Par Thibault Chatel*. 1983. Havas Conseil, l’agence de publicité du groupe Peugeot, nous consulte à RMC Création, où je travaille, et nous demande de trouver une idée pour le lancement de la Peugeot 205, en démontrant que l’auto consomme très peu.
Après un brainstorming particulièrement brillant, nous proposons un « raid » entre Paris et Cannes, en « direct » (en fait ce sera enregistré et diffusé le lendemain), avec cinq Peugeot 205 conduites par des couples lambda. Ils feront cette route (900 kilomètres) à 90 km/h de moyenne, avec le seul plein d’essence de la voiture. L’idée emballe tout le monde. Peugeot vérifie avec l’ingénieur Leblanc, l’un des patrons de leur bureau d’étude que c’est possible… Il dit « oui » et c’est parti !
L’opération se déroule en septembre. Nous organisons un concours à l’antenne et les gens téléphonent pour s’inscrire. Cinq couples sont tirés au sort. Celui qui consommera le moins d’essence gagnera la voiture ! Les autres auront des lots de consolation. Le Jour J, on part à 6 heures du matin de l’avenue de la Grande Armée devant le siège de Peugeot. On remplit les réservoirs à raz la gueule (50 litres par auto, si ma mémoire est bonne) et un huissier vient poser des plombs sur les bouchons des réservoirs.
Juste un peu avant de partir, l’homme chargé de la réussite technique du côté de chez Peugeot (entendez par là, le responsable de « on ne tombe pas en panne d’essence sur le bord de l’autoroute afin de ne pas passer pour des sombres idiots »), l’ingénieur Leblanc me prend à part et me dit que ca sera peut-être un peu juste avec des pilotes amateurs… que conduire en consommant très peu réclame beaucoup d’attention… Bref, il me lâche que dans chaque descente, il faut faire de la « patinette », c’est à dire se mettre au point mort ! Bien sûr, il ne faut pas le crier sur les toits et surtout pas à l’antenne… Donc, je vais voir discrètement les couples et je leur glisse que dès qu’ils entendront « Patinette » dans le talkie-walkie, ils doivent se mettre au point mort !
Les voitures sont reliées les unes aux autres par des talkie-walkie, un break Peugeot 504 pour suivre tout ce petit monde et deux détails que nous oublions de révéler à l’antenne : Nous sommes escortés par des motards de la CRS 1 (pour éviter les à-coups, les freinages intempestifs…) et nous ne nous arrêtons pas au péage. La 504 suiveuse, devenant ouvreuse, passe devant pour régler à l’avance le péage de chaque 205 et pareil pour les deux motards de la CRS (car eux aussi doivent s’acquitter de cette taxe saugrenue).
Nos deux animateurs (José Sacré, une vedette de RMC et Billie), passent de voiture en voiture pour recueillir les sensations de nos pilotes-amateurs-auditeurs-propriétaires-potientiels-d’une-Peugeot-205-neuve ! On enregistre tout ça avec des Nagra (des magnétophones portatifs) et on monte au fur et à mesure dans la Peugeot 504.
Toute la journée, malgré des heurts entre les candidats (« Ouais ! Il a pilé devant moi, j’ai été forcé de freiner et si je ne gagne pas la voiture ça sera de sa faute ! ») tout se passe a peu près bien. Les motards de la CRS 1 nous emmènent jusqu’à Lyon. Là, ils sont relayés par d’autres beaucoup moins efficaces. José Sacré et Billie enregistrent les réactions des candidats… en oubliant scrupuleusement de parler des CRS, des péages qu’ils franchisent à 80 km/h, et de la Patinette… que l’ingénieur Leblanc ordonne dans chaque descente !
100 kilomètres avant Cannes, les aiguilles des réservoirs sont sur Zéro et tout le monde s’énerve. En fait, à partir de cet instant, je commence à me dire qu’on ne va pas y arriver et que les 205 vont tomber en panne d’essence les unes derrières les autres !...Sentant la tension grandissante parmi nos concurrents, j’appelle l’ingénieur Leblanc qui décide de stopper le convoi. Sur une aire d’autoroute, il réunit tout le monde et fait un petit speech très efficace, genre : « J’ai fait ce parcours à de nombreuses reprises ! Nous arriverons à Cannes, je vous le jure ! ».
