Continuons à prendre le volant des voitures les plus moches avec l’Austin Allegro qui innovait surtout par son volant plus carré que rond. Décidemment rien de tournait rond chez Austin dans les années 70. Patrice Vergès
La qualité de construction médiocre des Austin et l’incompétence encyclopédique de ses divers dirigeants amenèrent la British Leyland dans le trou. En mai 1973, l’Allegro (ADO 67) remplaçait la Morris 1100 née en 1962. L’Allegro n’était pas la plus mauvaise des Austin des années 70 mais elle était loin d’avoir la silhouette racée du précédent modèle signé Pininfarina. Etait ce dû à sa bouille trop ronde, ses petits phares trop serrés l’un contre l’autre lui donnant un regard à la Dalida ou à ses trop petites roues flottant dans des passages de roues bien trop grands pour elle, ses flancs trop hauts, ses ailes trop joufflues ? A tout cela certainement
L'âge de fonte
Sous sa carrosserie rondouillarde, ce n’était pas la joie non plus. Si elle adoptait l’intéressante suspension Hydragas à sphères, sous le capot il n’y avait rien de neuf. Disons plutôt, qu’il n’y avait surtout du vieux. Un groupe tout noir au dessin démodé flottant dans un espace trop grand pour lui. Ce vide donnait l’impression à l’acheteur que le moteur était livré en option. En effet, notre héroïne reprenait le bon vieux BMC série A en 1275 cm3 de la Mini 1300, un bloc né en 1948. Il délivrait fort bruyamment la puissance médiocre de 57 ch lui offrant des performances vraiment modestes (140 km/h) qu’elle compensait par un confort honnête et une bonne tenue de route.
Comme toutes les Anglaises de son temps, la présentation manquait de classe faisant appel à des plastiques bon marchés et brillants et à la recherche systématique du moindre prix de revient. La planche de bord n’offrait même pas de couvercle de boîte à gants et l’instrumentation était réduite au minimum donnant la désagréable impression au conducteur face aux deux petits cadrans de la planche de bord que celui de droite ne servait à rien.
Volant carré
Mais, ce n’était rien face au grand volant baptisé « Quartic » signifiant qu’il était presque carré ! Sur le papier, le volant carré n’était pas idiot car il améliorait non seulement la visibilité de l’instrumentation tout en dégageant de la place pour les genoux. C’était une fausse bonne idée car son usage était fastidieux en manœuvre ne « filant » pas entre les doigts qui devaient s’ouvrir comme des pétales lorsque la direction revenait à son point milieux.
Austin s’en rendit vite compte et revint fin 1975 à un volant bêtement rond pour son Allegro 2. La phase 3 adopta en 1978 un visage plus épanoui en accueillant quatre gros phares ronds qui améliorèrent l’éclairage calamiteux des minuscules projecteurs de Mobylette bleue. Voyager de nuit en Allegro vous faisait prendre des destinations qui n’étaient parfois pas choisies. On croyait partir à Lille et on se retrouvait Marseille !
Finition déplorable
Ce n’était pas parce qu’on voulait aller à Marseille qu’on y allait d’ailleurs. Car comme toutes les voitures de la BLMC de l’époque, elle souffrait d’une fiabilité calamiteuse. On peut même parler de sabotages. Bielles coulées, suspension mal serrée, boîte de vitesses bruyante, peinture peau d’orange et autres pannes ont dégoûté de nombreux possesseurs de cette 1300 séduits par son prix compétitif. L’Allegro vivota quand même prés de 10 ans, produite à 642 000 exemplaires, un chiffre médiocre pour une voiture censée concurrencer la Golf. C’est dommage car avec un peu de compétence de la part de ses dirigeants liée à une meilleure connaissance du produit, elle aurait permis la construction automobile britannique de ne pas filer à l’anglaise. Si les Anglais ont gagné bien des batailles, en revanche, ils ont bien perdu celle de l’automobile!
Les lignes de l’Austin Allegro étaient signées Harris Man à qui l’on doit aussi la calamiteuse Triumph TR8
Une fausse bonne idée le volant « Quartic » qui donnait une meilleure visibilité à l’instrumentation de cette version de luxe mais provoquait des gestes manœuvriers peu intuitifs
Encore plus moche, la version Wolseley dont la calandre semblait empruntée à une voiture bien plus grande.
Le break était encore plus loupé que la berline
L’avis des Petits Observateurs
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