Le marché des cabriolets florissant il y a quelques années est en pleine déliquescence. Le nombre de propositions ne cesse de se réduire. Explication.
Par Monsieur Patrice Vergès
Peugeot a annoncé qu’il ne reconduirait pas la 207 CC et repoussait la 308 cabriolet tandis que VW vient de faire de même avec l’Eos. Reste, parmi un choix très réduit, la Renault Mégane qui vient de bénéficier de quelques améliorations après trois ans d’existence.
Vendue à peine à environ 1000 exemplaires par an dans l’hexagone, comme tous les autres cabriolets, la Mégane CC ne séduit plus. Pourquoi ? Ce type de véhicule est désormais très concurrencé par les SUV compacts style Captur ou Nissan Juke qui pourtant ne sont pas rivaux sur le papier puisqu’ils ne se décapotent pas. Justement c’est là où se cache le paradoxe mais il faut savoir que beaucoup de possesseurs français de cabriolets ne décapotent jamais. Ceci expliquant en partie cela.
Vivre avec tous les jours !
Ceux qui décapotent, l’utilisent tout de même plus de 75% du temps capoté du moins dans notre pays. Rouler en cabriolet, c’est payer un service dont on ne jouit guère. Il en de même lorsqu’on a une Ferrari ou Porsche. Il y a 25 ans que je ne roule qu’en cabriolet et j’en mesure les défauts au quotidien notamment au niveau de la praticité. Je pense aux anciennes et adorables Saab 900 dont la visibilité catastrophique de trois quart arrière liée à une glace épaisse comme une meurtrière les rendaient justement meurtrières en ville. La visibilité de ma Mégane cabriolet des années 2000 était si nulle à travers la vitre arrière souple, que j’étais obligé de décapoter pour reculer surtout l’hiver.
Venons en à notre Mégane 2014 qui, capotée, n’est pas si difficile que cela à vivre avec un habitacle plutôt lumineux, une visibilité arrière honnête sauf s’il pleut et des montants de pavillon avant pas trop massifs. Seul regret que le toit exige 21 secondes pour disparaître ce qui semble être une durée qui n’en finit pas à un feu rouge. Croyez-moi, il ne fait pas attendre beaucoup de la mansuétude de la part d’un automobiliste bloqué au feu vert à cause d’un type qui décapote. Un cabriolet n’attire pas la sympathie et véhicule moins des occupants qu’une image pas toujours flatteuse. Gros défaut, comme tous les CC, la Mégane offre un coffre trop petit décapoté (211 dm3) et totalement inaccessible à cause du toit qui prend toute sa place dans le lit. Ce qui n’empêche pas qu’elle ait un gros popotin destiné à accueillir ledit toit. Mais force est d’admettre que sa silhouette est plus réussie que celle de la 308 CC dont on ne sait jamais dans quel sens elle va partir;
Avec sa nouvelle face avant plus élégante, la Mégane CC serait même agréable à regarder. Elle ne manque pas de classe avec son toit vitré noir brillant et son entourage clair de pare-brise. Je serai moins enthousiaste pour l’intérieur qui fleure trop le bon marché pour son prix malgré quelques chromes racoleurs de même que pour les sièges à l’assise trop réduite et au maintien perfectible. Mais grâce au filet de série sur la finition Intens, les remous d’air sont complètement maîtrisés jusqu’à 120 km/h.
Nouveaux moteurs
La CC a adopté les nouveaux moteurs qui animent déjà la berline. Un excellent 1,6 l essence TCe de 130 ch brillant, silencieux et économique qui a l’avantage de coûter 3000 euros de moins que le nouveau dCi 130 ch. Las, il est frappé d’un malus imbécile de 1500 euros qui le rend moins attractif. Cela dit, on n’a jamais entendu Renault ni les autres constructeurs s’indigner face à cet impôt inique et contre productif qui tue l’impôt.
Le nouveau dCi1 1600 cm3 130 ch remplace avantageusement l’ancien 1,9 l 130 ch. il pollue moins, consomme pratiquement un litre de moins et se révèle presque autant dynamique à bas régime malgré 1600 kilos à traîner. C’est presque 250 kilos de plus que la berline ! Car il en faut des renforts pour rigidifier un cabriolet surtout avec un toit en verre. Capotée, la Mégane CC ne manque pas de rigidité et laisse voir une tenue de route saine. Un peu moins lorsque le toit n’est pas en place mais ce n’est pas si mal. Malgré ses jantes de 18 pouces, l’Intens ne nous a semblé pas plus pesante à conduire que la berline chaussée en 17. Dernier point, le dCi fort discret se fait oublier même décapoté. A se demander si on ne roule pas en essence.
Bref, la Mégane CC n’est pas la plus mauvaise de la bande des quatre de son segment composé de la 308 CC, Golf et Cox. Le tarif de la Mégane débute à 29 950 euros en 130 ch essence pour monter à 34 050 euros en 130 ch diesel Intens créditée d’un GPS lié à un Coyote, sièges cuir chauffants, filet anti-remous et jantes de 18 pouces.
C’est une jolie voiture qui permet de se démarquer d’autant que sa relative rareté ne fait que lui rajouter le charme de l’exclusivité. Devant ses amis, on ne dit plus «Je roule en Mégane mais en cabriolet ». Ce subtil distinguo change tout dans leur regard surtout si vous n’avez plus l’âge de rouler avec. Les gens sont méchants, vous savez !
L’avis des Petits Observateurs
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