Porsche Carrera 3,2 l : 20 ans d'amour

Philippe me tend les clés de sa Porsche. Il y a bien 30 ans que je n'avais pas conduit une Porsche sans direction assistée et oublié que son grand volant était aussi ferme en manœuvre. Son démarreur à gauche m'a également rappelé que j'avais possédé  une 911 E Targa il y a bien longtemps. Les 6 cylindres laissent éclater leur joie. Plus l'habitude, non plus, de manipuler une boîte manuelle. Par erreur, je démarre en troisième sans caler, accepté placidement par le gros flat-six avant qu'il commence à se réveiller en grimpant dans les tours dans une belle ambiance sonore. " J'ai monté un pot inox à sortie de 80 " avoue Philippe. Sa Carrera sonne haut et fort !

En 1977 chez Porsche, on considérait la 911 en fin de carrière et dépassée à cause de son moteur arrière refroidi par air d'un autre temps. Ce n'était pas l'avis de Peter Schultz nommé à la tête de la marque en 1980 qui estima le contraire. La puissance de la SC trois litres fut portée de 180 ch puis 204 ch avant d'être remplacée, fin 1983, par une version plus musclée qui reprit le nom mythique de Carrera déjà précédemment utilisé dans les seventies !

Après la Targa en 1966, Porsche a attendu début 1982 pour dévoiler sa 911 en version cabriolet sans arceau

La G apparue fin 1973 se signalait par ses gros boucliers à soufflets imposés par les normes de sécurité US

Philippe a parcouru plus de 100 000 km au volant de sa Porsche en 20 ans

Achetée il y a vingt ans

Elle se démarquait de la précédente par sa cylindrée portée à 3164 cm3 appuyée par une injection Motronic plus performante apportant 27 chevaux supplémentaires. Avec 231 ch, la Carrera pointait désormais son capot plongeant à plus de 245 km/h avec des accélérations plus agressives (zéro à cent en 6,5 s) avec de meilleures relances.

La boîte de vitesses type 915 datant de 1972 avait du mal à passer une telle puissance. En 1987, la nouvelle boîte G50 rendit son maniement beaucoup plus agréable.  Philippe se souvient : "J'ai toujours été amoureux des Porsche et en posséder était mon rêve. Quels souvenirs des 2,7 l RS ! C'était la voiture de ma jeunesse. J'ai même participé à un rallye en copilote d'une 3,3 l Turbo.  Mon épouse la préférait en cabriolet et en 2005, il y 20 ans, j'ai acquis cette Carrera de 1987 à boîte G50 d'origine française qui avait 160 000 km. Elle était propre, sa peinture avait été refaite, elle avait l'intérieur cuir et était en bon état avec un moteur d'origine. Aujourd'hui, elle affiche 263 000 km. En vingt ans, j'ai parcouru à son volant un peu plus de 100 000 km ! ".

C'est beau un flat-six refroidi par air tout neuf !

Excepté le dessin du volant, la planche de bord n'avait pas évolué depuis 1969

Sièges intégraux cuir à réglages électriques, une des innombrables options de l'époque

Le bruit et l'odeur

Cheveux (oui !) au vent, nous cherchons un coin ombragé pour la séance photos.  Opération nettoyage avant car malgré un lavage récent, le pollen qui flotte dans l'air, couvre rapidement d'un voile jaune le bleu de sa carrosserie.

" Je viens de refaire faire le moteur qui est encore en rodage par un excellent mécanicien nommé Franck Bouchardon. Évidemment, elle marche beaucoup mieux. En vingt ans, j'ai changé deux fois la capote qui est neuve ainsi que les amortisseurs, l'embrayage et les freins évidemment et monté une barre anti-rapprochement sur le train avant améliorant son comportement. Bien sûr, je l'aime pour son bruit merveilleux qui évolue selon le régime et aussi son odeur. Elle  sent le cuir et l'huile. Son moteur est fantastique, par sa souplesse car on peut conserver la cinquième à très bas régime et sa rage à la fois, sans être trop gourmand avec une consommation moyenne de 11 litres aux 100. 231 chevaux ce n'est plus une puissance extraordinaire en 2025 mais c'est suffisant pour son poids. Nous roulons la plupart du temps décapotés car nous préférons les petites routes où j'aime parfois la piloter en la faisant glisser de l'arrière. C'est vrai, elle devient pointue en conduite rapide. Mais quel régal ! "

Fin 1988, la G céda sa place à la 964 bien modernisée animée un flat-six poussé à 3,6 l et 247 ch et un train roulant modernisé avec une direction enfin assistée. Esthétiquement, elle évoluait peu se reconnaissant surtout à ses boucliers plus volumineux et compter quatre roues motrices sur la version Carrera 4

Au retour, Philippe reprend le volant et profite d'une ligne droite bordée de pins pour faire grimper le compte-tours quasi au rupteur. Les arbres défilent plus rapidement autour de nous tandis que le flat-six chante plus fort dans nos oreilles. Une 911, ça a encore de beaux restes !

Jantes Fuchs optionnelles de 16 pouces. Même dessin qu'en 1967 mais  gantées en 225/50 contre 165/70 X15 à l'origine

Le pot Inox à grosse sortie de 80 lui apporte un bruit plus plein et plus grave. Quelle musique !

Les fameux compteurs VDO ! 263 000 km d'origine !

Nom magique issu de la course mexicaine où Porsche avait brillé en 1953

La capote profilée s'intègre bien dans le dessin du cockpit. Excepté des ailes légèrement élargies, la G avait conservé sa silhouette originelle aux yeux de grenouille