Napoléon avant Austerlitz ! On repart et on arrive enfin à Cannes où les motards se perdent… On cherche sur la carte, on fait demi-tour et nous voilà arrivés à notre point de rendez-vous !
L’opération est un succès. Un huissier à l’arrivée remplit les réservoirs… Il reste dans chaque auto entre 2 et 3 litres. C’est le couple le plus jeune qui gagne la voiture et ça nous fait plaisir. Une voiture de RMC se pointe pour venir chercher la trentaine de messages qui seront diffusés le lendemain comme si on était en direct (ça permet de filtrer, de monter et surtout de ne pas payer des liaisons extrêmement chères). Le soir à l’hôtel, un photographe fait des photos des candidats... puis de nous tous.
Retrouvez les 37 souvenirs d'autos de Thibault Chatel
En haut de gauche à droite : Un technicien (dont j’ai oublié le nom, désolé), Alain Tydgat (un ingénieur du son que j’aimais beaucoup), François Berthelot (réalisateur avec moi de l’opération. On s’associera quelques années plus tard dans Torpédo Productions et il fera « vedette » sous le nom de scène de Paco avec le tube « Amor de mis amores »), Marie-Laure d’Aigremont (la commerciale de RMC que nous appelions « des Montagnes Amères » ce qui est totalement irrésistible), Moi-même (on dirait que j’ai 14 ans, mais en fait j’en ai 24), Jean Dompeyre (un grand manitou de chez Peugeot qui avait demandé que nous soyons sur la photo en disant avec un accent méridional délicieux : « J’aimerais que les techniciens nous rejoignent, eux qui sont un peu les magiciens de l’ombre ! »), le charmant et très bon animateur José Sacré. En bas : le fameux ingénieur Leblanc (tout droit sorti d’un album d’Hergé, un homme facétieux, sympathique et connaissant son affaire sur le bout des doigts) et Billie qui était comme José, bonne animatrice et très sympa.
*Je m’appelle Thibaut, je suis né en 1959. Il se trouve que j’ai toujours adoré les automobiles… Pourquoi ? Sans doute parce que j’aime l’idée de liberté. On monte dans sa voiture, on démarre, on s’en va ailleurs. Là où il fait beau, au bord de la mer, à la campagne… peu importe. Parfois, je repense à des histoires d’enfance, d’adolescence, de jeunesse et j’ai décidé de les livrer à P.O.A.
Souvenirs d'Autos • Peugeot
Souvenirs d’autos (18) : la Peugeot 205 en roue libre chez RMC
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- Type de véhicule
- Citadine
- Marque
- Peugeot
- Année
- 1983
- Modèle
- 205
- dossier
- Souvenirs d'Autos
- Tags
- Les Anciennes, France
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3 commentaires au sujet de « Souvenirs d’autos (18) : la Peugeot 205 en roue libre chez RMC »
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A propos des Nagra(s), on a aujourd'hui une notion très différente de la portabilité😄
Samedi 8 janvier 2022 à 13h37
En réponse à Chapman L
Un souvenir en appelant un autre, en 1983, je fais un voyage d' études en Asie avec un pote passionné de technologie qui me dit: "en plus on va rembourser notre voyage et gagner de l'argent en achetant à Singapour un Nagra et des appareils photos compacts Canon (tout nouveaux a Paris) qui sont fabriqués là-bas et qu'on revendra à l'arrivée....Apr ès avoir fait le tour des boutiques, le Nagra était plus cher qu'à Paris et les Canon au même prix qu'à la FNAC, fabriqués à Singapour certes, mais réservés à l'Export!!!
Samedi 8 janvier 2022 à 14h18
Quelle histoire! merci Commandant de re-publier ces souvenirs...
Samedi 8 janvier 2022 à 14h20