308 : Peugeot bégaie

La nouvelle Peugeot 308 innove sur de nombreux points sauf un. Elle conserve la même numérotation que la précédente. Une première depuis 1929…...

Patrice Vergès

Chez Peugeot, on se doute que l’appellation des futures gammes suscite depuis quelques années de nombreux débats en interne. Frisant le chiffre neuf, la numérotation des modèles contraint à repartir sur de nouvelles centaines.  Avec la 201, c’est en 1929 qu’est née la fameuse numérotation des Peugeot avec un zéro au milieu imposé par le trou de la manivelle dans la calandre. Une numérotation déposée s’articulant de 101 à 909 qui obligea Porsche à changer le sigle de la 901 en 911 en 1963.

Je ne suis pas un numéro !




Pour éviter d’arriver trop vite au chiffre neuf au sein d’une gamme, il y a peu, Peugeot a astucieusement développé une numérotation avec un double zéro au milieu pour les modèles spécifiques se distinguant des berlines. Plusieurs pistes ont été explorées pour attribuer un numéro à la nouvelle mouture de la 308. Bien qu’elle soit une berline, l’idée du double zéro central fut évoquée avant d’être abandonnée pour revenir à l’unique zéro qui fait partie des fondamentaux de la marque au lion. Finalement on décida de ne rien décider en reprenant 308.

C’est la première fois à Sochaux qu’un modèle qui succède à un autre conserve la numérotation précédente. Après tout pourquoi pas ? D’abord parce que la précédente 308 avait une image plutôt positive qui profitera à la nouvelle. Ensuite parce que le chiffre huit est très apprécié en Chine où la firme française fait de jolis scores ce qui devrait réjouir Arnaud Montebourg.




309 encore trop présente




Restait la numérotation 309 encore trop présente dans les mémoires. Lancée fin 1985, cette 205 allongée devait remplacer la Talbot Horizon sous le nom d’Arizona. Mais l’effondrement des ventes de Talbot incita Peugeot à la proposer sous son propre nom après quelques modifications esthétiques. Pour ne pas concurrencer la 305 qui était du même segment, après avoir songé à 300, Peugeot préféra 309. Le chiffre neuf encore lointain la situait en dehors de la gamme afin de ne pas concurrencer la 305 sensiblement du même segment. Evidemment on apprit cela bien plus tard car pour avoir participé en tant que journaliste au lancement de la 309, je me souviens des propos du bouillant directeur de la com de l’époque, jurer sur ce qu’il avait de plus cher, que c’était une vraie Peugeot pensée pour être une Peugeot. Cette fausse vraie Peugeot rencontra néanmoins un beau succès puisqu’elle fut produite à plus de 1,6 million d’exemplaires jusqu’en 1993.




Tirer le bon numéro !




Et l’après 308 ? Peugeot va-t-il rester bloqué des décennies sur ce sacré numéro ?  Pourquoi ne pas repartir au sigle 300 qui n’a jamais existé à Sochaux voire 301 ?  Las, ils offrent le défaut de ne pas symboliser l’évolution du modèle avec un numéro inférieur. Cela étant Renault l’a fait en remplaçant sa R30 par sa R25 qui n’a pas eu à s’en plaindre.

 Reste l’astuce comme Peugeot l’a déjà utilisé récemment avec la 407 remplacée par la 508 de passer à la centaine supérieure pour montrer le saut qualitatif de son modèle en laissant un trou dans la numérotation des centaines. Pourquoi pas ? C'est-à-dire passer de 308 à 408 qui n’a jamais été utilisé ce qui n’est pas le cas de 401. Mais cet exercice peut laisser croire à une trop importante montée en gamme. Pas facile ! Mais aujourd’hui, Peugeot a d’autres priorités plus urgentes que la numérotation de sa gamme. Demain est un autre jour…..

Patrice Verges




Petites Observations Automobile - mai 2013