Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Cette histoire m’a été envoyée par Yann Charvet qui a l’humour et le recul pour nous raconter cette… NON ! Je ne vous dis pas la fin…
C’était en octobre 1990, j’avais 19 ans. Alors que mes parents s’étaient vu livrer quelques mois plus tôt la première 605 vendue de la concession Peugeot de Bourgoin-Jallieu (38), j’achevais ma première année de permis et décrochais enfin le 90 collé jusqu’alors sur le hayon de la Talbot Samba de ma mère.
Lors des déplacements familiaux, je conduisais quelquefois la 605. Avec son moteur 2L injection de 130 chevaux, elle était la voiture la plus puissante que j’avais conduite jusqu’alors. Mais avec les parents à côté, pas question de s’amuser. Je me contentais d’apprécier le confort impérial de roulage et d’admirer le magnifique intérieur beige en velours de ce modèle Sri qui n’avait rien à envier aux allemandes.
Un vendredi soir, mon père était venu nous chercher, mon pote Eric et moi au pensionnat. Arrivés à la maison, on avait bossé un peu nos maths. Puis je décidais de le ramener chez lui à quelques kilomètres de là. « Je ramène Éric ! » m’écriais-je.
Les clés de la Samba étaient pendues à côté de celles de la 605. La tentation était trop grande... Nous voilà partis comme des voleurs dans la belle berline verte sorento ! Je fais vrombir un peu les 130 bourrins histoire d’épater l’Eric. Tout se passe bien jusqu’à chez lui.
Au retour, déterminé à apprécier au mieux les quelques kilomètres qui me restaient à faire au volant de la belle, j’accélère un peu le rythme. Cette voiture procurait un sentiment de sécurité incroyable. Elle possédait des qualités dynamiques qui la plaçaient sur le haut du podium parmi ses concurrentes de l’époque et peut-être encore d’aujourd’hui. Son train arrière multi-bras et auto-braqueur était d’une efficacité redoutable. Toutefois l’ABS (ABR en langage Peugeot) était en option. Et mon paternel n’avait pas jugé utile de le cocher sur le bon de commande qui culminait déjà à 134 000 F. Grave erreur !
Alors que je dévale une petite route à vitesse soutenue, j’aborde un virage à gauche pas trop prononcé. Pas trop prononcé, c’est ce que je croyais... Le virage se resserre rapidement et apparaît un minuscule tunnel sous une voie ferrée. Vous savez ceux sous lesquels on ne se croise pas. J’écrase la pédale de frein en braquant le volant à gauche. Trop tard, trop vite. Les roues se bloquent et je fais un tout droit sur le flanc très raide de la voie ferrée dans un hurlement de pneus.
Après un énorme fracas, la voiture s’immobilise presque à la verticale, le nez en l’air. Le tableau de bord ressemble à un sapin de Noël et toute la flotte du radiateur s’évapore dans un pshiiiiiit qui me laisse pétrifié de stupeur...
Je me rends compte que c’est grave et que je ne pourrai pas rentrer déposer en douce la voiture dans le garage. Je remonte alors au village en courant dans la nuit, et sonne à la première porte. Je tombe sur une famille en train de visionner leur vidéo de mariage. Émus par mon désarroi, les braves gens me ramènent chez moi.
En route, j’improvise un bobard pour expliquer l’accident. Le coup du chien fantôme qui a traversé et que j’ai évité en préférant généreusement (!) sacrifier la... Samba ?? Euh, non, la 605... Je vous passe les hurlements maternels et les « tu retoucheras plus un volant avant d’avoir pu te payer ta propre bagnole » ou le « une caisse toute neuve à 15 briques ! » (elle est un peu de Marseille !).
Plus tard, le père en compagnie des Gendarmes que le dépanneur avait appelé, cherchait le chien à la lampe électrique en vue d’identifier son propriétaire...
Bilan : berceau moteur, triangles de suspension et barre stabilisatrice tordus, spoiler et radiateur cassés. Le père, commercial de métier, a été quitte pour louer une 405 pendant 15 jours avant de récupérer la 605. Pas rancunier, je me rappelle qu’il m’avait fait essayer la 405 GL de location !
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L’avis des Petits Observateurs
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