Honda S800 : Génératrice d'émotion

Fin 1966, le jeune constructeur automobile décidait de s’attaquer à l'Europe avec une minuscule voiture baptisée S800 dérivée des versions 500 et 600 déjà vues au Japon. Malgré sa silhouette ramassée sur 333 centimètres, grâce à son sensuel bossage de capot et sur le coupé sa lunette hayon inspirée de celle d’une Jaguar E revisitée, sa double sorties d’échappement, son gros bouchon de réservoir type compétition,la S800 transpirait l’agressivité. C’est sous le capot  que se cachait le plus spectaculaire. Gavé par une impressionnante batterie de 4 carburateurs Keihein, son petit 4 cylindres de moins de 800 cm3 annonçait la puissance étourdissante pour sa cylindrée de 78 ch SAE (70 ch DIN) à 8 000 tr/mn. Près de 90 ch-litre !  Cette puissance permettait à la minuscule japonaise de frôler les 160 km/h, vitesse ahurissante pour une 800 cm3, il y a presque 60 ans !

Ancien de chez Honda France, Pascal  a acquis récemment sa S800 qui s'ajoute à sa NSX qu'il possède depuis 15 ans

Avec sa lunette arrière hayon, on qualifia le S800 de mini Jaguar E compactée sur 3;33 m. Remarquez la double sortie d'échappement

La planche de bord de la S800 était constellée de cadrans rond « très compète ". Démarreur à gauche comme sur une Porsche, minuscule levier de vitesses

28 ans chez Honda France

Pascal a occupé un poste important pendant 28 ans chez Honda France. " Lorsque je suis rentré chez Honda en 1987, la S800 était un lointain souvenirs mais on en parlait encore. Si j'avais pu monter dans une S800, je n'en avais jamais conduite. Et puis, récemment, j'en ai acheté une car elle fait partie de l'histoire de la marque avec la NSX que je possède. Honda est une marque que j'ai dans mon cœur ! Voiture que je connaissais depuis 20 ans car elle avait appartenue à trois de mes relations. Il s'agit d'une MK2 de 1969 qui se reconnait des premières à ses rappels latéraux de catadioptres, sa suspension arrière assouplie, des tambours arrière renforcés et des carburateurs différents. La voiture qui est en bon état avoue  116 000 km avec  son moteur d'origine. J'ai monté un échappement neuf et refait l'assise des sièges. C'est étonnant, mais on trouve encore des pièces".

L’habitacle de la S800 étonna par sa finition  soignée et son équipement digne d’une grosse cylindrée. Minces sièges baquet,  volant à trois branches métallique à jante en faux bois, démarreur à gauche, deux vitesses d’essuie-glace et de chauffage, voyant de frein à main.  Autour de quelques manomètres  émergeait un compte tours gradué jusqu’au chiffre ahurissant de 11 000 tours teinté depuis 8500 tr/mn. Des régimes dignes des Formules 1 de l’époque !

Les quatre carburateurs du petit 791 cm3 étaient aussi gros que le moteur tout en aluminium.  Mécanique inspirée par celle des F 2 1000 cm3 des Brabham Honda

Deux places strictes et un bon emplacement au dessus les bagages accessible par le hayon

Bouchon d'essence compétition

Les sensations d'une monoplace !

La voir n’était rien, l’entendre était tout ! Une légère symphonie aiguë mais feutrée aux fulgurantes montées en régimes. La S 800 c’était d’abord une sonorité avant d’être une voiture. Un son unique propre à la petite japonaise.

" Ce qui m'a étonné lorsqu'en j'en ai pris le volant pour la première fois, c'est sa position de conduite; on est couché comme dans une monoplace que j'ai pratiquée, coincé contre le tunnel et la boîte. Avec 1,20m de haut et 1,40 m de large, c'est une voiture de Lilliputien !  Son bruit m'a aussi étonné en songeant lors de son achat comment j'allais parcourir 600 km avec ce son dans les oreilles pour la ramener chez moi. Elle est légère à conduire  et hyper agile. Sa suspension à essieu rigide est encore dure et il faut être prudent sur les bosses des petites routes car l'arrière part très vite. Elle exige d'être pilotée plutôt que conduite. Je tire les régimes entre 7 000 et 8 000 tr/mn même si je sais que le moteur peut prendre bien plus de tours. La petite commande de boîte est un régal.  Lorsque je roule avec, j'ai droit à de nombreux pouces levés. Cette voiture attire énormément la sympathie ! "

Le compte-tours gradué jusqu'à 11 000 tr/mn donna le jour à la légende que le moteur tournait à cette allure folle. Il prenait facilement 9000 tr/mn !

Petites roues de 145X13 entraînées à l'arrière par un pont sur la S800 contre des chaînes sur les S500 et S600

La MK2 est reconnaissable à ses rappels latéraux d'éclairage imposés par les USA où finalement elle ne fut jamais vendue

Génératrice d'émotions

L’importateur français débordé enregistra 1000 commandes fermes rien que pendant la durée du salon 1966 contraignant les premiers clients à patienter de longs mois.  Ils ne furent pas déçus. Certes la S800 n’avait pas que des qualités et sa suspension ferme exigeait une constitution solide et ses quatre carburateurs des réglages fréquents. Mais  sa personnalité envoutante et sa diabolique maniabilité faisaient oublier tous ces défauts.  Sa carrière fut hélas courte. Victime des nouvelles lois antipollution qui la condamnèrent aux USA, Honda arrêta vite sa production après  11 400 voitures. Aujourd’hui, symbole des premiers pas des Japonais chez nous et de la quête technologique qui a toujours été le crédo d’Honda, elle suscite terriblement  d’émotions.

La S800 a été aussi proposée en cabriolet plus coûteux de 15 %. C'était la voiture de Spirou et Fantasio

En 1985, il y a.... 40 ans, pour AutoHebdo, j'avais déjà essayé la S800