Souvenirs d'Autos

Souvenirs d’Autos : En route pour Saint-Trop’

Écrit par

Thibaut Chatel (Commandant Chatel, Petites Observations Automobiles)

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. L’excellent Gérard Rossini nous livre un fabuleux souvenir des années 1960 quand on trouvait « normal » de faire 1600 kilomètres dans le week-end !

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Vendredi 8 mars 2024


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Photo Thibaut

Thibaut Chatel Petites Observations Automobiles - Commandant Chatel

Alias "Commandant Chatel"  de POA.

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1965,66 ou 67…

Le Plessis-Robinson, riante cité-jardins du Sud Parisien.

C’est là que nous habitons, ma famille et donc moi. Une des dernières grosses quincailleries de banlieue y a jusque-là subsisté. La Qiuncaillerie JAZ.

Ce n’est pas un acronyme, c’est le patronyme familial. Elle marche fort, et pour cause : la commune est en pleine transformation en cité-dortoir  tout le monde bricole. Une clé de 32 ? Pas de problème ! Une boîte de clous W ? Pas de problème ! Une nappe en toile cirée ? Pas de problème ! Une tourniquette à vinaigrette ? Pas de problème !...

L’histoire ne dit pas si c’est seulement avec le chiffre de la quincaillerie dont il hérite à la mort de son Père que Jean-Louis, fils unique peut réaliser son rêve et celui de milliers de jeunes : s’acheter  - ou plutöt se payer -  une 24 CT .

La Panhard !

Un look totalement futuriste  et des performances  routières ahurissantes.

Qu’on en juge :

Chaque samedi soir,  Jean-Louis disparait vers 18 heures dans l’arrière boutique : douche, rasage, jean propre… check de tout…

À 18 h 25 il tire le rideau de fer à mi-hauteur : on sort courbé mais on ne peut plus entrer ; les contrevenants sont bannis de l’établissement sans autre justification. À 18H30, le rideau est baissé et à 31 ou 32, Jean- Louis tourne la clé de la « 24 » , rangée depuis le midi le plus près possible de la quincaillerie : il y a toujours de la place rue du Hameau.

À partir de cet instant, c’est une performance rééditée chaque fin de semaine :  Saint –Tropez n’est jamais qu’à 800 kilomètres !

Huit, neuf ou dix heures plus tard, Jean-Louis danse au Byblos !

Le lendemain lundi, il faudra bien rentrer pour soulever le rideau de la quincaillerie le mardi à 8 heures tapantes !  La durée du trajet sera notamment fonction de la forme et du nombre de cafés destinés « à tenir »… Le dernier, toutefois est fonction de l’heure de départ des derniers clients  à l’Auberge des 200 bornes, jalon incontournable sur la route du soleil ou son retour… Et elle, ses jours de relâche sont le mardi et le mercredi.

Il n’y a qu’une exception sur les 52 week-ends de l’année : celui du repas d’anniversaire de sa Maman, le dimanche le plus proche du 12 mars… Ce week-end là, Saint-Tropez est un peu orphelin de Jean-Louis : la 24 Ct n’est pas garée à 11 heures le dimanche devant chez Sénéquier  et le tout Saint-Tropez s’en émeut : n’a-t-il pas préjugé de ses forces ? Non, pour une fois, il prend en photo sa Maman soufflant ses bougies sur le gâteau. Il avait bien prévenu le Week-end précédent, mais il connait tant de monde ! Jusques et y compris le ban et l’arrière-ban du showbiz qui a envahi Saint-Tropez  mais ne peut s’y trouver aussi souvent que lui…

Durant six ans, Jean-Louis et sa Panhard (ses Panhard, il en changera 2 fois, toujours pour une 24) seront assidus.

On l’aura deviné, si Jean–Louis est fidèle à sa Panhard, il l’est moins à ses nombreuses copines, dont certaines font la une de Salut les Copains…

À ma question posée en 1976 de savoir si il avait eu accidents, incidents ou pépins mécaniques, il m’avait répondu  «  accident, jamais, bien que souvent frôlé, pépins mécaniques jamais, incidents, oui bien sûr : enneigé en février 67, en mai 68, l’essence a manqué et c’était sportif mais j’avais  mes étapes chez des copains solidaires… » .

Sacré Jean-Louis ! On aurait pu lui décerner le mérite Panhard, car c’était la seule assidue de Saint-Tropez le reste des stars, starlettes et groupies préférait s’afficher en anglaises, tellement plus « branchées » : Jag, TR3 et autres emblèmes de  la Nouvelle Vague..

