Moche ? Non. Ratée, originale, osée, informe, maladroite, provocante, dérangeante seraient un adjectif plus approprié pour qualifier cette Alfa Romeo qui a été un insuccès commercial autant pour son outrance stylistique que tarifaire.
Le coupé SZ ES-30 ne fut livré qu’en rouge contrairement au cabriolet RZ (Roadster Zagato)
En 1989, La Ferrari F40 lança la mode des supercars produits en quantité limitée afin de susciter un mouvement spéculatif parmi les propriétaires de F40 en général et ceux de Ferrari en particulier. Voyant qu’un marché de spéculateurs crédules était en train de naître, certains constructeurs se lancèrent dans ce créneau avec des modèles proposés à des prix surréalistes comme BMW dont la Z1 était trois fois plus chère qu’un cabriolet 320. Jaguar avait affichée sa XJ 220 au prix colossal d’un million d’euros actuels. Ceux qui espéraient spéculer dessus en furent pour leurs frais et 20 ans après, les plus chères sont proposées au tiers de leur prix d’achat. J’arrive à Alfa Romeo qui fit la même chose en présentant un coupé sur la base de la berline 75 V6 en spécifiant qui ne devait être fabriqué qu’à 1000 exemplaires numérotés. Signifiant, pressez vous, il n’y en aura pas pour tout le monde !
Quelques-uns adorèrent, beaucoup détestèrent ce profil disons…bref !
Une merveilleuse laideur
Sa genèse fut assez longue et compliquée car beaucoup de personnes planchèrent sur son dessin. Le carrossier Zagato qui devait la construire, le centre de style Fiat avec notamment le français Robert Opron ainsi que celui d’Alfa Romeo. Tous devaient tous avoir une vision différente de ce coupé extrême. Il semble que le dessin initial assez pur se pollua au fil du temps et des contraintes. Dévoilé au salon de Genève 1989, le coupé SZ (Sport Zagato) ne fut finalement vendu chez nous qu’en 1991 au prix astronomique de 420 000 francs (plus 120 000 euros 2014). Pour vous donner une idée, c’était trois fois le prix de la berline 75 América V6 3 litres dont il reprenait le châssis Transxale du modèle Evoluzione et la mécanique V6 légèrement affutée à 210 ch. Cela faisait cher le prix de l’exclusivité.
Sa massive silhouette ramassée sur 4,06 m était proche au plan du design de celle de la récente Aston Martin Volante signée Zagato. Le carrossier milanais s’était fait le spécialiste des lignes originales particulièrement par leur dessin du pavillon à double bulle. Quelquefois avec bonheur, quelquefois pas, en particulier avec L’Aston dont les acheteurs ne se bousculèrent pas (37 de construites). Réalisée en partie en fibre de carbone et aluminium, la carrosserie de l’Alfa manquait de grâce avec ses flancs très gras opposés à un pavillon écrasé et trop arrondi, un arrière mafflu et trop bref contrairement à avant effilé et disons le, réussi. On peut dire qu’elle était d’une merveilleuse laideur. Destinée à ne pas laisser indifférent, la SZ choqua et fut vite baptisée par la presse « le monstre ». Son esthétique dérangeante joua fort bien son rôle puisqu’elle dérangea pas mal d’acheteurs potentiel. Contrairement à ce qu’on imaginait les spéculateurs ne se ruèrent pas dessus. Pas de liste d’attente !
La SZ était bâtie sur la plate forme de la 75 qui était issue de l’Alfetta des années 70
Un merveilleux bricolage
Le service de presse Alfa était dirigé par l’ancien rallyman Jacques Panciatici, le père de Nelson. Un garçon sympa et rusé qui m’autorisa à faire un bref petit tour autour des rues du vaste parking d’Alfa Romeo qui était situé le long du périphérique. J’ai encore le souvenir de la sonorité émouvante du V6, de l’habitabilité étriquée surtout en hauteur, de la suspension hyper-ferme à la garde au sol réglable et de la finition intérieure qui fleurait bon le bricolage. Je crois me rappeler qu’il m’avait avoué qu’ils n’arrivaient pas à la vendre. Cela dit, ce n’était pas une mauvaise voiture et ceux qui l’avaient essayée plus longuement avaient loué son excellente tenue de route et son efficacité mais avaient regretté que pour ce prix, elle ne soit pas plus puissante et n’offre pas des performances plus transcendantes (240 km/h). A ce prix, on pouvait acheter une BMW Série 6 ou une Ferrari 348 d’occasion dont la côte avait brusquement baissé quand la bulle spéculative s’effondra après que des gens eurent payé des 4 CV Renault l’équivalent de 25 000 euros !
De près la finition faisait un peu légère. C’était le lot de toutes les Alfa de l’époque
Après 1036 coupés plus 278 cabriolets produits en près de 3 ans, sa fabrication s’arrêta et entraîna la fin des activités de constructeur pour Zagato dont la Lancia Hyena n’était pas davantage réussie. La vieille société milanaise fondée en 1919 continue toujours ses activités de design vues sur une récente Aston Martin et la fabrication de produits industriels. Aujourd’hui, le coupé SZ est recherché par les amateurs d’Alfa insolites à un prix qui se situe à sensiblement la moitié de ce qu’il coûtait alors, soit le quart en euros constants. Contrairement à une légende solide, excepté quelques cas bien précis, les voitures de série de collection rapportent moins que la pierre surtout si elle est au située bord de la mer qu’on voit danser le long des golfes clairs... Patrice Vergès
Les Essais de Patrice • Alfa Romeo
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- Type de véhicule
- Coupé
- Marque
- Alfa Romeo
- Année
- 1989
- Modèle
- SZ
- dossier
- Les Essais de Patrice
- Tags
- Les Youngtimers, Italie
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Jeudi 7 mai 2020
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