Cet après-midi, ma chère compagne, je t’ai conduite dans une maison de retraite. Nous avons rempli tous les papiers, j’ai serré la main de Jean-François le directeur, une dernière caresse sur le parking de l’établissement et je suis parti sans me retourner, les yeux humides.
J’avais en tête ces belles années que nous avons passées ensemble, ces balades au bord des plages, dans les chemins creux de Bretagne et sur les pentes escarpées des Pyrénées que nous gravissions quatre à quatre et encore sur les routes étroites du Pays de Galles. Infatigable tu étais, agile et menue comme une gazelle, d’une sobriété de nonne, la compagne idéale, fidèle, encore sur tes vieux jours désirable et sexy, tout le charme des eurasiennes, ne rougit pas.
Tu étais aussi un peu garçon manqué, ferme, batailleur, réactif, c’est pourquoi je te parlais au masculin. On t’appelait le « pti’rouge » et tu étais de la famille... Il fait beau, on prend le « pti’rouge » pour aller faire une balade… Jean tu me prêtes le « pti’rouge », j’ai un copain à déménager.... Papa j’ai besoin du « pti’rouge » pour transporter le sapin de Noël des filles.
Tu comprends mon vieux, je ne peux plus te garder, tu as besoin de soins maintenant, il m’est impossible de te les prodiguer. Je suis obligé de te confier à un spécialiste. Jean-François m’a promis de te veiller, d’entretenir ta vieille carcasse, d’être aux petits soins pour toi et de ne jamais t’abandonner. Je sais que je pourrais venir te voir quand je veux, que même à l’occasion, nous pourrons faire une petite promenade tous les deux, doucement, tranquillement pour ne pas te fatiguer.
Allez mon vieux Santana, je n’oublierais jamais les milliers de kilomètres que nous avons abattus ensemble, je t’ai possédé, tu m’as rendu heureux et tu m’as permis de rester jeune, merci vieux compagnon 4X4.
Au revoir « pti’rouge » , nous t’avons tellement aimé... tu es à jamais dans nos cœurs.
Je te laisse entre de bonnes mains, j’ai toute confiance en ce Jean-François, il a les yeux doux. Tu vas vivre de bons moments ici, tu verras, tu seras bien.
L’avis des Petits Observateurs
4 commentaires au sujet de « Souvenirs d’Autos (379) : Tu verras, tu seras bien ! »
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Très touchant. Bagnolard dans l'âme, qui n'a pas ressenti ces sentiments au moment fatidique de se séparer d'une auto qui des années durant vous a accompagné dans tous les événements roulants d'une partie de votre vie. Il peu y avoir quelque chose de charnel dans la possession de son auto.
Merci pour ce beau témoignage
Vendredi 17 juin 2022 à 08h36
Déjà enfant, ce n'était pas facile quand le paternel changeait de voiture !
Je ne sais pas si les plus jeunes éprouveront des regrets en voyant partir leur ancienne voiture électrique...
La notion de propriété, et donc d'attachement à l'automobile semble disparaître peu à peu avec les LLD et LOA.
Est-ce un mal ou un bien ?
Vendredi 17 juin 2022 à 14h36
Ces petits 4x4 craquants sont épouvantablement attachants. Ma femme possédait la version SJ410 quand je l'ai rencontrée. Elle l'avait importé de Belgique parce qu'il ne se vendait pas encore de Suzuki en France. Il lui fallu deux ans pour l'immatriculer et le service des mines, après moultes demandes de documents et autres certificats supplémentaires, se résolu à lui faire une carte grise....."Sans marque"..... Pour éviter de créer un précédent. Quelques années plus tard ce charmant modèle déferla sur le pays sous la bannière Santana, acceptable puisque européenne. Merci à Linarès en Espagne.
Vendredi 17 juin 2022 à 16h57
Il faut tourner la page
Changer de paysage
Le pied sur une berge
Vierge...
En ce jour de canicule, on remet les capotes, on range l'auto, on rentre au frais lire la bonne histoire du vendredi et on écoute Nougaro pour la sieste...
Samedi 18 juin 2022 à 13h37