Peugeot 104 : sérieux comme le plaisir

Entre fin 1972 et 1988, 1 225 000 berlines 104 ont été produites contre plus de 5, 7 millions de Renault 5 sensiblement sur la même période. Sur le papier, la 104 lui était pourtant supérieure avec un moteur bien plus moderne, une suspension plus sophistiquée, quatre portes contre deux et une fabrication plus sérieuse. Hélas, elle a été victime de l'austérité de la marque de Sochaux autant dans sa communication frileuse, ses coloris sans âme, sa silhouette moins novatrice signée pourtant Pininfarina et la rigueur de ses dirigeants. Ceci expliquant en partie cela.  Le balancier de la vie fait que la 205 qui lui a succédé, a remporté plus de succès que la Super 5 avec plus de 5,7 millions produites contre 3,4 pour la Renault. Certainement pour les mêmes raisons. En effet, la 104 permit à Peugeot de plus commettre les mêmes erreurs pour la 205 qui prit ce sigle plus ambitieux que 105 suggéré au départ.

La Peugeot 104 berline dessinée par Pininfarina a été fabriquée de fin 1972 à 1988.

En 1976, la 104 avait reçu des feux rouges débordant pour l'élargir visuellement et une lunette arrière agrandie

Franck dirige le garage Pyla Classic Cars spécialisé dans les voitures anciennes. " J'ai acheté récemment cette berline 104 sortie en juin 1980 qui était restée 30 ans sans rouler et qui ne comptait que 64 000 km. Excepté quelques légères tâches de rouille et petits pogs, elle n'était pas corrodée et mécaniquement dans un état exceptionnel.  Je voulais la laisser dans son jus d'origine mais nous avons été obligés de repeindre seulement le toit et les jantes. C'est tout. Nous l'avons toute révisée, freins, joints, durits, biellettes de direction. Le plus dur a été de trouver un réservoir car il était pourri !".

Il y a plus de 30 ans que je n'étais pas monté dans une 104. Et de renouer avec le sifflement aigu particulier du petit moteur X qui sonne bien : mécanique hypermoderne en 1972 toute en alu à arbre à cames en tête. Un moteur produit à Douvrin par la SFM cofinancé par Renault et Peugeot qui permet d'affirmer aux historiens de FB, que la Renault 14 avait un moteur Peugeot ce qui est faux. La 14 avait aussi son train avant. Une mécanique produite à des millions et millions d'exemplaires qui a aussi animé les Citroën et Talbot.

A cette époque, associés depuis 1966, Renault et Peugeot travaillaient de concert sur l'achat des composants, des études (moteur) avec un pacte de non agression commerciale entre les deux marques. D'où proposer la 104 sans hayon et la Renault 5 avec un hayon mais en trois portes seulement. Lorsque cet accord vola en éclats suite à la présentation avancée de la 604, Peugeot équipera en 1977 sa 104 d'un hayon et plus tard cinq portes pour la Renault 5.

Planche bord très sobre, pas de boîte à gants mais seulement une tablette. Matériaux robustes de bonne facture

Amoureux de la 104 et de Christel, Franck a décidé de l'offrir à sa compagne

Bonjour Tristesse

Après quelques ratés à cause du froid, starter repoussé, le petit 954 cm3 qui développe presque 45 ch est encore vif. Il est vrai que cette berline ne pèse que 795 kilos en version GL. Il entraînait à 135 km/h la 104 qui se vantait d'être la 4 portes la plus courte d'Europe avec 3,58 m (voir pub), un argument commercial à l'époque. C'était suffisant. Cette traction avant tenait bien la route portée par une suspension à quatre roues indépendantes, était confortable sans avoir la mollesse de suspension de sa concurrente, montrait une direction précise et pas trop dure et une honnête commande de boîte à 4 rapports malgré la fameuse triplette dans sa transmission. Bref, elle avait peu de vices. En revanche, son équipement était beaucoup trop succinct.  Pas de miroir de courtoisie, dossiers de sièges minces et surtout fixes, une unique vitesse d'essuie-glace sur les premières versions, peu de chromes. Une présentation quasi monacale choquante au vu de son tarif supérieur à celui la Renault bien plus pimpante.

Débarrassé de sa roue de secours, le petit 954 cm3 tout en alu couché à 72 degrés

Mal posée sur des pneus de 135 de large seulement, la 104 tenait pourtant bien la route

"C'est pour ma compagne"

Vraiment trop sérieuse pour séduire les conductrices qui lui préfèrent la Renault 5 proposée avec un toit découvrable, des glaces teintées et surtout un physique plus novateur moins rigide. Peugeot mis trop de temps à proposer la 104 avec des motorisations plus ambitieuses, 1124 et 1360 cm3, une calandre plus évocatrice avec les phares plus flatteurs du coupé pour la rendre plus aguicheuse. Mais tous ceux qui en ont possédé une, savent que c'était une voiture fiable, sûre et fidèle.

Franck qui a eu le coup de foudre pour cette petite Peugeot ne compte pas la vendre " Elle est encore très agréable à conduire avec une direction pas trop dure en ville, un bon freinage et un état exceptionnel vu son âge. C'est une voiture que je vais conserver, elle est destinée à ma compagne Christel. Je sais qu'elle va beaucoup lui plaire ! ".  Une voiture devenue rare puisque sur les 1 225 000 berlines produites, seulement 18 186 sont en circulation et d'après l'ADA Data, 2 337 rouleraient encore.

Le hayon rajouté en 1977 offrait un bon volume de chargement débarrassé de la roue de secours posée alors sur le moteur

Pas d'appui-tête, dossier fixes, tapis en caoutchouc, ce n'était pas le grand luxe

Cette 104 qui était immobilisée depuis 30 ans a été épargnée par la corrosion

Phares carrés sur les petites motorisations puis rectangulaires du coupé sur les 1124 et 1360 cm3

Pub de lancement sur l'argument de sa faible longueur plus facile à garer à une époque où les places de stationnement n'étaient pas encore délimitées