Se glissant entre la XK 120 et 150, la XK 140 a été produite à seulement 8884 exemplaires entre 1954 et 1957 dont 3347 en version roadster comme celle de Nicolas.
Jaguar XK 140 : sculpture mobile
Écrit par
Patrice Vergès (Romancier, journaliste, essayeur, auteur & chroniqueur , Petites Observations Automobiles)
Offre Partenaire LLD LOCALEASE
Offre canon en ce moment pour les professionnels sur le Mercedes GLC 300E PHEV Business à 699 euros par mois en leasing sans apport. Et toujours un mois de loyer offert grâce à POA !
Offre Partenaire WASH
Exclu communauté POA : un lavage programme 5 (valeur 17 euros) offert pour un premier achat de 35 euros avec le code POA35 !
- Type de véhicule
- Cabriolet
- Marque
- Jaguar
- Année
- 1954
- Modèle
- XK140
- dossier
- Les Essais de Patrice
- Tags
- Les Anciennes, Royaume-Uni
Partager
Mercredi 7 juin 2023
Écrit par
Patrice Vergès Petites Observations Automobiles - Romancier, journaliste, essayeur, auteur & chroniqueur
Membre du Gouvernement POA.
Après avoir entrouvert l'étroite porte, pas si facile de se glisser dans l'étroit cockpit de la XK140 en contorsionnant ses jambes avant de se retrouver le torse coincé avec les bras collés au corps par son immense volant qui prend toute la place. C'était bien pire avec la XK 120 à l'habitacle encore plus étriqué. Du cockpit où le coude se love dans l'arrondi de la minuscule porte, la vision de la route à travers l'élégant pare-brise séparé en deux parties prend une physionomie différente. Elle est occultée par cet interminable capot cerné par ses deux ailes renflées se soulevant à chaque accélération.
On peut parler de véritable sculpture sur roues signée par William Lyons lui même inspirée peut-être par la Bugatti Atalante
La 140 se reconnaissait surtout à ses pare-chocs plus massifs empruntés à la berline
Plus habitable
Née fin 1948, la XK 120 a révolutionné l'histoire de l'automobile sportive de la deuxième moitié du 20eme siècle en proposant contre un tarif jugé raisonnable alors (999 livres HT) une voiture capable de rouler à 120 miles d'où son nom. C'est à dire plus de 180 km/h grâce aux 160 ch SAE de son 6 cylindres en ligne de 3,4 l de cylindrée. Moteur qui lui permit de s'imposer aux 24 heures du Mans en 1951 et 1953 sur la C qui en était dérivée. La 120 qui démoda toutes les sportives de son temps fit un tabac aux USA qui absorberont une grande partie des 10 000 produites. Elle devint la monture préférée des pilotes professionnels et amateurs en s'adjugeant de nombreuses compétitions en particulier plusieurs fois la Coupe des Alpes et le célèbre Liège Rome Liège.
Le fameux 6 cylindres en ligne XK de 3442 cm3 alimenté par deux carburateurs SU livrant 190 ou 210 ch avec la culasse mitonnée par Harry Weslake
Planche de bord gainée de cuir ; remarquez l'inversion du compte-tours et le tachymètre gradué jusqu'à 140 miles
Fin 1954, la version XK 140 gomma une bonne partie des défauts de la 120. Esthétiquement, elle se reconnaissait à ses pare-chocs plus massifs et sa calandre aux sept barres plus épaisses et feux rouges agrandis. Son moteur avancé de 7,5 cm lié à une direction repositionnée désormais à crémaillère, permettait à un solide Américain de se sentir plus à l'aise à son volant. Le coupé dérivé du roadster fut plus largement revu toujours pour améliorer son habitabilité à bord. Mécaniquement, le 6 cylindres en ligne HK toujours en 3,4 l gagna 30 chevaux (190 SAE) en lui permettant de filer à 140 miles soit près de 200 km/h et plus de 210 avec l'option 210 ch (Type C) proposée plus tard. Fin 1957, suivit la 150 plus habitable déjà traitée plusieurs fois sur POA. Vous imaginez que ce représentait 200 km/h en 1954 où une 4 CV Renault qui était la voiture française la plus vendue, pointait à moins de 100 km/h.
