Par Samuel Greco, dit le Belge, ambassadeur de POA en Belgique.
Nous connaissons tous le Peugeot RCZ. Présenté à l’état de concept en 2009 et produit (presque) à l’identique dans la foulée, ce coupé au format évocateur rompt radicalement avec l’image de Peugeot, alors dans une période de production de série pour le moins… sage, voire, j’ose le terme, plutôt « pépère » !
Sa seule appellation est une rupture car le modèle abandonne la numérotation dont la marque a fait sa griffe. Même ses dimensions et ses formes sont en soi hors-normes... En effet, il s’agit probablement de la Peugeot de série la plus basse et « trapue » de l’histoire de la marque. Porte-à-faux quasi inexistants, galbes, lignes racées et atypiques, à des années lumières du design de la 308 I dont il est pourtant techniquement issu, le RCZ ne laisse personne indifférent. Plébiscité par la presse, c’est pour Peugeot un objet de conquête qui rencontrera un succès commercial auquel le constructeur lui-même ne semblait pas croire.
A mes yeux, ce design est quasi révolutionnaire pour la marque, habituée à produire des coupés généralement très proches de la berline dont ils découlent. En somme, c’est un petit coup de génie qui propulse Peugeot sur les terres de l’Audi TT, du VW Scirocco, du BMW Z4 ou encore du (futur) Toyota GT86. Certes, il n’a pas la transmission du premier, la polyvalence du second ni le fun « propulsif » des deux derniers… Mais il constitue enfin une alternative française crédible dans le petit monde des coupés courts sur pattes.
Un petit coup de génie, donc, car, je le crois sincèrement , le RCZ présentait tout le potentiel d’un symbole fort, d’une nouvelle identité pour la marque, un modèle à part, sorte de mascotte décalée prouvant que Peugeot sait aussi donner dans l’inattendu, dans l’atypique… Et, qui sait, au fil des ans, le faire évoluer en douceur afin qu’il reste identifiable pour tous, à l’image, dans une certaine mesure, d’une MX5 pour Mazda, d’un Coccinelle pour VW ou encore d’un Cayman pour Porsche ?
Vint le restylage qui, bien que parfois critiqué, suivait l’évolution visuelle de la marque sans bouleverser la silhouette et lui apportait, je trouve, une face avant plus suggestive et une identité sportive un peu plus prononcée (et bienvenue).
Est-ce tout ? Nous pourrions le croire connaissant les (mauvaises) habitudes françaises en matière de sportivité… A tout le moins, le RCZ est un petit coupé sympa, typé GT. Mais avec maximum 200 chevaux sous le capot, il ne fait alors, sur le segment, que de la (jolie) figuration. C’était sans compter sur l’équipe Peugeot Sport … Annoncé en 2012, le RCZ R défraie la chronique avant même sa version de série…
Car, avec une telle carte de visite, la presse auto attend la Sochalienne de pied ferme. Il en va de la réputation de l’équipe qui a conçu, entre autres monstres, la 208 T16 de Pikes Peak, excusez du peu ! Personne ne sera déçu… Les Allemands eux-mêmes n’en reviennent pas ! Châssis, amortissement et direction revus et améliorés, moteur 1.6 poussé dans ses retranchements, freins adaptés,… Rien n’est laissé au hasard. Le TT-S, sa cible désignée, n’a plus que son Quattro (et ses plastiques moussés) pour pleurer ! Et, par la même occasion, le RCZ R devient la Peugeot de série la plus performante de l’Histoire. Bref, le marketing sportif chez Peugeot, c’est du passé !
Alors, me direz-vous, pourquoi cet article ?
