Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Cette anecdote que j’aime beaucoup car on aimerait se trouver avec ses protagonistes est racontée par Olivier. Il habite en Auvergne et il est journaliste dans la presse financière. Je le remercie pour son souvenir et je lui laisse la parole :
5 heures du matin. Le jour ne s’est pas encore levé lorsque ma grand-mère vient me réveiller :
- Allez c’est l’heure. Lève-toi.
J’avale mon bol de chocolat en vitesse et pendant que je m’habille, j’entends au loin dans la nuit un bruit de moteur qui pétarade. Je jette un œil par la fenêtre et vois arriver la Jeep Willys de mon père.
Une fois le matériel chargé dans le véhicule, nous partons mon père, mon grand-père et moi. Assis sur la banquette arrière, j’ai froid et je rebondis à chaque irrégularité de la route. Mais peu m’importe. Du haut de mes 5 ans, j’ai le sentiment de partir à la découverte de terres inconnues.
Au bout de quelques kilomètres, nous quittons la route pour nous enfoncer dans les bois. Dans mes yeux d’enfants, certains passages sont techniques et j’avoue ne pas être fier au moment d’aborder une descente bordée par un petit ravin. Je m’accroche comme je peux à l’arrière de la Jeep et enfin nous arrivons.
La rivière est calme. Il n’y a pas un bruit. Les écrevisses nous attendent. Nous installons nos balances et nos appâts. Peu à peu, les crustacés approchent. Je regarde avec une certaine méfiance. Je laisse mon grand-père relever les balances. Ces drôles d’animaux me font un peu peur. Je crains de me faire pincer. Mais je sais qu’une fois cuisinés par ma grand-mère, ils ne m’effraient plus du tout. J’en raffole même.
Au milieu de la matinée, nous sortons le « casse-croûte » : pâté, saucisson et vin rouge pour les grands ; jus de fruit pour moi. Nous ramassons encore quelques écrevisses puis mettons le cap sur le chemin du retour avec nos trophées entassés à mes côtés dans la Jeep.
À notre arrivée, la ville s’est animée. Au passage de la Jeep, les piétons se retournent. Le véhicule et son bruit ne laissent personne indifférent. Je me tiens droit sur la banquette. J’ai le sentiment d’être au milieu d’un défilé.
Je ne le sais pas encore mais c’est l’une de mes dernières pêches aux écrevisses. Dès l’année suivante, les écrevisses se feront rares. La Jeep sortira de moins en moins souvent du garage et sera finalement vendue.
Pour moi qui suis né dans les années 70, la Jeep Willys n’est ni le symbole de l’Amérique ni celui du débarquement. Dans mon esprit, elle restera à jamais associée à ces moments de bonheur que représentait la pêche aux écrevisses… Je me demande même si dans un réflexe pavlovien, je n’en viendrais pas à saliver à la seule vue d’une Willys.
Cette rubrique est désormais aussi la vôtre.
Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion. On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps. Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA ! Merci.
L’avis des Petits Observateurs
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