L'habitacle tendu de cuir n'est pas très généreux en largeur ni en longueur
La fameuse boîte Moss aussi bruyante que ferme n'avait pas la première synchronisée
Quasi neuve
La XK140 dans laquelle je me pavane semble juste sortir de l'usine de Coventry. Elle appartient à Nicolas qui dirige une officine (Boche Automobiles à Aigueperse) spécialisée dans la vente et la restauration d'anciennes.
"C'est un modèle roadster 1954 à conduite à droite (3283 exemplaires) d'importation. Cette 140 a été entièrement restaurée dans notre garage autant au niveau mécanique, que châssis, suspensions, freins que carrosserie repeinte en blanc Old English White qu'intérieur au niveau des cuirs tous changés. En revanche, le volant est d'origine. Elle a exigé plusieurs centaines d'heures de travail"
En 1954, Jaguar annonçait avoir remporté deux fois le Mans. Il faudra ajouter trois autres victoires
Tous les cuirs sont neufs. L'ouverture de la porte se fait par la courroie
Le long moteur HK double-arbre qui a pris vie en appuyant sur un petit bouton poussoir de la planche de bord tendue de cuir, délivre une sonorité sourde et épaisse. Elle ravit les oreilles des fans de XK qui l'apprécient autant que la plainte lancinante de la boîte Moss. Sa grille trop ferme et serrée exige du doigté pour l'éviter de grogner lors d'un changement de rapport. Dès 2500 t/mn, l'accélération se fait franche tandis que le son des six pistons devient plus lourd. En 1954, une XK 140 avalait le zéro à 100 en 9 secondes et les 1000 mètres en 30 secondes. Largement des performances actuelles dans une sonorité magique.
La 140 avait reçu des feux rouges plus massifs
Nicolas est le propriétaire de cette XK 140 qu'il désire vendre
XK 120, 140 ou 150 ?
En revanche, la tenue de route montre ses 70 ans au niveau de ses suspensions surtout à l'arrière dont l'essieu guidé par des lames rappelle qu'il est sacrément rigide. Même perception pour son freinage confié encore à d'imposants tambours hélas peu efficients. En adoptant des disques, la 150 corrigera cette faiblesse de même que nombreux de possesseurs de 140 en l'en équipant. La lourdeur du train avant dû au repositionnement du moteur avait permis de calmer le coté trop survireur des 120. Mais on n'achète pas une 140 pour faire de la vitesse mais se repaitre de sa sensuelle félinité esthétique, de sa sonorité, de son image et de toute la symbolique qu'elle exhale.
POA a traité plusieurs fois la XK 150 à la ligne rajeunie et au pare-brise élargie
Parlons argent. En 1954, la Jaguar XK 140 était la voiture de série la plus rapide du monde excepté les Ferrari produites au compte-gouttes. Son prix de 2 350 000 francs grevé par les 30 % des taxes d'importation, n'était pas excessif comparé à celui d'une américaine de l'époque. C'était quand même quatre fois celui d'une 203 Peugeot. En se rappelant que le Smig net mensuel était de 18 000 anciens francs par mois tout de même ! C'était la voiture d'une minorité.
Certains préfèrent la HK 120 pour sa pureté, d'autres la 150 pour son accessibilité mais tous admettent que la 140 est excellent compromis. Elle avait préservé la silhouette de la première avec une grande partie des améliorations de la troisième. Quelle magnifique sculpture mobile !
Article suivant
Essai DS4 E-Tense : mieux qu'une allemande ?
Articles similaires
L’avis des Petits Observateurs
2 commentaires au sujet de « Jaguar XK 140 : sculpture mobile »
Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire
C'est drôle, je me suis trouvé en présence d'une 140 l'autre jour dans un atelier mécanique de ma région. Je n'ai bien sûr pas pu me permettre de m'installer à bord mais ce que mes yeux voyaient, ils me donnaient une impression d'avant guerre. Si j'ai rêvé de cette auto il y a déjà fort longtemps, ce serait peut être aujourd'hui plus pour exposer sa ligne sublime dans mon salon que pour me casser le dos sur des sièges peu ergonomiques et me battre avec une lourde direction et une boîte impossible.
Mercredi 7 juin 2023 à 10h04
En réponse à Chapman L
Rectification, le modèle que j'ai vu était équipé de sièges seau en alu, au dossier bien raide et faiblement molletonné. Celui présenté semble plus cossu.
Mercredi 7 juin 2023 à 10h09