Souvenirs d’Autos : la Cibi, coyote des années 1990

Il fut un temps ou éviter les “dangers de la route” dépendait de la seule responsabilité du conducteur, nous devions être malins, anticiper, deviner pour échapper au personnage bleu nous surprenant au bord de la chaussée, avec souvent comme seule indication solidaire, le fameux appel de phares !

Et puis……la technologie est venue à notre secours avec ce sympathique canidé jouant au chat et à la souris avec Bip-Bip, suivit des applications et maintenant sans rien faire, notre écran central nous informe de tout un tas de choses !

Mais, revenons au tout début de l'année 1991, je m'installe à Niort pour un nouveau job de commercial, un fabricant de stores du côté de Marseille, je reviens de là-bas avec un contrat de travail, une Clio neuve rouge chargée des "collections", reste plus qu'à bouffer du kilomètre et dépoter du chiffre d'affaire avec comme terrain de jeu les départements, 85, 79, 86, 16 et 17. Je sais plus trop comment, mais un malin avait dû me glisser que la "CB" était un bon truc pour éviter les radars.

La CB… outil de prédilection des routiers que des usurpateurs comme moi utilisent pour pouvoir mettre les gaz en limitant les risques de voir leur permis confisqué.

C'est ainsi que je pousse la porte du premier magasin d'autoradio que je trouve pour en ressortir avec une radio, la licence (obligatoire à l’époque je crois) et une magnifique antenne aimantée longue comme un jour sans pain. Je pousse même mon désir de faire croire que je fais partie de la grande famille des “cibistes”, en apposant l’autocollant noir et vert “N°1 CB PRESIDENT” sur la lunette arrière !

Me voilà sillonnant les routes, rapidement repéré par les habitués à cause de mon antenne et mon immatriculation “13”, je vais être baptisé malgré moi, Le Marseillais, ne coupant pas aux “allez l’OM”, alors que le foot et moi, ça fait deux !

Dans un premier temps, je vais écouter, me familiariser avec le langage, comprendre les termes…

Un 73 voulant dire “amitié”, le 88 pour la bise, le “papa 22” et la “boîte à images” m'intéressant particulièrement, le “gastro” quand l’estomac commence à crier famine, etc.

Tout ça se passe sur le canal 19, c’est le minimum syndical en temps de communication et c’est voulu pour laisser de la place aux autres, quand on veut en dire plus ou être tranquille, on bascule sur un autre canal.

Autant dire qu’on est dans une écoute pas très passionnante au contenu monotone.

Un matin gris où je m’approche des Sables-d’Olonne, ma CB crachouille…….

….attention le 13, c’est propre vers La Roche?

Oups……c’est moi le 13, on m’interpelle! c’est la première fois que je vais répondre!

Pour traduire……”attention” ne veut pas dire de faire attention, mais “je demande ton attention”, “c’est propre?” est la question pour savoir si un radar ne traine pas par là, “La Roche” pour la ville de La Roche-sur-Yon d’où je viens.

J’attrape le micro un peu fébrile, pas question de passer pour un débutant, alors je fais court et concis……”pas de problèmes la station, c’est tout propre’, je suis remercié par un “Roger le 13 et vive l’OM” auquel je coupe pas bien sur !

Je sais pas qui m’a croisé, un “mille pattes” (camion) ou une auto… mais je viens de passer mon baptême de cibiste, ce qui va m'aguerrir pour la suite et je vais me lâcher avec des “attention les stations….”, des “y a pas de problèmes….” une phrase un peu fourre-tout quand on sait pas trop quoi dire! et bien d’autres expressions que je vais glisser avec un petit côté désabusé faisant de moi un vieux briscard des ondes!

Je vais également ressentir cette impunité lors des retours tardifs après avoir dîné avec un client…….”C’est propre le grand ruban sur Niort…..?” et le retour se faisait pied au plancher, une heure de route en pensant que le Saint Christophe des MHz veillait sur moi et sur mon permis!

Au début de l’été 92, j’ai rendu les clés de mon appartement, ramené la Clio à Saint- Chamas, chargé ma voiture personnelle sans oublier d'y installer rapidement la cb...et direction Toulouse où je vais m'y installer. Je vais allumer de moins en moins la "PRESIDENT", elle rejoindra des autoradios démodés dans un carton, carton qui un jour se perdra lors d'un déménagement.

De cette période, je garde une expression que le commercial des Bouches-du-Rhône utilisait plus que de raison quand une chose était moyenne…”c’est pas la gloire!”, un type d’un certain âge, fumeur invétéré avec un fort accent local qui donnait à cette phrase une dimension particulière!

La cb et son milieu me marqueront moins, je l’ai juste trouvé “utile” à une période où le permis à points fait son apparition, je fais partie de ces “pollueurs” des ondes, donc “toutes mes confuses” aux véritables cibistes!

Un “73” les stations……..

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On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps…

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