Citroën Ami 8 : "remonter le temps"

Le directeur de style de Citroën, Robert Opron et son équipe avaient modifié sa ligne en abandonnant la lunette arrière inversée pour un arrière fuyant style fastback. Le seuil de malle avait été abaissé en déplaçant les feux rouges latéralement dans les ailes. La face avant avait été adoucie en intégrant mieux le capot tout conservant, par économie, les phares de l'Ami 6 enfermés dans une parabole chromée lui donnant un visage plus souriant.

On notait que la surface du pare-brise avait était agrandie de quatre centimètres et que ses poignées de porte étaient encastrées. L'intérieur était entièrement redessiné particulièrement la planche de bord avec un volant toujours monobranche repositionné plus verticalement. Ajoutez ce nouveau nom signifiant la montée en gamme. Mécaniquement, elle recevait une direction adoucie à la démultiplication accrue, une suspension bridée par une barre stabilisatrice et des rapports de boîte modifiés pour compenser le manque de couple du nouveau moteur 602 cm3 M28  adopté en 1968 sur l'Ami 6. Il annonçait 35 chevaux contre 28 à 5 400 tr/mn au précédent qui lui permettaient de pointer à 125 km/h contre 105 pour la première Ami 6 de 22 ch de 1961.

l'Ami 8 se caractérisait par une silhouette adoucie et l'abandon de la lunette arrière inversée

Si elle conservait le volant monobranche, sa planche de bord avait été redéssinée

Ma première voiture

L'histoire d'amour entre l'Ami 8 et Philippe remonte à son enfance " Mon père roulait déjà en Ami 8. Nous étions trois enfants et comme j'étais le plus grand, c'est moi qui était assis au milieu de la banquette arrière pas très confortable, coincé par mes deux jeunes sœurs "Étudiant, frais permis en poche, Philipe chercher une occase pas chère pour aller au lycée. Ce sera encore une Ami 8 avec laquelle il fera les 400 coups routiers en louant notamment son étonnante tenue de route, emporté par les excés de ses 18 ans. " J'ai toujours aimé le bruit des moteur à plat refroidis par air type flat-twin ou flat-four. J'ai eu une 2 CV, une GS et aussi une moto BMW R67. Elles ont un son particulier comme celui de l'Ami 8 ".

Les années passent le temps de devenir journaliste. Fin 2020, lors d'une balade, il tombe, par hasard, dans un château, sur une vente aux enchères de voitures. Parmi elles, une Ami 8 1969, premier modèle de couleur bleu Thasos épargnée par la corrosion qui affiche 84 000 km d'origine dont il se porte acquéreur. " Avec un ami, nous avons passé un an à la restaurer. Si le moteur était en excellent état, nous avons changé les freins, l'embrayage, les amortisseurs, le pot d'échappement, les caoutchoucs des sièges et leurs housses, les tapis. Fin 2021, j'ai enfin pu rouler avec ".

Elle offrait des sièges séparés très moelleux sur la version Club

Elle avait conservé le levier de vitesses coulissant issu de la 2 CV

Le regard bienveillant des gens

A son volant monobranche, Philippe a retrouvé sa curieuse position de conduite et également toutes les sensations atypiques offertes par cette voiture et son ancêtre l'Ami 6 et aussi la 2 CV dont elle étroitement dérivée. Et également des réminiscences de son enfance et de ses 18 ans. "J'ai retrouvé son bruit du moteur et celui particulier du démarreur, sa suspension molle comme ses sièges dans lesquels on s'enfonce, la direction dont il faut tirer dessus dans les virages, la grille particulière de la boîte de vitesses qu'on n'oublie pas et son excellente tenue de route. Son odeur également et toutes ses sensations. C'est un plaisir décalé par rapport à celui des voitures modernes. J'ai parcouru avec 5000 km pour me balader et faire des courses en l'utilisant au quotidien. Un régal. Elle démarre au quart de tour le matin dans ce bruit si particulier".

Chaque fois qu'il prend le volant, Philippe adore le regard bienveillant des gens qu'il croise en lui   répétant sensiblement à peu toujours les mêmes mots "J'ai eu une Ami 8 ou 6, mon père en avait une".  Cette voiture comme l'Ami 6, c'est notre histoire.    

Lorsque PSA absorba Citroën fin 1974, l'Ami 8 soufflait ses cinq bougies.  En attendant la Visa étudiée dans l'urgence, l'Ami 8 vivota jusqu'au salon 1978 produite à 800 000 exemplaires dont 405 000 breaks.   Pas si mal. Son vaillant bicylindre encore amélioré (652 cm3) lui survécut encore plus de dix ans en motorisant la Dyane 6, la LN et LNA, la Visa et l'éternelle 2 CV.

Philippe est amoureux de son Ami 8 qui a joué un double rôle dans son existence

L'angle de sa direction avait été modifié pour améliorer la position de conduite de l'Ami 6 style chauffeur d'autobus

La berline n'offrait pas de hayon et l'accès à la malle arrière n'était pas sa meilleure qualité

Par soucis d'économie, on avait conservé les phares de l'Ami 6 désormais enveloppés dans une parabole chromée

Sous le capot, le petit flat-twin de 602 cm3 refroidi par air, la roue de secours et un bidon d'huile de secours très utile

La banquette était repoussée de 5 cm pour accroitre le volume accordé aux passagers. Sur la plage arrière, les petits chiens décoratifs secouant la tête dans les cahots étaient fréquents

Pare-brise agrandi de 4 cm vers le bas et toujours roues de 15 pouces chaussées d'étroits pneus de 135 de large seulement !