Le Belge va-t-il nous régurgiter tout Wikipedia ? Non. Mais il va pousser un sacré coup de gueule ! Eh oui, en juin 2015, le couperet était tombé. Adieu, Bye-bye, Auf Wiedersehen ! Du jour au lendemain, Maxime Picat, le même qui, un an plus tôt, parlait à Autovisie (média auto néerlandais) d’une seconde génération, l’envoie ad patres. Et d’expliquer à qui veut le croire que ce segment est bon pour le premium (allemand) et que le RCZ n’était au fond qu’un divertissement (sic !). Motif invoqué : un plan de « rationalisation » de la gamme qui, à l’échelle de notre attachant basset, n’a rien à envier au sort des hauts-fourneaux liégeois …
Une décision d’autant plus incompréhensible, aberrante en terme d’image et de crédibilité, que les chiffres de vente sont plus qu’honorables (67.000 exemplaires et des poussières), que marque et groupe se portent de mieux en mieux et que presse et clients en redemandent ! Bien sûr, depuis, nous avons eu la 308 GTi qui a confirmé les intentions sportives de Peugeot… Mais il s’agit ni plus ni moins que d’une compacte vitaminée, très traditionnelle en somme, non sans rappeler une certaine Golf, sa concurrente directe. Exit le coupé « rase-trottoir » aux formes originales, attachante et décalées ! Consternation.
Il faut bien l’admettre, la surprise passée, je relativise et je me souviens des habitudes françaises en matière de style « révolutif » brutal et... perturbant. Le dernier Café Garage P.O.A de juin en parlait: le 3008, sage crossover au design un peu ingrat avait pourtant trouvé sa clientèle et tenait encore la dragée haute aux références du segment, bien plus jeunes. Soudain, le voilà qui se métamorphose en SUV aux lignes tendues et au look quelque peu « m’as-tu-vu ». Et moi de m’interroger : les clients satisfaits, sans doute plus adeptes du monospace et heureux de s’épargner le classique 5008 pour un crossover dans l’ère du temps, qui reviendraient signer pour l’exemplaire suivant n’y perdront-ils pas leur latin ? Seront-ils séduits par ce qui aurait dû être le nouveau 4008 (que, chuuut !, il convient d’oublier) ou iront-ils lorgner du côté d’un certain Scénic ?
De la même façon, l’inconstance est de mise en ce qui concerne les bonnes idées. Et c’est bien là que, je pense, le bât blesse. Les Allemandes ont leur style évolutionnaire (avec pour slogan : « on ne change pas une équipe qui gagne ») que chérit tant et plus le Père Fréour. Les Japonaises ont leurs lignes agressives, leur sur-expressivité viscérale et leur fiabilité légendaire. Les Anglaises revivent avec brio la bad guy attitude typiquement british. Et les Françaises ? Des polyvalentes et compactes vitaminées et des étoiles filantes qui brillent le temps de nous en mettre plein les mirettes avant de disparaitre en un battement de cil.
Certes, je suis un peu caricatural…
Alors, le tableau est-il si vide qu’il n’y parait ? La parenthèse est-elle définitivement fermée ? Pas si sûr. Me revient en mémoire une coïncidence troublante. Souvenez-vous, le Président Roubaudi nous présentait lors du dernier salon de Francfort un concept dont l’objet causait « spatialisation du son »... Le concept Fractal. Soit, très bien. L’intérêt du concept se déroule surtout à l’écoute et à l’intérieur du véhicule. Aucun rapport jusque-là avec le RCZ.
Mais alors, pourquoi diable Peugeot choisit-il de présenter l’idée sous une forme qu’il vient d’abandonner officiellement deux mois plus tôt... ? Pourquoi pas dans un crossover urbain très « tendance », à l’image du Citroën Aircross Concept qui abordait aussi cette idée de spatialisation acoustique à une échelle moins élevée ?
Coïncidence ? Esprit de contradiction ou jalon habilement placé ? Quand on sait que Mazda (MX5 et MX5 RF), Fiat (124 Spider), Toyota (GT86, concept S-FR), Opel (concept GT) (tiens, tiens, des généralistes...), pour ne citer qu’eux, s’introduisent à nouveau dans la brèche des « coupés-cabriolets », l’espoir, finalement est peut-être permis.
Reste à savoir si, quand et comment une version de série reviendra... Et si les clients irréductibles, dingues de leur petit coupé, n’auront pas déjà jeté leur dévolu, bon gré mal gré, sur une certaine concurrence qui, elle, perpétue ce qui fut une bonne idée puis devint (ou deviendra) inéluctablement une icône, à force de cohérence et de persévérance...
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- Type de véhicule
- Coupé
- Marque
- Peugeot
- Année
- 2009
- Modèle
- RCZ
- dossier
- Les Essais de Patrice
- Tags
- Les Modernes, France
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Jeudi 30 juin 2016
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