L’automobile porte en elle une promesse fondamentale majeure qui a la particularité d’avoir muté tous les dix ans depuis 1950. La promesse automobile est essentielle car elle justifie la raison d’être de l’objet voiture dans nos sociétés et par là même sa réalité commerciale. L’évolution de cette promesse explique pourquoi l’automobile survit à ses multiples détracteurs. Explication par Renaud Roubaudi
1950 – 1960 : La première promesse automobile est la plus noble, la plus légitime, la plus justifiée, c’est la liberté pour tous. Cette promesse de liberté est le mythe fondateur de la bagnole moderne : la possibilité pour tous d’aller et venir librement partout où je veux, quand je veux. La promesse de liberté automobile naît au début des années 50 avec la démocratisation de la voiture populaire pour tous, 2CV, Fiat 500, Coccinelle, Mini… On achète alors la liberté.
1960 – 1974 : La deuxième promesse automobile devient la vitesse, autrement dit le progrès. Rouler vite en voiture dans les années 60 devient synonyme de modernité, de maîtrise du temps. La vitesse est socialement valorisée. Ce sont les années Concorde matérialisées par la naissance des autoroutes à vitesse libre et des archétypes automobiles de vitesse magnifiées comme la Jaguar Type E, la Porsche 911 ou la Citroën SM. On achète alors la modernité en achetant une voiture rapide.
Liberté et vitesse vont se fracasser sur le choc pétrolier de 1974. Pour certains la bagnole avec un grand B est morte à ce moment-là, assassinée par les limitations de vitesse, le prix de l’essence et la naissance du sentiment de culpabilité lié à la pollution et aux bouchons. 1950 à 1974 auront été les années d’or de la voiture, celle de la jouissance automobile sans entrave (et au prix de beaucoup de morts sur les routes).
1980 – 1990 : La troisième promesse automobile devient la voiture à vivre, le partage, la famille. Alors qu’on la croit morte, l’automobile se réinvente en abandonnant le culte de l’individu sur puissant pour mettre en avant celui du partage, du voyage en famille, de l’évasion collective. Matérialisé par le succès de la Renault Espace et du Chrysler Voyager aux Etats Unis, la bagnole qui mise sur le bien-être intérieur redevient socialement acceptable. On achète la voiture non plus pour soi mais pour les autres. D’un achat égoïste on passe à un achat altruiste avec le sentiment d’être bien vue.
Autant dire que cette période est honnis par les authentiques bagnolards des deux premières générations qui considèrent que la cathomobile (surnom donné aux monospaces) sont une insulte à leur talent de pilote et leur compétence technique de motoriste.
1990 – 2000 : La quatrième promesse automobile devient la sécurité. L’arrivée de l’ABS et de l’airbag en série coïncide avec la montée des peurs de tout poil, de la couche d’ozone à la guerre du Golfe, en passant par le Sida et la mortalité sur les routes qui devient à raison insupportable. Le monde extérieur devient agression, la voiture devient l’ultime refuge. Les carrosseries se renforcent, les hauteurs de caisses montent, les vitres se font meurtrière, et les équipements sécuritaires se multiplient. Si l’argument peut paraître fallacieux, il n’en est pas moins extrêmement porteur commercialement. On achète plus une voiture, mais on achète des airbags, un esp, des ceintures avec prétensionneurs, des radars anti collision…La voiture ne fait plus rêver, elle rassure.
2000-2010 : La cinquième promesse automobile devient la voiture « propre ». Montré du doigt, stigmatisé par les défenseurs de l’environnement, responsable à tort ou raison de toutes les pollutions, l’automobile n’a alors pas d’autre choix pour sa survie que de devenir vertueuse, en lavant plus blanc que blanc. Autrement dit devenir écologique. Matérialisée par la Toyota Prius Hybride, la voiture devient alors une promesse de participer à la dépollution du monde. On achète alors du gramme de CO2 en moins, des matériaux recyclé, des purificateur d’air… l’argument peut faire sourire mais il porte l’industrie automobile à bout de bras depuis dix ans et ce n’est pas fini.
La voiture propre devenant une obligation sous peine de disparaître du jeu, qu’elle est alors la promesse des années qui viennent….
2010 – 2020 : la sixième promesse devient la voiture connectée. La no car génération a pris le pouvoir. L’urbain moderne se fiche de la voiture et à raison. Il ne peut pas se garer, circuler, se payer une assurance, se payer de l’essence et être traité de ringard par ses condisciples. En revanche, être connecte 24/24 est devenu vital. L’automobile l’a très bien compris et mise désormais sur le tout connectique, de l’écran 120 pouces au bluetooth intégrale en passant par la connexion internet permanente et aux applications dédiés. Peu importe que vous restiez bloqué des heures sur le périphériques si vous pouvez surfer, twitter, facebooker, instagramé,…. La voiture n’a plus besoin d’être mobile, elle doit être numérique. On achète plus une voiture, mais un forfait de connexion sur le monde, physiquement mobile en option.
Ironie de l’histoire, c’est une forme de liberté pour tous que celle de l’internet que l’automobile propose désormais. De la mobilité physique des années 50 à la mobilité virtuelle des années 2014 en quelque sorte.
Et après ? 2020 …. La septième promesse devient la voiture intelligente. On nous en parle tous les jours, on nous l’annonce comme la prochaine révolution imminente, la voiture va penser à notre place, prendre les commandes. La fameuse google car est pour demain et pour le bien de l’humanité, la fin des accidents, la fin des tracas pour se garer, la fin de l’entretien. On peut le déplorer ou en rêver, mais la révolution est en marche.
Je trouve que c’est cette mutation permanente qui rend l’automobile géniale. J’aime et je respecte chacune de ses promesses. Formidable machine à muter, la bagnole aspire ce qui devrait la tuer pour en faire une force. Il faut avoir conscience que chaque nouvelle promesse ne tue pas nécessairement la précédente. Ces promesses s’accumulent et ont un poids différent pour chacun d’entre nous. Elles deviennent un du pour le consommateur. Ainsi une voiture moderne se doit d’être sûr, d’être propre, d’être connecté... La nouvelle Twingo offre 7 airbag, un ESP, un grand écran tactile pour connecter son portable et passe sous la barre des 100 g.
En quoi cette adaptation tue-t-elle la promesse de liberté originelle de la voiture. Pour moi posséder une automobile garée non loin de chez moi reste une promesse d’évasion, de liberté. Chaque jour je me dis que je peux m’échapper et rejoindre sur un coup de tête le sud de l’Italie en pleine nuit sur une route déserte avec la musique à fond. Je ne l’ai pas encore fait mais je sais que je peux le faire. Et je le ferai.
Keep Going
Renaud Roubaudi pour Petites Observations Automobile
Les Petites News
De l'auto connectée à l'automobile autonome
Offre Partenaire LLD LOCALEASE
Offre canon en ce moment pour les professionnels sur le Mercedes GLC 300E PHEV Business à 699 euros par mois en leasing sans apport. Et toujours un mois de loyer offert grâce à POA !
Offre Partenaire WASH
Exclu communauté POA : un lavage programme 5 (valeur 17 euros) offert pour un premier achat de 35 euros avec le code POA35 !
Partager
Mercredi 12 mars 2014
Article suivant
A propos de la voiture connectée... plébiscitée par les jeunes
L’avis des Petits Observateurs
Soyez le premier a commenter
Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire