Opel GT: le Blitz dans le cœur

Esthétiquement, elle avait un formidable pouvoir de séduction ; longue proue effilée, profil finement musclé, hanches galbées, poupe tronquée avec mini-becquet,  phares rétractables, bouchon de réservoir compétition, double sortie d’échappement évocatrice.

Son habitacle tendu de noir était aussi séduisant avec son petit volant bois tulipé, sa large console centrale saupoudrée de petits cadrans d’où émergeait un court levier de vitesses, ses sièges intégraux.

Le capot soulevé laissait apercevoir un gros 4 cylindres de 1,9 l donné pour 90 ch DIN recouvert d’un couvre-culbuteurs en alliage léger strié. La GT était également proposée ailleurs avec la mécanique de la Kadett Rallye 1100 de 60 ch qui ne connut pas un grand succès.

Une silhouette toujours racée et spectaculaire de mini-Corvette C3 (photos Sylvain Aufrère)

Les jantes larges Melber en alliage léger chaussées de pneus plus épais de 205 à l'arrière lui apportent davantage d'agressivité

Jean-Louis rêvait de rouler en Opel GT depuis près de 50 ans   

Treize à la douzaine

Jean-Yves est amoureux de la marque au Blitz puisqu'il compte 13 Opel dans sa collection dont cinq Monza, deux Commodore GSE, Manta  et deux Tigra, Kadett GTE 1800. Il lui manquait une Opel GT, l'une des plus emblématiques de la marque allemande.

" L'Opel GT me faisait rêver depuis longtemps car j'adorais sa ligne de Chevrolet Corvette en réduction. J'avais failli en acheter une à 3000 francs (!) en 1975 avant de partir à l'armée. Pour en trouver en 2022, je  suis passé par le Club Entraide Opel GT. Son président Bernard Rincheval m'a déniché une belle GT en bon état de 1969 affichant 103 000 km au compteur. D'origine bleue le Mans, elle avait été repeinte en rouge et se distinguait du modèle d'origine par son intérieur cuir,  ses jantes larges en alliage léger Melber italienne et son carburateur Weber. J'ai craqué et la GT est devenue la treizième Opel de ma collection d'anciennes qui compte une vingtaine de véhicules"

Le  châssis de la GT était emprunté à la Kadett Rallye 1900 dont on avait simplement reculé la mécanique de 40 cm vers l'habitacle afin d'améliorer la répartition des masses. Grâce à son excellente aérodynamique, elle atteignait  plus de 185 km/h, accélérait assez fort grâce à ses 940 kilos avec le 0 à 100 en 11 secondes et les 1000 mètres en 33 secondes. Des chiffres de véritable sportive fin 1968.   

Petit volant en faux bois tulipé, massive planche de bord verticale, importante console centrale, court levier de vitesses

Le 4 cylindres de 1,9 l de 90 ch est monté très reculé dans l'habitacle

Les phares escamotables pop-up adoptaient une rotation latérale originale limitant leurs tremblements sur mauvaises routes

Retour dans les années 60

" J'ai parcouru avec 15 à 20000 km. C'est un retour dans l'univers des années 60 mais c'est une voiture encore très agréable à conduire. La direction est précise et la boîte de vitesses impeccable. La position de conduite qui est celle d'une sportive est bonne. La tenue de route que j'ai pu tester sur le circuit Bugatti est excellente. Seule la suspension arrière est très dure. Mais c'est surtout son esthétique qui me plait car je suis aussi amoureux de la Corvette C3 "

Sa suspension résolument ferme surtout à l’arrière confiée à un essieu bien guidé, privilégiait largement la tenue de route au confort jugé un peu trop spartiate. Une direction à crémaillère précise, un freinage mixte puissant et une commande de boîte agréable parachevaient un tableau globalement positif.

Flatteuse double sortie d'échappement prolongeant un tube unique

Arrière tronqué, gros bouchon de réservoir type compétition mais hélas pas de couvercle de malle !

Un gros succès commercial

Vendue à un tarif très compétitif, la GT était une sacrée bonne affaire pour un coupé aux formes aussi suggestives. Il était dû à l’utilisation notamment du 1,9 l de la Rekord strictement de série à qui on reprocha sa sonorité presque banale car il ne lâchait pas la musique d'une Alfa Romeo. On regretta que par manque de place sous le capot, Opel n’ait pas glissé la mécanique plus musclée de la Rekord Sprint 1900 de 106 ch que le châssis aurait supportée.

La GT ne sera pas certainement la dernière Opel pour Jean Louis. "Mon problème est que j'achète et je ne vends jamais ! De toutes les Opel que je possède, c'est mon coupé Monza 3 litres préparé par Mantzel que je préfère avec la GT évidemment. Mon rêve serait une Diplomat B  avec le moteur V8 Chevrolet". Chiche !

Les trois quarts des 103 380 Opel GT produites furent vendues aux USA contre 3 093 en France. Paradoxalement, c’est son succès aux USA qui sonna sa disparition en 1974. Face aux nouvelles contraintes US d’anti-pollution et surtout de sécurité qui l’auraient esthétiquement défigurée, GM l'arrêta. Pour les nombreux clubs de la marque au Blitz tels l'OCCF et le Club Entraide Opel GT dont fait partie Jean-Louis, elle reste la plus belle Opel jamais produite.

La GT innova par ses portes autoclaves et ses sièges intégraux inédits en Europe à la fin des sixties

La poignée d'ouverture des phares commandés par un câble est située sur la console centrale

Le prototype Expérimental dévoilé à Francfort en 1965 adoptait déjà la silhouette générale que reprit  la future GT