Une p’tite MG et 3 compères,

Assis dans leur bagnole sous un réverbère…

 

Cette rubrique est aussi la vôtre !

Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion.

On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps…

Et si possible, joignez à votre histoire des photos….

On adore ça chez POA !

Merci.

Illustration - St Tropez
St Tropez

L’avis des Petits Observateurs

6 commentaires au sujet de « Souvenirs d’Autos : En route pour Saint-Trop’ »

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En 1964, j'étais abonné au magazine "Pilote" qui nous informait des nouveautés dans ces pages centrales. Nous avions eu droit au Pont de Tancarville, au sous-marin "Le Redoutable, à la Renault 8, au Mirage III, et enfin à la 24CT qui ne ressemblait à aucune autre, j'avais 13 ans et j'étais prêt a affronter ce monde moderne, me voyant bien au volant de cette superbe bagnole si évoluée, si belle....
Au moins Jean Louis l'a fait!
Merci Gérard

Vendredi 8 mars 2024 à 14h16

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Pas grand fan de St Trop et des boîtes de nuit mais forcément admiratif du conducteur et de la voiture ! Et puis content de retrouver cette rubrique. Merci Commandant.

Vendredi 8 mars 2024 à 16h47

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La 24 est un must. Quels regrets de ne pas avoir eu les finances pour faire évoluer cette magnifique auto tout au long des années soixante dix et même quatre-vingt. Cette ligne avait une avance et un chic fou. Elle aurait pu être décliner en berline.
La tenue de route et les performances de ces Panhard étaient sans communes mesures avec les autres autos de l'époque. On pouvait regretter le manque de puissance mais il faut reconnaître que ce que ce valeureux bicylindre envoyait laissait imaginer un développement prometteur au passage en quatre cylindres.
Pour finir sur ces incessants allers retours à Saint Tropez..... Folle et heureuse jeunesse 😏

Vendredi 8 mars 2024 à 17h04

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Retour des SDA et des voyages dans le passé le temps d'une
lecture, un effet toujours aussi magique.......les routes d'autrefois,
les voitures de l'époque et le brin de folie qui j'ai connu aussi plus
jeune sur des Paris-Toulouse le we.
J'imagine la motivation de Jean Louis derrière le volant de sa 24,
impatient de franchir la porte du Byblos, mais aussi la lutte contre
la fatigue au retour!
Je me suis aussi posé les questions sur "les risques" de ces voyages,
et finalement, pas grand chose pour moi non plus et pourtant, c'était
parfois limite au niveau conduite et état du "pilote"! 😉
Merci pour ce moment d'une autre époque, à garder précieusement dans
nos mémoires, car aujourd'hui.....................!

Samedi 9 mars 2024 à 18h40

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Oui, toute autre époque et magnifique auto qui me faisait rêver adolescent, un instituteur dans ma rue roulant dans une 24 CT vert foncé. Et toute autre époque aussi pour la route, même si les autoroutes étaient bien moins nombreuses. Même à la fin des années 70 où je faisait la route début de soirée (20h30 pour une arrivée vers 1h du matin) entre Beauvais et Vichy avec une Alfasud (TI d'abord, puis Sprint Veloce), la RN1 et la RN7 étaient à nous. Même le périphérique était fluide !! Pas de radars, très peu de camions, des 3 voies où la voie du milieu toujours autorisée était réservée au flot des parisiens sortant de Paris le vendredi ou rentrant le dimanche, avec les traversées de Montargis, Nevers, Moulins pas encore détournées ! Je me souviens de longues sections de route sur la RN7 où je pouvais rouler en plein phares, essayez aujourd'hui même à 2 heures du matin ...... Autre époque vraiment.

Lundi 11 mars 2024 à 12h01

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Quelle époque ! C'est une partie de ma jeunesse la 24 CT, j'en ai eu 2, chaque WE je partais de Toulon vers Versailles ou moins moins loin vers Ciboure. Pas une minute de répits pour le vaillant bicylindres c'était a fond partout, souvent de nuit pour ne pas entamer la journée et le temps à partager entre amis pour de mémorables souvenirs. Quelques années après et plusieurs centaines de milliers de kilomètres ou d'autres compagnes de voyages avaient remplacé mes 24 sans le même attachement, ma vie devint plus calme pour ne pas dire banale. C'était une époque ou le plaisir de vivre était associé a l'amour des voitures qui avaient une âme .

Lundi 11 mars 2024 à 17h48

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