Souvenirs d’Autos (408) : La Cad’ et les Stones

Retour aux chaleurs de l’été 1969 et planter du décor :

Maman porte la minijupe, mon frangin et moi sommes tous deux fringués de jeans moulants, clous et pattes d’éph’ qui retombent sur des mocassins à talons hauts et nous avons, du haut de nos sept et huit ans et demi, les cheveux en bataille tombant jusqu’aux épaules. 

Neil Armstrong vient de poser la moon boot sur la lune et les woofers de Woodstock crachent leur plein de décibels sur un parterre fleuris de hippies… Peace and Love !

Dans notre piaule, le garage à jouets renferme des dizaines de miniatures que l’on connait sur le bout des doigts. Roi universel des sports, mes préférences vont bien-sûr vers les plus puissantes, celles qui font irrésistiblement me tordre la bouche de laquelle s’échappe des envolées d’onomatopées de bagnolards en herbe… Bref, en pôle sur mon cadet, je suis à la maison la bande son originale du paddock du Mans...

C’est dans cette ambiance Flower Power que débarque un soir à la maison le cousin Paoletto. Derrière les borborygmes étouffés qui nous mettent en éveil, s’avance lentement devant la fenêtre de la cuisine, un long capot noir orné de chromes, suivi d’un cockpit panoramique grand comme une salle de bal, dans lequel quatre chevelures yéyé batifolent. Enfin, passe le dernier étage de la fusée lunaire, qui se caractérise par deux énormes ailes incrustées chacune de deux feux en obus jumelés, à même d’intriguer David Vincent en plein éblouissement nocturne…

Inutile de régler le téléviseur technicolor de la cuisine, ce soir les envahisseurs débarquent en Cad’. Toute de noir et de chromes. Une Eldorado Coupe Deville 1959 armé de son V8 de 6 390 cm3 alimenté par 3 carbus Rochester, musclé de 345 bourrins que contrôle une boite auto 3 vitesses. 

Un Alien mégalodon de 2 295 kg à vide, long de 5,71 m et large de 2,04 m aux épaules. Il n’y a que la V Max de seulement 160 km/h qui fait tache et ne reflète pas la promesse étalonnée sur le speedmeter de la soucoupe…

La lourde lourde s’ouvre, l’échelle de coupée se déploie… Les petits hommes verts ne vont plus tarder à pointer leurs antennes… Un riff de gratte et quelques drum beats plus loin, c’est manqué ; Non ce n’est pas le King de Tupelo qui apparait, c’est mon cousin Sarde Paoletto, la banane jusqu’aux esgourdes, les bras remplis de cadeaux :
-     Ciao ragazzi, guardate chi arriva direttamente dall'america : Sono babbo natale ! 

Lunettes noires, chemise à col large sous gilet, chic mais décontracte, chaque membres du quatuor des « Pietre Rotolanti »  , incarnation transalpine d’un célèbre groupe de rock londonien, descend en bon ordre de la Cadillac.

Un air de liberté flotte sur mes sixties.
« Ti bacio Paoletto ! »

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On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps… Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA !

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