La scène se passe dans un bureau pourri de la rue des Trois Bornes à Paris dans le 11ème, nous sommes le 7 mai 1975 il est 17h30, mon patron m’interpelle :
- Dis donc Jean-Paul, tu descends au Grand Prix de Monaco je suppose ?
- Oui, répondis-je sur le ton de l’évidence
- Et tu y vas avec ta bagnole ?
- Ben oui
- T’es fou, prends donc ma 504, c’est plus prudent, je ne bouge pas de Paris.
Je me saisis des clés, je déplace mon sac du coffre de ma « bagnole » et le pose dans la malle de la 504 Ti blanche du taulier.
Contact, gaz, boite 4, levier court au plancher, sièges cuir fauve, escale Porte de Gentilly où m’attend mon pote Pierrot surpris de me voir en 504 plutôt qu’en 304, allez, la strada…
Une belle impression de vitesse tout en rondeur, pas de trou à l’accel, le super confort des sièges, deux bourgeois en route pour la Principauté dans notre berline de luxe, enfin, notre luxe à nous !
Tout le monde sait que Dieu est dans les détails, le nôtre de détail qui tue c’était l’autoradio. Dans toutes les bagnoles que nous avions eues, l’autoradio était un truc rapporté, raccordé comme on pouvait, bas de gamme de Philips ou Sonolor, trucs qui grésillaient en GO et captaient rien en PO, des merdouilles.
Dans la 504 TI blanche du patron, il y avait un Blaupunkt stéréo avec la FM.
À cet instant du récit, je prie le petit observateur de moins de 50 ans de cesser de rire, je le vois derrière son écran se tenant les côtes, on ne se moque pas des vieux petits observateurs !
Nous voilà branchés sur France Inter, avec un son clair, des animateurs comme s’ils étaient dans la voiture et même que ça marchait en passant sous les pistes d’Orly, le rêve.
La descente sur la Côte, un bonheur ! Nos oreilles enchantées par les sons graves, par les voix claires et à chaque heure par les trois notes cristallines précédant les infos.
Le retour fut joyeux, heureux de la victoire de Lauda et de l’avoir vu se plier en deux pour assurer un baise-main à la Princesse Grace, autres temps, autres mœurs.
Le plaisir de rouler toute la nuit dans l’ambiance ouatée, l’odeur de cuir et le gros son du Blaupunkt... seul un bagnolard peut comprendre
L’avis des Petits Observateurs
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