Rover P6 3500 S : il n'y a pas que Jaguar chez les Anglais

La Rover 3500 "Mexico Brown" d'Yves émet un beau son bien grave de V8 exacerbé par une ligne échappement en Inox. Une vraie sonorité d'américaine ce qui est normal puisque son moteur en alliage léger est d'origine Buick dont Rover avait racheté la licence de fabrication.  Un V8 qui a équipé une ribambelle de modèles chez Rover pendant près de 20 ans particulièrement le célèbre Range dans des cylindrées poussées jusqu'à 4,6L.

Fin 1963, la Rover P6 étonna par sa silhouette et sa technologie originales. Son pavillon faisait songer à celui d'une Citroën DS

Longue de 4,53 m, la P6 péchait par son coffre à bagages trop petit. Rover proposa un kit extérieur pour la roue de secours

La P6 née avec un 4 cylindres de deux litres de 91 ch,  avait étonné par ses solutions techniques originales faisant appel une suspension inédite à l'avant à ressorts hélicoïdaux horizontaux et un pont de Dion à l'arrière. Sa coque semi-autoporteuse très axée sur la sécurité passive était habillée d'une silhouette originale aérodynamique signée David Bache qui faisait fortement songer à celle de la Citroën DS particulièrement le dessin profilé du pavillon. Qualités qui séduisirent la presse spécialisée qui lui décerna le titre mérité de Voiture de l'Année 1964.

Planche bord bien dessinée. Le grand volant est en vrai plastique comme les toutes les boiseries de la voiture !

Le V8 de 3528 cm3 tout en alliage léger alimenté par deux carburateurs SU délivrait sur cette version mécanique 152 ch à un peu plus de 5000 tr/mn

"J'adore les anglaises"

Ado, lors d'un stage linguistique en Angleterre, Yves découvrit le charme des petites anglaises surtout de grosses cylindrées comme la Triumph Stag, Rover P5 et P6 V8, Jensen Chrysler et autres dont ses oreilles apprécièrent le glougloutement de leur V8. Sa passion ne déclina pas malgré les années jusqu'en 2008 où il décida d'acheter une ancienne spécialement une Rover 3500 V8 dénichée pas très loin de chez lui.

"C'était un modèle 3500 S 1975 qui affichait 108 000 km au compteur car elle était d'origine française équipée d'une boîte de vitesses mécanique et d'une direction assistée. Elle était en bon état, les sièges cuir avaient été refaits, de même que le skaï du pavillon. Cela fait prés de 15 ans que je roule avec. J'ai parcouru avec plus de 35 000 km mais comme toutes les anglaises de cette époque, j'ai du la fiabiliser car je suis déjà tombé en panne le jour même de mon achat ! J'ai changé les étriers de freins bloqués qui sont accolés au pont. Un sacré chantier ! De même que le servofrein, refait les carbus SU et d'autres bricoles". Que Rover appartienne au groupe Leyland depuis 1967 n'avait pas améliorée sa fiabilité. Au contraire !

Le petit ergot situé sur les veilleuses permet de se rendre compte du volant que les phares sont allumés

En 1971, la calandre désormais en plastique a été redessinée dans le style nid d'abeille. Les roues de 14 pouces en tôle étaient chaussées en série de pneus de 185 remplacés par des 195 par son propriétaire

Produite de 1968 à 1976

La V8 épaulait les versions 4 cylindres 2 litres à simple carburateur ou double carburateur (TC) poussée à 2.2L fin 1973. Avec 152 ch sur les versions anglaises (146 en Europe), il hissait la P6 dans une catégorie supérieure en concurrençant les Jaguar XJ6, Mercedes 280 et autres BMW 2800. Ce moteur lui apportait davantage de performances (190 km/h) et de plus de souplesse  d'autant qu'elle avait conservé les qualités de la 4 cylindres à savoir son excellente tenue de route, son confort et sa sécurité. Contre une consommation plus élevée (12 à 15 litres aux 100)  et un tarif plus conséquent évidemment. En 1969, une Rover 3500 coûtait 28 000 francs contre 24 000 pour une TC. Moins qu'une Jaguar 4.2L l affichée à 41 000 francs mais davantage qu'une Citroën DS 21 Pallas à 21 000 francs.

Très jolie cinématique de l'ouverture du déflecteur arrière. Le faux bois fait vraiment faux bois !

Le bouchon du réservoir reçoit une serrure indépendante de ce dernier. Original !

En 1971, elle bénéficia de quelques améliorations ; calandre redessinée, baguettes supplémentaires, nouveau tableau de bord à cadrans. L'année suivante apparut une version S au moteur poussé à 152 ch uniquement  à boîte mécanique à 4 rapports comme celle d'Yves. La P6 fut produite jusqu'en 1976 où elle laissa la place à la célèbre SD qui reprit uniquement, du moins au départ, son moteur 3500 V8. Au total 325 317 P6 ont été fabriquée dans l'usine de Solihull dont prés de 80 000 V8.

La version S est apparue en 1972, plus puissante de quelques chevaux grâce à des tubulures d'échappements plus importante permises  par la boîte mécanique à 4 rapports

Apparu seulement en 1922, le fameux Drakkar Rover identifia tous les modèles jusqu'à la fin de la marque

"Elle est jolie votre Volvo !"

En France, la P6 3500 S est une voiture rare pour ne pas dire méconnue. Yves pense qu'il n'en roule qu'une grosse cinquantaine.

"Dans les rassemblements, j'ai droit souvent à ce commentaire "elle est jolie votre Volvo ! ". Je l'ai équipée d'une barre anti-roulis plus grosse qui améliore encore sa tenue de route qui est déjà bonne. J'avoue aimer bien exploiter toutes ses qualités et tire parfois à 5200 tr/mn pour jouir de ses excellentes accélérations et du son du V8. On n'imagine pas mais c'est une sportive. Bien sûr, dans ses conditions, la consommation grimpe à près de 20 litres. Mais quel plaisir ! J'adore "ma petite Lady" que je ne vendrai pour rien au monde".

Cette vue de profil permet de se rendre compte de l'excellente aérodynamique de  de la P6  dont les panneaux de carrosserie sont boulonnés. Le capot et la malle sont en aluminium

Yves qui fait partie du P6 Rover Club anglais, roule depuis bientôt 15 ans avec sa P6 qui le satisfait pleinement

Ne pas la vendre, ne signifie pas regarder ailleurs. En amoureux des anglaises à gros V8, Yves rêve d'une Jensen Interceptor 440 CI Chrysler de 7.2L. Mais il n'ignore pas que sa consommation démesurée fera qu'elle restera certainement un rêve.