Souvenirs d'Autos • Volvo

Souvenirs d’Autos (425) : Sauvetage raté d’une Volvo 145

Écrit par

Thibaut Chatel (Commandant Chatel, Petites Observations Automobiles)

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. L’ami Luc Chapman est de retour… Merci à lui !!

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Vendredi 8 septembre 2023


Écrit par

Photo Thibaut

Thibaut Chatel Petites Observations Automobiles - Commandant Chatel

Alias "Commandant Chatel"  de POA.

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Nous sommes à la fin des années 80, je dirais 88 pour être plus précis. L’aventure commence quand une collègue de travail au journal où je bosse arrive un jour avec une belle mais vieille BMW série 5, les premières E12 des années 70, d’une curieuse couleur anis. Cette collègue était une belle blonde, qui avait déjà beaucoup d’allure mais qui, avec son chapeau à large bord, au volant de sa « BM » en jetait pas mal et faisait bien tourner les têtes…

Je la savais guerre plus fortunée que moi et lui demande donc où elle a trouvé cette belle auto.
-    Un garage super sympa à Ambérieu, ils l’ont peint de la couleur que je voulais !

En bavardant, nous avions échangé nos goûts en matière automobile et je lui avais avoué un penchant pour les grands breaks. Elle me dit :
-    Justement il a rentré un break Volvo à refaire ; il a l’air bien, tu pourrais choisir la couleur. Il est vraiment sympa, vous vous entendrez bien. Cette voiture me revient à un peu plus de 10000 francs.

J’ai déjà subi quelques déboires en matière automobile et même si je suis fraîchement marié et père d’un enfant, je ne suis pas encore totalement vacciné et croit encore en mon prochain, vous savez, celui qui a une salopette et des mains noires qu’il s’essuie consciencieusement sur un chiffon plein de cambouis.

Je décide d’aller voir…. Ça ne coûte rien…. en fait si !
Je ne sais pas vous mais moi, il y a toujours un petit truc, un petit détail auquel je m’attache pour justifier ma volonté de sauver une auto. Pour cette magnifique Volvo 145 d’un vieux vert anglais délavé, rayé, bosselé, ce fût le surprenant tableau de bord Jaeger qui donnait un air prestigieux sinon sportif à cette auto qui ne l’était pourtant pas. Rien que pour ce détail, elle devait être sauvée !

Très rassurant le garagiste me raconte une histoire bancale que je me suis empressé de croire. Le moteur tourne bien, les pneus sont corrects, il me la laisse à 1500 francs…. Mon cœur bat à tout rompre….ça y est je suis amoureux et de la voiture et du garagiste.

Pour moi, il a tout de suite vu la passion des vieilles choses qui m’anime et il va tout faire pour me montrer l’étendue de son talent.
Nous discutons déjà comme de vieux amis.
Très important : dans l’escroquerie, on se doit d’être sympa. Ce gars l’est vraiment.

Je fais un rapide essai, la direction est plus que floue, les freins ralentissent juste avec un bruit curieux de couteau au fond d’une poêle, le câble de compteur doit être rompu puisque l’aiguille reste à zéro et les amortisseurs sont proches de la pompe à vélo.

Rien de grave d’après mon nouvel ami qui me promet pour quelques milliers de francs de remettre tout ça dans l’ordre.

Convaincu de son talent je lui laisse quelques sous pour qu’il commence la   « restauration » et lui demande de me chiffrer une peinture pour que la belle le soit vraiment. N’oublions pas que je dois « vendre » le projet à ma jeune épouse qui commence à bien cerner mes faiblesses.

Je choisi un beau bleu nuit pour la carrosserie (ne me demandez pas pourquoi plutôt que de garder celle d’origine) et commencent alors des allers retours entre chez moi et ce garage avec moult retards et déconvenues agrémentées de relances financières (le fameux effet cliquet, on ne peut pas revenir en arrière).

Après de nombreuses semaines, la voiture est en apprêt, je relance de 2000 frs pour la peinture.
Bon, vous savez ce que c’est qu’une voiture maquillée ? Eh bien celle-là l’était manifestement par un peintre en apprentissage. Joints épais, coulures, peau d’orange, tout le catalogue des erreurs d’apprentis carrossier était représenté. Un vrai cas d’école.

