Par Patrice Vergès. Les années 80 ont été marquées par l'explosion du phénomène GTI et également par l'apparition du monospace ainsi que l'émergence de la transmission intégrale.
40 ans d'essai automobile première partie ici
40 ans d'essai automobile deuxième partie ici
En février 1984, sur les petites routes sinueuses espagnoles, j'étais au volant de la nouvelle Peugeot 205 GT 1600 cm3 de 105 chevaux. Une révélation. La petite lionne avalait avidement les virages serrés avec une aisance et une efficacité qui bluffa les "professionnels de la profession". Cette voiture était magique ! Bien sûr, la Golf GTI avait ouvert la voie mais la 205 GTI lui était supérieure en plaisir de conduite pur et en efficacité. Cette Peugeot lança l'engouement autour des petites voitures musclées. Nous venions de d'entrer dans la génération GTI.
Génération GTI
Une GTI, c'était bien davantage que de la vitesse, mais surtout un état d'esprit. Il n'y avait pas seulement le sportif accro du chrono qui en achetait un mais aussi le cadre, le PDG et les jolies femmes des beaux quartiers. Rouler en GTI symbolisait la jeunesse d'esprit et de corps, le statut social, l'envie de se surpasser. Sur les pubs à la télé, la 205 GTI échappait aux rockets d'un un bombardier tandis que la Visa GTI décollait d'un porte-avions.....
Tous les constructeurs dévoilèrent de petites berlines genre GTI. Des bonnes mais aussi beaucoup de mauvaises. Nous n'essayâmes pratiquement plus que ce genre de bombinettes survoltées entre 1985 à 1990. Renault rétorqua avec la Supercinq GT Turbo 115 ch, Fiat répliqua avec sa Uno Turbo IE (105 ch et le pouce...) bien plus violente que la Citroën Visa GTI à la silhouette bien peu excitante. Les Kadett GSI 130 ch et la Ritmo Abarth 130 ch, contraignirent la firme de Sochaux à répliquer avec une 205 115 chevaux suivie de son arme fatale, la 205 GT1 1,9 l de 130 ch fin 1986. Extraordinaire voiture ! VW avait répondu avec la Golf 16 soupapes 139 ch accompagnée de la Toyota Corolla 145 ch.
Bref, cinq ans plus tard, nombreuses GTI frisaient les 160 chevaux en dévalant à 225 km/h. Certaines étaient exceptionnelles comme la Peugeot 309 16 S au châssis très équilibré mais d'autres étaient carrément dangereuses à cause de la violence du turbocompresseur encore "on-off". C'était le cas de la Nissan Cherry Turbo mal posée sur ses minuscules roulettes de 13 pouces qui patinaient à la moindre accélération comme la Uno Turbo dont il était déconseillé d'accélérer sous la pluie si on voulait aller où on voulait aller tandis que train avant de la Kadett GSI 16 V 156 ch partait dans tous les sens lorsqu'on lâchait ses chevaux fous ! Les GTI étaient devenus de véritables missiles causant pas mal d'accidents et victime des assurances qui les massacrèrent, le phénomène GTI s'émoussa au début des années 90.
Mais nous respections ces voitures car elles nous dominaient en donnant une humilité que n'avaient pas tous les journalistes auto dont beaucoup étaient alors des pilotes refoulés. L'examen d'entrée dans certains magazines auto se faisait plutôt sur un test de pilotage à Montlhéry plus que sur test de français.....
" Plus vite papa ! "
Jusqu'à l'avènement du monospace, le père de famille se foutait totalement des passagers assis à l'arrière qui voyageaient en troisième classe. C'étaient souvent des enfants aveugles derrière les appuie-tête. Pour avoir la paix, on leur demandait de réciter le nom du département à partir des immatriculations des voitures doublées. J'avais enclavé mes enfants à l'arrière de ma Matra 530, Porsche 911 et Alfa GTV.J'étais un père indigne et je ne l'imaginais pas. Il faut dire que c'était encore le temps, où les enfants criaient "plus vite papa ! "
En avril 1984, l’Espace provoqua une confusion des sentiments. Sa position de conduite surélevée lui permit de découvrir non seulement une autre vision de la route et surtout d’appréhender à l’avance les problèmes circulatoires. Par rapport à un fourgon qui offrait le même sentiment visuel, l’Espace permettait des performances très élevées pour l’époque puisqu’elle pouvait rouler à 170 km/h. Une vitesse qui étonnait nombre de conducteurs doublés.
Avec l’Espace, le conducteur découvrit le plaisir de monter à bord de son véhicule sans avoir à se dévisser les cervicales. Mais surtout, il perçut le silence en famille. Non seulement, le volume de l’habitacle lui permit de ranger un nombre astronomique de valises mais la modularité des sièges arrières autorisa ses enfants de disposer de plus de place. Pour la première fois, un enfant n’était plus coincé sur un siège, mais il disposait d’un espace de vie personnel autorisant des mouvements voire des déplacements car la ceinture arrière n'était pas obligatoire.
L'Espace favorisa l’usage du vélo puisqu’elle permit de les déplacer plus facilement et celui de partir en week-end sans rupture dans nos modes de vie. Il était désormais possible emmener avec nous les objets de la semaine dont nous nous privions en week-end par manque de place. Jeux vidéo, vélos, planche à voile, rollers, Après des débuts difficiles, l'Espace fit un tabac et tous les constructeurs se ruèrent dans ce nouveau segment. Nous verrons cela, une prochaine fois.
Option auto
Au cours de la décennie 80, les progrès techniques furent évidemment nombreux. Peu à peu, l'injection remplaça le carburateur assurant un meilleur fonctionnement à froid et surtout au démarrage de même que les culasses à 16 soupapes. La direction assistée se popularisa peu à peu de même que le freinage ABS ainsi que la climatisation. Mais tous ces progrès étaient souvent en options proposées à des prix exorbitants. Jugez plutôt !
En 1986, L'Audi 80 1,8 l 112 chevaux correspondant à une A4 essence de 150 ch 2016 était loin d'être bradée, vendue près de 120 000 francs soit environ 35 000 euros 2016, Elle n'avait pas d'ABS en série, proposé en option à 16 810 francs (environ 3000 euros), pas la direction assistée facturée 5385 francs (environ 1100 euros) l'ordinateur de bord était annoncé à 1750 francs et le climatiseur à 10 800 francs (2000 euros). Rajoutez les glaces teintées, l'option montage radio ou les vitres électriques de même que le rétroviseur gauche optionnel. Chez BMW tout était en option, sauf le moteur !
Traction intégrale et 4 roues directrices
L'Audi Quattro bouleversa les codes de la sécurité par l'agrément et sécurité de conduite qu'elle apportait surtout l'hiver. L'électronique balbutiante ne permettait pas encore de contrôler les pertes d'adhérence sur une deux roues motrices seulement. Du coup, tous les constructeurs se ruèrent dans la traction intégrale. Du bon et du moins bon !, de l'Espace à la Renault 21, de la 405 à la BX et même l'AX, de l'Alfa 33 à la Honda. Lorsqu'on Honda dévoila sa Prélude à 4 roues directrices fin 1987, comme pour les 4 roues motrice, on s'emballa. Les professionnels de la profession affirmèrent que toutes les voitures en seraient équipées dans 10 ans. On sait ce qu'il en est aujourd'hui. Rien n'est moins sûr que l'incertain !
L’avis des Petits Observateurs
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