Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Après son « Les bonnes ID de mon père » Didier revient avec cette fois les Panhard de son père. J’avoue que j’adore ses histoires et je le remercie pour sa fidélité.
Ma petite enfance a été bercée dans des voitures d’une marque qui n’existe, hélas, plus : Panhard. En effet, mon père qui aimait le technologie avait préféré acheter en 1953, une Panhard Dyna X d’occasion pour pratiquement le prix d’une 4CV neuve dont le « tout à l’arrière » ne le séduisait pas. La Dyna était à traction avant, avait une carrosserie en alu et une boîte 4 vitesses.
Comme la Dyna Z, la PL17 avait un très grand coffre, il m’arrivait de jouer dedans avec tous mes nounours !
Je n’ai pas de souvenir de cette auto mais une anecdote liée à ma naissance et que l’on m’a raconté très souvent reste dans ma mémoire. Je ne sais si c’est l’émotion d’avoir un enfant mais mon père avait réussi à casser le volant de cette « petite » Panhard comme on l’a appelée ensuite par opposition aux deux suivantes qui étaient plus « grosses ». Je ne sais plus comment il est arrivé à cela. Car même à l’époque les volants devaient être assez solides. Mais le fait est là, il dut changer ce volant et surprit, parait-il, beaucoup les passants en dévissant le volant et en partant avec après avoir garé la voiture. On ne peut trouver meilleur anti-vol !
En 1959, toujours fidèle à la marque doyenne, mon père fit l’acquisition d’une Dyna Z neuve Grand Standing gris « Ascot ». Voiture atypique par ses dimensions de familiale avec ce petit bicylindre refroidi par air au bruit inimitable. Un jour que ma mère avait pris la voiture pour aller au marché, un incident remis une fois de plus en question ses ardeurs de conductrice qui étaient pourtant bien faibles. En revenant à la voiture elle constatât que la pédale d’accélérateur s’était désolidarisée de sa tige métallique. Il faut préciser que la pédale d’une Dyna Z était une longue palette fixée en bas sur le plancher et dont la partie haute était reliée à la-dite tige d’accélérateur.
Et là, la pédale était libre autour de la charnière du plancher. Devant cette « panne » qui la laissait autant perplexe il n’y eu d’autre solution que d’avertir mon père. Nous voilà partis à la Poste (en ces temps où le portable n’existait pas, même en rêve) pour téléphoner.
Ma mère dut alors expliquer ce qui arrivait avec de telles précisions techniques que mon père ne comprenait rien ! Heureusement, un voisin entra à ce moment dans le bureau de poste et ma mère vit en lui son sauveur. Il accepta bien sûr de l’aider et en arrivant commença à enlever sa veste et retrousser ses manches ce qui conforta ma mère dans l’idée qu’une panne grave lui était arrivée et que conduire une voiture demandait des compétences mécaniques hors de sa portée.
Notre sauveur disparu sous le tableau de bord dans un silence de mort et quelques secondes plus tard nous entendîmes un petit « ploc ». Il sortit alors de la voiture en disant : « c’est réparé » laissant ma mère mi crédule mi admirative. En fait la tige qui était normalement juste entrée de force dans le caoutchouc de la pédale en était sortie et il avait simplement suffi de la remettre en place.
On voit très bien ici la forme particulière de la pédale d’accélérateur d’une dyna Z.
La dernière Panhard familiale, une PL17 bleu saphir fut acheté en 1963. C’est sur la route des vacances que cette auto nous fit aussi le coup de la panne (ou presque).
Nous roulions dans ce midi tant espéré toute l’année avec le soleil juste au dessus de nous. La chaleur était forte (pas de clim bien sûr !) Heureusement la route changea de configuration et fut bordée d’arbres, ce qui permit de diminuer la chaleur ambiante. Mais c’est aussi à partir de ce moment qu’apparut un bruit, faible mais régulier, qui s’ajoutait à celui bien connu du moteur.
- C’est quoi ce bruit ? demanda ma mère commençant à faire régner un début de panique.
- Chut ! répondit mon père en essayant d’écouter d’où cela venait.
Au bout de quelques kilomètres il fallut s’arrêter. Mon père descendit de voiture laissant le moteur tourner. Mais à peine eut-il ouvert le capot que ma mère dont l’anxiété augmentait, n’y tenant plus, coupât le contact. Mon père sortit alors la tête du moteur en lançant :
- Et comment je vais savoir d’où çà vient si le moteur est coupé !
Et là grand silence ! Ou presque car le bruit continuait !!! Ce n’était donc pas le moteur mais autre chose… Mon père leva la tête car cela venait des arbres et comprit que c’était les cigales qui nous souhaitaient la bienvenue et nous avaient fait croire à un bruit mécanique. Cela nous confortât dans l’idée que nous étions bien en Provence. Ce fut aussi l’unique fois où ma mère, bien malgré elle, participa à la résolution d’un ennui mécanique.
Un an seulement après l’achat de la PL17, une promotion professionnelle permit à mon père de s’offrir la voiture qui, pour lui, se situait au sommet de la technique : l’ID 19. Mais ceci est une autre histoire…
Cette rubrique est aussi la vôtre !
Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion. On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps… Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA ! Merci.
L’avis des Petits Observateurs
Soyez le premier a commenter
Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire