Par Patrice Vergès. A 25 ans, alors que ses copains roulaient en R8, Simca 1000 ou 2 CV, Jacky se baladait en Chevrolet Bel Air. Après avoir en avoir usé une bonne quinzaine, il est passé à la Chevrolet Corvette. Aujourd'hui, il roule dans sa cinquième Corvette, une Chevrolet Corvette Sting Ray 1966.
" Pour moi, la Corvette, c'était la suite logique des Bel Air. Ce n'était pas en tant que voiture de collection mais pour rouler avec tous les jours. J'allais bosser avec à la revue Échappement. Je passais toute ma paye rien que dans le budget essence !"
Amis de POA, Jacky n'est pas un inconnu pour vous. Il y a deux ans, nous vous avons présenté sa Ford GT40 suivi de son étonnant Hot-Rod l'année dernière. Jacky déteste rouler dans les voitures de monsieur tout le monde. Si POA avait existé avant, on aurait évoqué son ahurissante AC Cobra 427 7 litres. En 1974, sa première corvette fut une Sting Ray type C2 1963. La mythique "Split Window " à double fenêtre arrière. " Aujourd'hui, à cause de cette lunette arrière, elle se vend 150 000 dollars, le double du millésime 66 que je viens d'acquérir. Elle n'a été produite qu'un an car on n'y voyait rien en ville pour reculer à cause de la barre centrale. C'était très pénible. A l'époque, pour moi, ce n'était pas la plus belle et je préférais la première génération, notamment celle de 58/60 à double phares ! "
Cinq Corvette
Voici pourquoi en 1980, il l'a remplace par une C1 1958 à injection Rochester. C'était la plus séduisante à ses yeux mais de conception plus ancienne, elle n'offrait pas la tenue de route de sa précédente C2 équipée d'un châssis plus sophistiqué à 4 à roues indépendantes. Il la revend pour un modèle C4 plus moderne de 1983 qu'il conserve deux ans avant de repasser à une Stingray 1978 " Pace Car" puis enfin à la Ford GT40.
L'éreintante gymnastique pour se glisser dans les 1,03 m de la GT40, n'est plus pour Jacky dont la toison a blanchi. La découverte récente de cette superbe Chevrolet Corvette Sting Ray 1966 (C2) d'un fascinant bleu métallisé (Nassau) le fit de nouveau plonger dans l'univers de la Corvette.
"Aujourd'hui, avec le recul, je trouve que cette génération (1963/1967) est la plus belle. Par rapport à la 63 que j'ai possédée, la 1966 avait reçu un freinage plus puissant avec 4 freins à disques et une suspension modifiée. La mienne a été vendue neuve en France à cette époque et c'est très rare. Seulement une vingtaine de cette génération ont été vendues chez nous. J'ai retrouvé la liste de ses propriétaires successifs. Elle était alors blanche avant de changer trois fois encore de couleur. Elle est équipée de quelques options dont les échappements latéraux, la direction assistée et les glaces électriques. Surtout, elle est dans un excellent état où tout est d'origine".
Les borborygmes brutal du gros V8
Comment résister au charme de la bête qui lâche un vigoureux grondement par ses pots latéraux qui ont été libérés de toutes chicanes. Sa sonorité qui anticipe sa vision détourne systématiquement le regard étonné des passants honnêtes. Imaginez ce que ce devait être il y a 50 ans, lorsque ce véhicule se pavanait avec ses râles graves au sein de la circulation !
Coté boulons rondelles, on rappelle que la Sting Ray de cette génération pouvait être mue par deux mécaniques au choix, tous deux des gros V8 culbuté en fonte qui ont animé pendant 40 ans toutes les Chevrolet. Un small block de 5,3 l proposé en plusieurs puissances notamment 300 chevaux comme celle de Jacky ou un Big Block de 7 litres de cylindrée délivrant jusqu'à 425 chevaux !
Rassurez vous, 300 chevaux, c'est déjà largement suffisant tant au niveau des accélérations d'autant que la sienne est équipée d'un pont court que de la consommation avec une vingtaine de litres aux 100. La Big 427, c'était un autre univers surtout au niveau de la conso (30 litres) et des performances avec 250 km/h. Mais les spécialistes de la Vette prétendent qu'elle était plus coton à conduire à cause du poids excessif du moteur sur le train avant. Déjà maîtriser une Corvette small block exige d'être aimable avec l'accélérateur !
Une Sting Ray n'est plus destinée à faire de la vitesse comme en 1966 où elle déboulait à 225 km avec des accélérations (zéro à 100 en 6 secondes) qui oubliaient tout le monde sur la route en plaquant ses occupants contre les dossiers plats comme des limandes. Justement, la passion de Bill Mitchell qui dirigeait le studio de design de GM, c'étaient les poissons notamment les requins. D'ailleurs, la silhouette de la Sting Ray qui signifie "raie à éperon" a donné naissance au prototype Mako Shark qui symbolisait un requin sur 4 roues.
Sublime bestialité
Par sa silhouette composées d'arrêtes tranchante, la Sting Ray transpire la bestialité par tous ses pores de plastique car comme toutes les Corvettes, elle est en fibre de verre. La C2 est considérée, aujourd'hui par les exégètes comme la plus réussie des 7 générations de Corvette produites en 63 ans. En 2016 où les voitures ont forci, avec ses 1,27 m de haut, la Sting Ray semble presque menue même si ses superbes jantes qui l'assoient bien sur le sol rappellent qu'il y a du monde sous le capot.
L'intérieur est aussi fascinant que l'extérieur, de la planche de bord à double bossage parsemée de nombreux cadrans et touches de chromes. Tout est dessiné pour le plaisir de l'œil, du levier de vitesse (boîte méca à 4 rapports), bouchon de réservoir, sigles, poignées de d'ouverture des déflecteurs. La seule déception viendrait que la Corvette était une voiture de grande série (27 720 produites en 1966) et n'offrait pas la finition au niveau de l'idée qu'on se fait de ce genre de voiture. Mais reste ce design à couper le souffle avec dans les oreilles le borborygme du V8 et qui nous emmène dans un violente poussé ininterrompue jusqu'au bout de nos rêves qui s'emmêlent... .
(Merci à Stève Morel pour ses photos)
L’avis des Petits Observateurs
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