Je l’aimais encore (de loin elle en jetait pas mal) et désirais aller au bout de la restauration. A chaque fois que je m’asseyais au volant, je voyais ce tableau de bord et mon cœur amoureux se remettait à battre.

Les amortisseurs avaient été changés, elle freinait convenablement pourvu qu’on appuie comme il faut sur la pédale mais la direction restait étrangement indifférente à ce qu’on attendait d’elle et le compteur toujours muet ce qui était quand même dommage pour ce bel ensemble Jaeger.

Il me disait que c’était difficile de trouver le câble de compteur mais que la direction, c’était juste une rotule, pas de quoi s’affoler.
Ma collègue m’avouait dans le même temps que sa direction n’était pas terrible non plus et qu’il tardait à régler le problème…

Je commençais à être plus prudent avec l’argent et osais demander des résultats avant de payer.
J’avais beau faire des allers retours toutes les semaines, le chantier était bloqué et je ne préfère pas répéter les noms d’oiseaux dont ma femme m’affublait chaque fois que je rentrais bredouille.

Un beau jour, sentant l’affaire perdue, je réussis à opérer une espèce de transaction foireuse en lui racontant je ne sais plus quelle histoire, ou je lui laissais le break Volvo tel quel pourvu que je puisse repartir avec une auto à peu près viable (n’importe laquelle).
Le coup de grâce de l’escroc, il se montra conciliant et me pria de choisir entre quatre ou cinq voitures en fin de vie.

Je partais au volant d’une Renault 20 TS boite auto beige, pas sexy pour deux sous, affichée sur le parc à 3000 francs alors que je lui en avais laissé pour plus de 8000 francs.

Je sauvais vaguement la face devant ma femme qui n’y connaissait rien. Heureusement que les contrôles techniques n’existaient pas, je ne suis pas sûr que le pare-brise faïencé à droite aurait eu l’agrément du contrôleur.

Cette histoire fût le point d’orgue de ma crédulité et même si cette Renault 20 sût me séduire par son extrême confort, l’odeur persistante de moisi due aux infiltrations d’eau par à peu près tous les joints ne parvint pas à convaincre mon épouse qui commençait à me regarder avec l’œil de celle qui se demande si elle n’a pas fait une erreur de casting.

L’auto dura un peu plus d’un an avant que la boîte lâche par petits bouts.
Celle-là m’a coûté cher mais m’a permis de bien détecter les escrocs. 

A compter de ce moment-là j’ai fait quelques pas de plus dans le monde des adultes.

Cette rubrique est aussi la vôtre !

Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion. 

On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps… Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA !

Merci.

L’avis des Petits Observateurs

5 commentaires au sujet de « Souvenirs d’Autos (425) : Sauvetage raté d’une Volvo 145 »

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Vous avez tenu parole cher Chapman! (commentaire SDA 423).

Quelle merveille cette 145........si je croisais la route d'une de ces
autos aujourd'hui, je me laisserai séduire par le doux chant du
margoulin au fond de son garage, l'expérience et mes 60 printemps
restant à la maison pour ce rdv avec cette séduisante suédoise!
Pour moi......un blanc ivoire, une boite auto, mes chiens derrière et
me voilà flânant sur la petite route vers le lac, une main négligemment
posée sur le grand volant.
Bon.........je traine pas, je dois reprogrammer le "front assist" de la Golf de
madame, dure réalité!
Bien le bonjour à la dame au chapeau................ 😉

Vendredi 8 septembre 2023 à 15h48

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En réponse à Chapman L

C'est bien utile...........ça freine à notre place, ça sauve un
pare-choc et un constat dans les embouteillages!

Vendredi 8 septembre 2023 à 18h46

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Merci Chapman, grâce à vous, je ne me sent plus le seul sur cette planète à m'être fait "embobiné", terme qui prévaut sur "arnaqué" car à cette époque nous étions plus que consentants, nous foncions droit sur les futurs problèmes. Et c'est bizarre car en bon terrien, j'ai toujours détesté les jeux de hasard et cela ressemblait terriblement à miser tout son paquet de jetons sur le 12 sous l'œil impassible du croupier...
Ce qui me fait penser qu'aujourd'hui j'aurais toujours tendance à faire confiance au diagnostique de l'homme souriant qui sait vous réparer une panne...
...avan t d'en détecter une nouvelle en vous rendant l'auto "Faudra repasser avant le contrôle pour changer ça..."

Samedi 9 septembre 2023 à 09h57

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