Par Patrice Vergès. Dériver une version Opel du Peugeot 3008, l'Opel Grandland X, remonte à bien avant le rachat du premier par le second. A cette époque Peugeot n'imaginait certainement pas que le 3008 élu " Voiture de l'année" deviendrait un véritable best-seller avec 30 % de ses ventes.
C'est gagnant-gagnant comme aurait dit une ancienne candidate à la Présidence de la République puisque l'Opel Grandland X a déjà totalisé 70 000 commandes depuis septembre 2017. Difficile de le conduire sans tomber dans la comparaison avec le 3008. L'Opel Grandland X n'est pas une simple Peugeot rebadgée puisqu'il propose une silhouette différente au niveau des emboutis avec une ligne plus convenue et plus sobre moins chargée en chromes. On le trouvera plus sobre si on aime les Opel et bien trop classique si on les aime moins. Il en est de même à l'intérieur où l'Allemand reprend un poste de conduite traditionnel avec une planche de bord à lecture horizontale comme sur la récente Insignia. Alors que le Peugeot séduit par son I-cockpit style aviation, ses compteurs surélevés et son mini-volant à méplats et sa commande de boîte genre joystick, le tout ceinturé de chromes flatteurs à l'œil. Opel a ciblé une clientèle plus conventionnelle moins déroutée par la taille plus habituelle du volant et par l'aspect moins intrusif du bloc compteur de la Peugeot et, semble-t-il, un meilleur assemblage. Elle notera aussi que rien ne le séparera de la passagère à l'opposé de la Peugeot où l'on fait "chambre à part".
Rigueur du comportement
La finition est dans la tradition Opel, c'est à dire sérieuse et j'ai remarqué, avec bonheur, qu'il est possible de modifier des fonctions de base grâce à de bons vieux boutons moins design certainement mais plus faciles repérer que les touches style piano anonymement alignées du Peugeot.
Il faut être d'une sacrée mauvaise foi pour trouver une différence de comportement entre les deux voitures. C'est vrai, néanmoins que la taille supérieure du volant de l'Opel doit générer un sentiment parfois différent mais les deux cousines offrent les mêmes qualités dynamiques : conduite vive, train avant précis, rigueur des trajectoires, grande sécurité active, confort assez ferme. Justement, j'ai trouvé que l'Opel Grandland X essayé n'était pas aussi confortable qu'espéré. Sans les fameux sièges AGR anatomiques optionnels, ces derniers manquaient de maintien, avec l'impression d'être posé dessus. La version haut de gamme Ultimate est aussi la seule à être équipée d'un intérieur cuir de série au revêtement plus ferme et à être chaussée de grandes jantes de 19 pouces qui altèrent le confort sur mauvais revêtements. Signalons que l'Opel et le 3008 ne bénéficient pas de roues indépendantes à l'arrière mais d'un simple essieu de torsion qu'on appelle semi-rigide quand on n'est pas optimiste. Imaginons qu'Opel ait osé sortir un véhicule sans roues indépendantes à l'arrière, on aurait hurlé dans le petit monde la presse auto. Mais comme c'est Peugeot, c'est passé comme une lettre à la poste....
D'abord en essence
Signe des temps, la majorité des ventes du Grandland devrait se faire en motorisation essence avec le 3 cylindres tout en alu de 1,2 l de cylindrée et 130 chevaux absolument pas sous motorisé pour son gabarit ni le poids très contenu ( 1350 kilos). Moteur baptisé Ecotec ici et accouplé à une boîte mécanique ou automatique à 6 rapports (plus 1500 €). Nous avons pu conduire la nouvelle version 2 litres diesel 177 chevaux propulsée également par un bloc d'origine PSA (BlueHDI 180 ch) dont l'avantage par rapport à celui d'Opel pratiquement de même puissance, est d'émettre bien moins de CO2 au kilomètre avec 128 grammes contre par exemple 150 sur l'Insignia Sport Tourer ce qui réduit le malus (210 € ). Un moteur économique très agréable avec beaucoup de couple (400 Nm) qui se fait complètement oublier dans le cocon de l'habitacle. Il est accouplé en série à la nouvelle boîte auto à 8 rapports mais qui n'offre pas de mode Sport. Notons que chez Opel, l'offre moteur se réduit à trois si on rajoute le 1600 diesel de 130 ch contre cinq chez le constructeur au lion, moteur qui devrait bientôt être remplacé par un 1500 répondant aux normes Euro 6d.
Moins cher
Coté équipement, il n'est pas facile de comparer car les deux constructeurs ont chacun leurs propositions. Ceux qui les ont définies ont du passer beaucoup de temps pour qu'il soit impossible de les confronter. On peut écrire sans avoir peur de se faire lyncher que l'Opel Grandland X est 1000 à 1500 euros moins cher que son cousin 3008 a équipement sensiblement égal. Rajoutons que chez Opel on est plus enclin à remiser que chez Peugeot porté par le succès du 3008 exigeant encore de bons délais de livraison. Justement balançons les prix qui débutent à 25 750 € pour la version 1,2 l essence 130 ch (209 € par mois en LLD) jusqu'à 39 850 € pour la version 2 litres 177 ch Ultimate équipée de série de la boîte automatique et d'un intérieur cuir, phares adaptatifs et jantes de 19 pouces.
Mais je ne pense pas que ce soit un argument significatif pour acheter l'allemand fabriqué à Sochaux. Un client Opel ira chez Opel où on lui fera certainement une meilleure reprise de sa voiture et un fidèle à la marque sochalienne se rendra chez son concessionnaire. Seuls les mandataires feront la différence. Chez Opel, il est difficile de donner un volume de vente car on sait que les SUV cannibalisent les autres segments. Le Grandland pourra séduire autant un ancien possesseur d'Insignia surtout en break qu'un de Mokka X si sa famille s'est agrandie. On sait que le Grandland X va s'attaquer à des marchés en devenir où Peugeot et Opel étaient absents et où l'Allemand a une meilleure image que le premier. Le monde n'est pas la France....
L’avis des Petits Observateurs
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