne craignait plus rien, alors pas de ménagement, cherchant le S de son logo dans quelques emportements de conduite!

Bon!... côté assurance, ce n’est pas simple, je suis un jeune homme qui aime les grosses autos, alors que les assureurs n’aiment pas les grosses autos aux mains des jeunes gens.

J’avais trouvé par connaissance, un petit courtier à Cambrais pratiquant des prix acceptables, alors les contacts se font par téléphone, voir fax pour les documents et ça traîne ! Plus d’un mois après le vol, je suis en train de relancer toutes les semaines……”on s’occupe de votre dossier”, “vous savez, sans l’aval de la compagnie, on peut rien faire”, “M. Machin n’est pas là, vous pouvez rappeler?”

C’est mon outil de travail (je suis commercial à l’époque), et puis les voyages à Toulouse par le “capitole du soir”, ça me va pas, j’aime pas le train, son ambiance, les sandwichs “triangle”, la promiscuité, l’arrivée nocturne à Austerlitz le dimanche soir, traverser la gare chargée de tristesse pour rejoindre la R20 sur le parking, pff!......”je te ferais bien faire le voyage, ton Douvrin serait à la hauteur, t’es confortable, bon tu bois un peu trop, mais il y a ce satané longeron!......allez, on rentre à la maison….”

Un vendredi soir, perdant patience, j’échafaude un plan. Départ tôt le lendemain matin direction Cambrais, la Renault devra assurer le voyage, pas le choix !

Deux bonnes heures de route et je me pointe à l’ouverture de l’agence de l’assureur. Je rentre et réclame mon chèque !

Pour imaginer la scène, il faut savoir que je suis un garçon bien élevé, qui demande toujours “s’il vous plaît”, pique un fard à la moindre remarque et avec mon physique de grand gringalet je risque pas de faire peur à qui que ce soit! Bref……j’y vais sans grande conviction et persuadé de rentrer les mains vides.

Me voilà dans un café en face de l’agence, ça ouvre, je traverse la place et pousse la porte.

Il y a une dame, je suppose… la secrétaire, et le directeur. Je me présente, pas besoin d’en dire plus, ils savent pourquoi je suis là. J’ai le droit au même discours qu’au téléphone, seulement, je suis en face et ils voient bien mon désarroi, je ne force pas jusqu'à verser une larme, mais on n’en n’est pas loin. Je sens comme une concertation silencieuse entre eux, une sorte de…..”on peut vraiment pas faire quelque chose pour lui?”.

Faut dire que je suis sincère et de bonne foi. Alors, j’entre aperçois le cheminement d’un miracle qui se met en place.

On sort mon dossier, le consulte, passe un coup de fil, parle à demi-mots et puis ils se regardent comme pour confirmer qu’ils sont bien d’accord. Un tiroir s’ouvre, un chéquier en sort, un chèque est rédigé par la secrétaire et signé par le directeur qui revient vers moi avec.

“Vous savez, je devrais pas le faire, je prend des risques à vous indemniser avant l’accord de la compagnie”. Ça devait être les dernières CX RD turbo 2, ça valait un peu de sous.

Avec le recul, je pense pas que le risque était si important, mais bon….je vis ça comme une victoire inattendue, surtout que ma timidité naturelle fait que je demande pas le montant, en revanche, ma curiosité a bien remarqué le nombre de chiffres entre-aperçu, ce qui annonce le montant global ou une belle avance!

Je remercie tout le monde, rejoins mon auto en serrant très fort le dossier et surtout le chèque, et une fois dans la R20, je constate que le remboursement est bien de la totalité !

Je vous renvoie à cette fameuse pub pour la GS X, où ce type lambda se lâche après avoir déposé son père à la gare, vous donnant une idée de mon humeur et de la rapidité à rejoindre Paris !

Commence un marathon... dépôt du chèque à la banque, manger un morceau et me voilà en train de courir les garages. Le budget est confortable, mais je fais preuve de bonnes résolutions et je décide d’en garder un peu sous le coude.

Quelques jours plus tard, je suis propriétaire d’une Renault 25 TurboD.  A l'époque, c'est l'auto à fuir, un peu comme les Laguna 2 ou la Vel Satis, destinée de certaines de ces grandes Renault modernes, innovantes et pleines de qualités, malheureusement gâchées par une fiabilité douteuse! La contrepartie…..une voiture moderne, presque neuve pour un prix intéressant. (Un an et demi plus tard, elle aura 120000 kms de plus, sera remplacée avec un bilan des plus favorable, comme quoi….!)

Voilà……pour moi l’épisode du vol de la CX est clôturé, je suis derrière le volant d’une autre auto et tout ça reste un mauvais souvenir. Terminé le “Capitole du soir”, j’ai retrouvé les longues nuits à rouler, cette atmosphère que j’aime tant, cette fatigue qui fait que je suis content d'arriver à destination, impatient de sortir de la bagnole, mais pas pour longtemps, car j’attends déjà le prochain voyage !

À suivre…

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On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps…

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