Souvenirs d’Autos (471) Escapade d'hiver en 2 cv

Mon compère des années 1970 venait d'hériter de la vieille 2CV de son grand père, un modèle AZ de 1961 avec son compteur rond en bas à gauche du pare-brise et ses sièges en toile tendue grâce à des anneaux de caoutchouc. Avec elle, le week-end nous perfectionnions notre conduite sur les petites routes d'Eure-et-Loir du côté d'Épernon et en février, mon pote organisa nos premiers sports d'hiver à Saint-Sorlin d'Arves où il allait enfant en famille et où il nous avait trouvé un appartement à louer pas cher chez une "Madame Veuve Sambuis" (c'est ainsi qu'elle signait son courrier).

Nous étions 3 joyeux drilles typés "Beaux-Arts" dans la Deuche plus 3 autres dans une 4L genre "Les Charlots en vadrouille" et nous avions fait la route ensemble depuis Paris pour arriver en début de soirée à Saint-Jean de Maurienne afin d'avoir le temps de faire quelques courses, de se poser pour avaler un café et de faire le plein. A la station, après avoir observé notre équipage le sourire en coin, le pompiste nous apprend qu'on n'arrivera jamais à monter sans chaînes (ni gants, ni pantalon de ski ni chaussures adéquates, etc… À cette époque on skiait en jean!) car plus haut il était tombé plus de 20cm de neige l'après-midi et le chasse-neige ne passerait pas avant le lendemain matin.

Taratata, mon pote nous entraîne en se vantant de bien connaître la route: on sera seuls et ce sera du gâteau. En bons jeunes parigots à la découverte de la montagne, confiants et inconscients, on écoute le chef et on l'encourage en chantant, après tout c'est lui qui conduit.

Pour ceux qui connaissent la route du col de la Croix de Fer (de cette époque), au départ de Saint-Jean, ça monte très vite et les premiers lacets mènent rapidement à une première épingle à cheveux où le paysage est grandiose.

Nous avancions sur une route blanche sans traces, dans un sous-bois de sapins magnifiques avec le précipice sur la gauche et vu l'étroitesse de cette route on s'était calmés et on serrait les fesses malgré le bruit rassurant du moteur. D'autant plus que des congères de chaque côté nous empêchaient d'en voir les bords, mais sous l'éclairage jaune des phares, c'était magnifique, la nuit était claire, c'était blanc partout, les branches ployaient sous le poids de la neige, nous étions en pleine carte postale de Noël…

Notre chauffeur assurait au volant jusqu'à la deuxième épingle qui fut un peu plus difficile à passer, la neige semblait de plus en plus épaisse, on avançait au pas, un virage, deux virages, et là au milieu d'une petite portion droite, une Renault 8 tanquée dans le côté nous barrait la route.

Le couple en galère avait eu la même idée que nous, mais avec moins de chance, alors on se retrouve à 8 à palabrer en pleine nuit, à la lumière des phares pour trouver la bonne tactique, on dégage la poudreuse, on met des branches sous les roues, on recule pour prendre de l'élan, on pousse etc… rien n'y fait, la Renault fini toujours le nez dans le côté et le temps passe…

Finalement le gars abandonne la partie et nous remercie, en nous aidant à passer devant lui, il est du coin, connaît bien la route et nous dit que si on arrive a passer les deux virages suivants avant le tunnel ce sera gagné, alors on y va, re-boostés, la route est à nous!

Nous avons dû arriver à destination à minuit passé, sauf qu'on avait pas d'adresse précise, la propriétaire nous avait écrit: "arrivez derrière l'Église et appelez-moi". Alors nous voilà tous en chœur à appeler: "Mme Veuve Sambuis ! Mme veuve Sambuis !" Jusqu'à ce qu'une lumière s'allume dans la nuit et qu'apparaisse sur le pas de sa porte notre hôtesse, surprise qui ne nous attendait plus…

Épilogue

À la montagne, l'hiver, plus que partout ailleurs les nouvelles vont vite. Le lendemain midi en allant chez le loueur de skis, tout le village était déjà au courant de nos exploits : il n'y avait que des Parisiens pour oser monter dans ces conditions! En même temps nous étions salués par tous car nous étions les premiers à y arriver, du coup on s'est fait offrir des verres toute la semaine pour raconter notre périple, et vive la 2CV!

Quand à la Renault, le pompiste de St Jean, prévoyant, avait envoyé une dépanneuse à notre suite qui a pu la remorquer jusqu'à leur destination où ils arrivèrent une heure après nous!

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On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps…

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