Ford Granada coupé : retour à la vie !

Mi 1972, cette Ford produite en Europe autant en Allemagne qu'en Angleterre succédait aux 20M P7 et Zephyr. Elle était proposée en plusieurs cylindrées s'étageant de 1,7 l à 2,6 l autant en 4  qu'en 6 cylindres, qu'en berline qu'en break en quatre ou deux portes et coupé au pavillon plus profilé. Elle innovait surtout par un châssis inédit à 4 roues indépendantes lui apportant une tenue de route et un confort largement supérieurs à ceux des modèles qu'elle remplaçait.

Longue de 4,57 m, large de 1,80 m, haute de 1,35 m, la Ford Granada est une voiture imposante

En 1974, les flancs du coupé furent redessinés dans un dessin rectiligne. Les pare-chocs à moustaches s'inspiraient des précédentes Taunus 20 M

MK1 fabriquée de 1972 à 1977

Le coupé 2 litres 1975 se différencie des premières versions par quelques détails. Depuis un an, il avait perdu ses ailes arrière boursoufflés style bouteille de Coca Cola au profit d'un profil rectiligne exigeant un nouveau dessin de custode. Sa silhouette gagnait en pureté mais personnellement je préférais la première mouture plus enveloppée. Lors de son lancement, c'est uniquement la version 6 cylindres qui s'appelait Granada contre Consul en motorisation 4 cylindres. Dès 1975, Granada deviendra le nom générique de la vaste gamme que conserva la MK2 aux lignes plus tendues qui lui succéda en 1977 avant d'être remplacé par la  Scorpio en 1985.

Par rapport à la GLX qui faisait appel à du faux bois sur les branches du volant et contre-portes et planche de bord, la L manque un peu fioritures

La sellerie est neuve. Les sièges confortables offrent 4 vraies places

Abandonnée depuis 20 ans

Ce coupé Granada revient de l'enfer "Il avait été abandonné dans un champ il y a 20 ans. Son pavillon était percé et des lambeaux de vinyle flottaient au vent et sa carrosserie était en partie rouillée. Son moteur était mort et son intérieur n'était pas mieux avec des sièges défoncés. "C'était une épave" avoue Didier.

Le fameux bloc Pinto 4 cylindres à arbre à cames en tête par courroie crantée. Sa puissance a été portée à 114 ch contre 99 de série

A partir de 1975, la Consul 2 litres 4 cylindres proposée uniquement en finition L s'est appelée Granada comme les 6 cylindres

Qu'est ce qui a put l'inciter à lui redonner la vie car la Granada est loin d'avoir une valeur extraordinaire auprès des collectionneurs ?

"Enfant, j'avais été frappé par la beauté de cette voiture. Dans un café près de chez mes parents, le barman roulait au volant d'un coupé Granada bleu au pavillon recouvert de vinyle. Revoir cette épave de Granada m'a rappelé ce souvenir et j'ai décidé de l'acquérir en 2017 malgré son état. Tout était à refaire !"

Malle arrière géante accueillant une montagne de bagages

Boîte à 4 rapports seulement mais à la courte commande douce et précise

Moteur Pinto préparé

La Granada existait en plusieurs finitions notamment en GLX 6 cylindres reconnaissable à ses chromes supplémentaires, ses glaces teintées, ses sièges plus cossus, ses nombreuses touches de faux bois et son tableau de bord plus complet. La 4 cylindres de Didier uniquement proposée en L, à son grand regret, offre une finition plus spartiate. Cette imposante berline de 4,57 m à la silhouette rondouillarde concurrente des Opel Rekord était animée en 2 litres par un nouveau moteur 4 cylindres à arbre à cames en têtes d'origine US car il propulsait la Ford Pinto qui lui a donné son nom. Ce 2 litres tout en fonte livrait la bonne puissance de 99 ch DIN, honorable alors pour la cylindrée l'entraînant à 163 km/h. Lors de la réfection complète de la mécanique, Didier l'a fait équiper d'un arbre à cames haute-performance qui lui permet de livrer 114 ch au passage au banc. La voiture a été revue de A à Z "C'est mon épouse qui m'a offert sa restauration pour mes 50 ans" avoue son propriétaire qui sait que le coût de celle-ci dépasse la valeur de revente de sa voiture expertisée à 17 000 euros !

La Granada GLX lors de sa sortie en 1972. Le coupé avait encore les ailes arrières style bouteille de Coca Cola

Sa Ford tire vaillamment sa petite caravane Digue délicieusement surannée

Peinture, intérieur, moquette, freins, suspension

Tout a été refait soit par des professionnels soit par ses soins : suspensions, freins, peinture couleur Orange Phoenix, skaï du pavillon, sièges, etc. Pas si facile puisque certaines pièces sont pratiquement introuvables. Chaussée de jolies jantes de 14 plus esthétiques que les originelles, son coupé affiche une belle allure. Ford et Opel étaient les seuls constructeurs à proposer des coupés 4 places extrapolés de leur berline 2 portes. Sa Granada 2 litres coûtait 20 000 francs fin 1974 sensiblement la même somme qu'une Citroën D Spécial ou d'une Renault 16 TS ou d'une berline 504 GL. Pour un coupé, la Granada était proposé à un prix compétitif !

Didier compte une cinquantaine de voitures de collection sur lesquelles nous reviendrons

Fidèle à nos habitudes, nous avons parcouru autour de 20 km avec. Une heureuse surprise. La voiture avoue son âge au niveau de la boîte de vitesses qui ne compte que 4 rapports et par son manque de direction assistée de série sur la version V6. Mais elle m'a étonné par sa tenue de route encore très efficace, sa direction précise qui s'allège en roulant, par son relatif silence à bord, son freinage confié à des disques à l'avant et par ses bonnes performances et l'efficacité de sa suspension. Une voiture avec laquelle je n'aurais pas la crainte de prendre la route pour un long voyage au vu de son état et de ses qualités dynamiques.  C'est ce que fait son heureux propriétaire qui l'utilise pour de longs trajets en tractant en plus, une adorable petite caravane Digue 300 des seventies que ses 114 ch tirent avec vaillance.

Didier est un grand collectionneur puisqu'il compte une cinquantaine de véhicules s'étageant de modèles des années 30 jusqu'à une Pontiac Transam 1978 à moteur poussé à 7,4 l. Mais dans son top 50 affectif, sa Granada occupe le peloton de tête.