Par Patrice Vergès. Cinq jours et plusieurs centaines de kilomètres passés au volant d'une Renault ZOE ZE40 me permettent de mieux approfondir les vertus et les vices d'une voiture 100 % électrique. Il y a du bon et du moins bon...
" Quelle est son autonomie ? "
C'est la question inévitablement posée lorsqu'on déclare rouler en Renaut ZOE, une voiture qui suscite l'intérêt puisque j'ai dû la faire essayer à plusieurs de mes voisins. Mais est-elle confortable, tient-elle bien la route, est-t-elle pratique, économique, sûre ? Rien de tout ça et c'est un peu dommage même si c'est son autonomie qui conditionnera son achat. Plusieurs centaines de kilomètres à son volant m'ont fait découvrir son honnête confort, une position de conduite surélevée sécurisante, une certaine praticité et une absence totale de protection de carrosserie, un comble sur un véhicule à vocation d'abord urbaine. Mais commençons par ce qui vous intéresse au premier abord.
300 km maxi, c'est déjà pas si mal !
Les lecteurs de POA savent évidemment que depuis quelques mois la nouvelle Renault ZOE a reçu 300 kilos de nouvelles batteries aux cellules plus actives dont la capacité énergétique a doublé passant de 22 à 41 kWh. Batteries qui peuvent remplacer celles des anciennes ZOE dont plus de 60 000 ont été produites depuis 2012. Renault annonce désormais une autonomie de 400 km (calculée avec le même cycle NEDC aussi bidon que ceux de la pollution) qui est plus proche de 300 km dans la vie. Sur l'ordinateur, je n'ai jamais lu plus de 280 km, batteries chargées au maximum.
Mais il s'agit d'un chiffre théorique calculé sur le mode de conduite précédent. Si on roule plus cool, on remarque que ce chiffre se fige au fil des kilomètres voire s'accroît comme j'ai pu le remarquer en branchant la touche Eco limitant la vitesse à 90 km/h et qu'on ne peut conseiller qu'en ville. Disons 300 km maximum sans utiliser la clim mais parfois de nuit où une chute très nette de la capacité des batteries n'a pas été observée.
Elle n'aime pas l'autoroute
300 km ce n'est pas si mal. Précisons 300 km en conduisant normalement sans rechercher à absolument économiser comme l'ordinateur de bord me l'a signalé avec une consommation moyenne horaire de 14 à 15 kWh.
Chiffre enregistré en ville et sur route à 90 km/h et autoroute à 110 km/h maxi et avec une température ambiante de 12 degrés (les batteries n'aiment vraiment pas le froid).
Mais aussi sans rouler comme un barbare. En revanche, à 130 km/h qui est sensiblement la vitesse maximum qu'autorisent ses 92 ch, la jauge descend à la vitesse de la lumière avec une conso instantanée de 50 kWh limitant l'autonomie à 100 km. Plutôt anxiogène !
Vous avez évidemment tout compris, si on l'utilise prioritairement en parcours urbain, cette Renault révèle toute ses vertus par la douceur de son fonctionnement, ses reprises énergiques grâce au couple élevé du moteur électrique, sa maniabilité et son absence d'à-coups et son silence.
Las, le mieux est l'ennemi du bien. Des chats et des chiens en goguette qui ne m'ont pas entendu arriver comme les cyclistes qui roulent souvent à deux de front en refusant par snobisme de prendre les pistes cyclables, ont fait ressortir le péril d'un véhicule trop silencieux. Silence qui met en avant le bruit de roulement bien maîtrisé grâce aux pneus Michelin spécifiques EV. Bref, la Zoe est d'un agrément supérieur à celui d'une voiture thermique même à boîte auto en ville.
Comment faire le plein ?
Maintenant il faut ravitailler ce qui est bien moins aisé qu'avec une voiture thermique. Si les batteries ont doublé de capacité, le temps de recharge aussi ! Autour de 20 heures avec une prise classique ce qui est beaucoup. C'est ce que j'ai fais, me contraignant à laisser une fenêtre entrouverte la nuit car je n'ai pas de prise extérieure sur mon pavillon. Mais la manœuvre est aisée et rapide.
