Patrice Vergès. Si le peintre Fernando Botero, célèbre pour ses peintures de femmes pulpeuses aux courbes voluptueuses, avait peint une voiture, nul doute qu'il aurait dessinée la Volkswagen Karmann-Ghia.
Aucun angle vif ne brise la silhouette de la VW Karmann Ghia dont la silhouette lisse et douce a déterminé son succès puisqu'elle a été produite près de 20 ans (1955/1974) à plus 450 000 exemplaires rien qu'en Allemagne. On attribue le dessin de cette voiture au styliste italien Luigi Segre (1918/1963) pour le compte du carrossier Ghia. Il avait dû être fortement influencé par la Chrysler dessinée par Virgil Exner que Ghia produisait en toute petite série à cette époque. Si cette VW fut dessinée en Italie c'est en Allemagne où elle fut produite à Osnabrück par le carrossier Karmann à partir de la plate-forme de la Coccinelle.
Plus rare que le coupé
La Karmann de Franck d'un profond vert Irlande est un cabriolet bien plus rare que le coupé (80 899 exemplaires). C'est un type 14H1 datant de 1970 importé des États-Unis qui bénéficiait évidemment des modifications et améliorations apportées au compte-gouttes à la Coccinelle au fil des années. Ce millésime est animé par le flat-four en 1500 cm3 bien plus puissant avec 44 ch DIN que le 1200 de 30 chevaux des premières versions de 1956. Il avait aussi reçu un freinage plus puissant à freins AV à disque, un montage en 12 volts améliorant le démarrage et l'éclairage et une planche de bord et un volant légèrement revus. Esthétiquement, la Karmann évolua peu en 20 ans de production mais ce type 14H1 se reconnait à ses feux rouges arrière plus volumineux, ses clignotants rectangulaires et ses pare-chocs export avec barres de renfort.
Plaisir en famille
Pourquoi cet achat ? " Dans mon environnement au sein d'un club, il y avait des voitures anciennes. Ce serait sympa d'en avoir une aussi, me suis-je dis. Je désirais d'abord un cabriolet et rêvais d'une Porsche 356 qui apparut vite hors de mon budget. Ensuite, je souhaitais partager le plaisir de rouler avec mes jeunes enfants (3 et 7 ans) d'où un cabriolet offrant des petites places à l'arrière ce qui n'était pas le cas de la MGB à laquelle je pensais. Comme j'aimais bien la marque VW, ce cabriolet correspondait sensiblement à ce que je recherchais pour une première voiture ancienne. J'aurais préféré une 1977 car c'est mon année de naissance mais j'ai trouvé par le biais d'internet au Pays Bas, ce très beau cabriolet de 1970 qui m'a séduit".
On n'essaie pas les voitures !
En mars 2017, Franck fait le voyage où il découvre aux Pays bas chez ER Classics ce cabriolet entièrement restauré, capote blanche refaite, pneus neufs, mécanique revue qui avoue 68 000 miles avec garantie. Chez ER Classics, on admire seulement les voitures, mais pas question de les faire tourner et encore moins les essayer. " C'est quand elle est descendue du camion qui me l'a livrée chez moi que j'ai pu enfin entendre la mécanique " explique Franck.
Fort heureusement, ce fut une bonne surprise ; le 1500 expulse par ses deux sorties d'échappement, la sonorité si particulière d'un moteur refroidi par air avec une tonalité assez grave. Un lent halètement grave proche de celui de la Porsche 356 de ses rêves. Avec 44 chevaux et 132 km/h maximum, c'est loin d'être une sportive comme la Porsche ou la MGB qui l'avait fait rêver mais ses performances suffisent au bonheur de Franck.
" La direction est très douce et agréable, la boîte de vitesses (intégralement synchronisée) est géniale et avec son moteur arrière sa conduite est très légère. Elle vire comme sur des rails. C'est une heureuse surprise que je fais partager en famille après l'avoir équipée de ceintures de sécurité aux places arrière. Capotée, elle est encore aussi belle. Tu te rends compte, la capote avait déjà une lunette arrière en verre à l'époque ! "
Elle vieillira avec moi
Si c'est la première voiture ancienne de Franck, elle sera aussi sa dernière car il désire la conserver " Elle vieillira avec moi ". Promesse qui ne l'empêche pas de s'intéresser à d'autres anciennes qui viendront tôt ou tard enrichir sa future collection puisque son beau-père a aussi plongé pour une ancienne achetée également chez ER Classics sous la forme d'une MGB GT V8.
En France, la Karmann était une voiture rare souvent conduite par des femmes. La qualité et le soigné du montage en faisaient un cabriolet cher puisqu'il coûtait près de 13 000 francs en 1965 (environ 40/45 000 euros) soit deux fois le prix de la berline et bien plus que sa concurrente française. Les jolies femmes lui préféraient la Renault Floride dérivée de la Dauphine puis R8. Fait rarissime, les Américains qui en ont acheté les trois quarts, l'ont préférée au type 34 1500 cm3 à la ligne bien plus moderne et plus tendue qui devait lui succéder et dont la fabrication fut arrêtée bien avant (1961/1969) celle qu'il devait remplacer avec une production dix fois moindre.
Comment l'expliquer ? D'abord dans son nom qui laissait imaginer à beaucoup qu'elle était d'origine italienne et que Karmann était un constructeur allemand d'automobiles. Mais surtout ce sont ses formes potelées toutes en courbures grasses qui ont séduit. La rondeur est rassurante car synonyme de cocon protecteur et de maternité et bien entendu de sexualité. Fait troublant, face à une Karmann, on se surprend à découvrir sa main qui glisse contre sa carrosserie lisse ..... .
Voir aussi : Vidéo VW Coccinelle
L’avis des Petits Observateurs
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