Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Petit rappel de l’épisode 1 (à lire ici ) : Après avoir pris possession de la Citroën SM, Renaud Roubaudi et son père rejoignent la Normandie mais à chaque péage la voiture cale et il faut patienter avant qu’elle ne redémarre.
Nous sommes arrivés tard dans la nuit sous une pluie battante. J’ai garé la SM dans le garage au fond du jardin,
Je m’endors inquiet avec la ferme intention d’aller dès la première heure chez Monsieur Guyou, un spécialiste de SM à quelques kilomètres de chez nous. C’est d’ailleurs sa présence rassurante qui nous a poussé à sauter le pas. (avant d’acheter la voiture, n’oubliez pas acheter le garagiste !)
7 h- je suis sur pied. Je tourne la clé avec anxiété… ouf, la SM se lève doucement dans les chuintements caractéristiques. Bien qu’il soit encore tôt, je décide de sortir la voiture pour l’admirer au grand jour. J’avance lentement sur les quelques mètres d’herbe trempée qui séparent la garage du chemin en dur. Trop lentement. À peine les pneus touchent le gazon que la SM s’embourbe d’un coup.
Une nuit de pluie normande stopperait un char russe.
Bêtement, j’accélère pour me dégager ce qui ne fait qu’empirer la situation. Je trace deux sillons de plusieurs centimètres. Très vite je réalise que je ne sortirai pas seul de ce bourbier.
Dépité, je n’ose pas réveiller mon père qui va bien se foutre de ma gueule. Je suis effondré. Pour une première en SM, c’est réussi.
Je décide d’appeler à l’aide mon cousin Pascal, un grand maigre d’un mètre quatre vingt quinze, licencié en philosophie. Il a trois avantages : il habite à 5mn de la maison, nous nous entendons très bien et c’est un intellectuel qui aime les bagnoles.
10h 30. Le voilà qui rapplique gentiment au volant de sa 4L, rejoint par mon père mi amusé, mi énervé. Je reprends le volant, pendant que mes alliés de fortunes poussent comme des forçats. Les roues patinent de plus en plus, j’accélère encore plus…. Un geyser de boue asperge la carrosserie, mon cousin s’étale de tout son long, le moteur fume et mon père hurle d’arrêter le massacre.
Un désastre. La SM est « tanquée » dans 70 cm de boue, le vieux fulmine, Pascal vocifère et moi je voudrais pleurer. La pluie se remet à tomber…
La retraite de Russie n’est rien en comparaison.
15 h- après un déjeuner complet pour nous requinquer, nous décidons d’attaquer le problème par la face Nord. Avec l’aide bienvenue du fermier du coin, nous constituons sous les roues de la SM un chemin en planche de bois digne du pont de la Rivière Kwaï.
Sur ce, Pascal accroche une corde à sa 4L pour tracter avec précaution la voiture, pendant que le père et le fermier poussent à nouveau.
17 h. Miracle. La SM sort des boues normandes, saluée par un rayon de soleil qui déchire les nuages. Après les accolades de félicitations, mes acolytes me font comprendre que le petit jeu des sauveteurs est maintenant terminé. C’est donc peunaud que je conduis la SM à Annebault chez le spécialiste. Curieusement, je ne souviens plus de la raison de la panne (la voiture calait à chaud), en revanche il a très vite remédié au problème et fixé pas mal de détails.
Quelques semaines plus tard je peux enfin parader et apprivoiser cette auto qui demande un certain temps d’adaptation pour apprécier toutes ses subtilités, pour ne pas dire sa complexité…
à suivre la SM du Président épisode 3
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L’avis des Petits Observateurs
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