Le mieux est d'acheter une Wallbox 32 ampères qui réduit le temps de recharge à 7 heures environ et qui permet de repartir tous les matins avec une autonomie de près de 300 km. Même si Renault participe à hauteur de 500 euros, une Wallbox revient encore autour de 500 euros et accroît son coût d'utilisation.
Recharger devient jubilatoire puisqu'un plein de revient, selon l'heure, de 2 à 3 euros : une somme bien inférieure aux 25 euros environ exigés par une Clio dCi pour parcourir 300 km. Soit. Mais comme je n'ai aucune confiance dans les gouvernements passés, actuels et futurs en matière d'impôts, il est certain qu'ils ne s'assoiront pas sur les 39 milliards de taxes que rapportent les carburants fossiles. On peut imaginer que l'État inventera dans le futur une taxe spécifique sur les voitures électriques.
Enfin, n'oublions que les batteries ne vous appartiennent pas et qu'il faut les louer mensuellement à un prix variant de 69 à 119 euros selon le kilométrage annuel. Si on parcourt 1500 kilomètres par mois, une Zoe revient donc à 119 euros de location de batteries plus environ 20 euros d'électricité. Soit 139 euros et sensiblement la même somme exigée par une Clio diesel pour le même kilométrage.
Si vous achetez une Zoe uniquement pour faire des économies de carburant, ce n'est pas le meilleur choix bien que son budget d'entretien soit théoriquement inférieur à celui d'une voiture thermique d'autant qu'elle bénéficie d'une gratuité du stationnement dans certaines villes.
Bien entendu, on a la possibilité de la recharger sur les 15 000 bornes publiques à condition qu'elles fonctionnent et soient libre. Également dans certains supermarchés ou sur celles d'Autolib et chez les concessionnaires Renault. Soit en charge lente ou recharge très rapide en 43 kWh (connexion spécifique) avec des coûts élastiques variant de la gratuité dans certaines villes (avec abonnement) à très très cher en recharge rapide de 30 mn qui consomme tant d'électricité que c'est anti-écologique au possible.
Merci Porsche !
Notons que le coffre de 338 litres est pas mal encombré avec trois gros câbles. Celui de la Wallbox, celui de la recharge rapide et celui de la prise 12 volts classique. Tous ces fils qui traînent dans le coffre font un peu négligé.
Les tarifs de la Zoé s'articulent de 23 600 à 28 500 euros comme la version essayée plutôt bien équipée. J'ai apprécié le GPS intelligent et intuitif par rapport à celui de ma voiture que j'éviterai de qualifier d'autiste, de belles jantes noires de 17 pouces atrocement délicates le long des trottoirs, d'une camera de recul, d'une belle peinture métallisée et sièges cuir chauffants et super radio Bose boum badaboum. Somme coquette à laquelle il faut déduire 6000 euros de bonus écologique.
Des tarifs redescendus de 17 600 à 22 500 euros voire encore 4000 euros de moins si on se fait reprendre un diesel de plus de 10 ans. 10 000 euros payés par un conducteur de Porsche 911 malussée de cette somme. Merci Porsche !
Alors faut-il acheter une Zoe ?
Non, si vous habitez en immeuble collectif pas équipé ou parcourez tous les jours 300 km d'autoroute à 130 km/h.
Non, si vous êtes un écolo pur et dur car si elle émet zéro gramme de CO2, ses 300 kilos de batteries au lithium pollueront tôt ou tard notre belle planète et l'électricité d'origine atomique, il paraît que ce n'est pas bien.
Oui, si c'est une deuxième voiture et que vous résidez en pavillon, utilisée en majorité en zone urbaine où la Zoe démontrera qu'elle offre une nouvelle philosophie de déplacement en générant un agrément de conduite supérieur à celui de certaines voitures thermiques.
Pour ma part je me suis régalé à son volant.
L’avis des Petits Observateurs
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