Les Essais de Patrice • Mercedes-Benz

Mercedes 280 SL Pagode : une passion générationnelle

Écrit par

Patrice Vergès (Romancier, journaliste, essayeur, auteur & chroniqueur , Petites Observations Automobiles)

On dit rarement une Mercedes 280 SL comme on le fait pour une 350 SL ou une 190 SL. On dit une Pagode. C’est la forme originale de son pavillon qui lui a donné ce surnom qui s'est transformé en nom.

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Lundi 18 juillet 2022


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Patrice Vergès Petites Observations Automobiles - Romancier, journaliste, essayeur, auteur & chroniqueur

Membre du Gouvernement POA.

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Étincelante de ses mille chromes sous le soleil brûlant, la Mercedes 280 SL Pagode débarrassé de son toit apparait sous mes yeux. Il s'agit d'une version California sensée offrir 4 places à condition que les passagers arrière ne dépassent pas la hauteur de 90 cm ! En revanche, trois adultes peuvent partager la même passion autour de cette 280 SL 1969 avec Jean-Claude, son fils Nicolas et son petit-fils Léopold. Une très belle histoire familiale Déjà sur POA, il y a 3 ans, Renaud vous faisait découvrir une 230 SL 1965. La version 1969 qui s'étale sous vos yeux avait bénéficié de nombreuses améliorations particulièrement un moteur plus puissant.

Illustration - Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode
Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode

La Mercedes W113 a été produite de 1963 à 1971 à 48 195 unités

On peut la qualifier de chef-d'œuvre esthétique

Illustration - Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode
Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode

Intemporelle

La 230 SL (type W113) a vu le jour en mai 1963 avec pour mission impossible de remplacer deux sportives ; la 190 SL et la 300 SL. Si elle séduisit les anciens possesseurs de 190 SL, elle laissa froid ceux de la 300 SL dont elle n’avait pas la puissance. Pour répondre aux critique, son moteur 6 cylindres en ligne, grimpa à  2,5 l en 1967 puis 2,8 l en janvier 68 avec une puissance portée de 150 à 170 ch liée à un freinage confié à 4 freins à disque. En revanche, esthétiquement, sa beauté fit l'unanimité. Dessinée par le Français Paul Bracq (89 ans aujourd'hui) qui signa l’une de ses plus belles réussites avec la BMW Turbo. 

Illustration - Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode
Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode

Habitacle typiquement Mercedes de l'époque, sièges épais recouverts de MB-Tex, chromes et boiseries

La Pagode devait son nom à la forme originale de son pavillon concave proposé en hardtop avec ou sans capote comme celle-ci

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Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode

Bien sûr le point d’orgue de la 230 SL reste son original pavillon en forme de pagode chargé d’améliorer l’accessibilité à bord et accroître sa rigidité en relevant les angle du toit conçu par l'ingénieur Bela Bareny. De profil, la voiture offre une silhouette unique avec une ceinture de caisse plate qui arrive exactement à la moitié de sa hauteur. Un véritable aquarium. Ses voies larges comme celles de nos voitures actuelles la rendent intemporelle malgré ses presque 60 ans.

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Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode

Moteur 6 cylindres en ligne alimenté par injection de 2,8 l de cylindrée donnant 170 ch DIN sur cette dernière version

Phares oblongs type Europe. Cette 280 SL est chaussée de 205X14 contre 185X14 à l'origine

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Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode

"Elle me fascinait quand j'avais 20 ans"

C'est Jean Claude qui a acquis cette 280 SL en 2004, voiture qu'il a partagée d'abord avec son fils Nicolas puis avec Léopold récemment promu. Tous des passionnées.

"C'est une voiture qui me fascinait quand j'avais 20 ans. C'était un coupé 1969 type California à banquette arrière avec le hard-top que nous démontons l'été et la direction assistée qui était une option Si son kilométrage était inconnu, elle était en excellent état. Mais peu de temps après, nous avons du refaire toute la distribution car l'arbre à cames était mort. Depuis, elle tourne comme une horloge" explique Jean Claude qui a possédé plusieurs belles autos (MGB GT), de même que son fils qui roule en cabrio BMW 325 E30 et Léopold  en Mini 1968 appartenant à son arrière grand mère. Chez ces gens là, la passion se partage entre les générations.

Illustration - Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode
Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode

La W113 a été vendue en 3 cylindrées s'étageant de 2.3L à 2.8L

Beaucoup de chromes enjolivent la planche de bord en métal. Très belle radio Becker à tête chercheuse

Illustration - Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode
Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode

Un feulement sourd

La Pagode reprenait le soubassement de la précedente190 SL avec le train roulant de la berline 220 (W 108) à quatre roues indépendantes avec le fameux essieu brisé à ressort transversal compensateur à l’arrière.

La 280 SL était mue par un 6 cylindres en ligne de 2,8 l à un arbre à cames en tête à vilebrequin à sept paliers emprunté à la berline 280 SE. Grâce à une injection d’essence plus sophistiquée, il délivrait 170 ch DIN. Avec presque 1450 kilos, sa suspension plutôt moelleuse, sa direction assez démultipliée même avec l'assistance, sa boîte de vitesse à quatre rapports seulement (5 rapports optionnels), cette Mercedes n’était pas une véritable sportive. Même si elle était censée dépasser les 200 km/h et parcourir les 1000 mètres départ arrêté en 31 secondes. C’était davantage une grande routière fort proche du confort d’une berline 4 places. Produite en majorité en version 280, la SL quitta notre vallée des larmes début 1971 après 48 195 exemplaires pour céder sa place à la 350 SL à moteur V8.

Illustration - Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode
Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode

Bloc vertical encadré de 2 cadrans rond.  Grand volant avec coussin de sécurité

Fin levier de vitesses. La boîte à 5 rapports était optionnelle

Illustration - Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode
Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode

Qualité de fabrication exceptionnelle

Comme l’extérieur, l’intérieur mérite le déplacement.  Epais siéges moelleux qui font songer à des fauteuils de salon, planche de bord en tôle avec l'ensemble vertical encadré de deux compteurs ronds, immense volant avec moyeu de sécurité. N'oublions pas le fameux « plumier » entre les sièges, le gracile levier de vitesses qui jaillit de l’épaisse moquette, un peu de bois précieux par-ci, beaucoup de chromes par-là, et partout toute l’ambiance des Mercedes de ces années là qui fleurait bon la qualité. " J'ai démonté les portière" raconte Jean-Claude," la qualité de la fabrication, du montage, l'épaisseur des chromes m'ont vraiment impressionné. La qualité de construction des Mercedes était alors exceptionnelle".

Au fait, la 280 SL était chère, très chère affichée clés en mains en 1969 à 45 000 francs avec le hard-top et la direction assistée. Rappelons que le Simg mensuel net ne dépassait pas 490 francs !

Illustration - Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode
Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode

Version California vendue comme une 4 places. Le dossier rigide en se rabattant forme un emplacement pour les bagages

Trois générations de passionnés la conduisent. Jean-Claude au volant, son fils Nicolas à ses cotés, Léopold assis à l'arrière

Illustration - Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode
Les Essais de Patrice Mercedes 280 SL Pagode

Un ronronnement sourd et feutré

"Ce qui est impressionnant, c'est la couple du moteur.  50 km/h, il repart à très bas régime en 3eme. C'est comme si elle avait une boîte auto" s'enthousiasme Léopold. "Moi, j'aime son bruit et évidemment sa ligne extraordinaire" rajoute son père. "Pas question de la vendre, d'autant que nous la partageons en famille et j'en suis très heureux" conclue Jean-Claude. Rouler au volant de cette beauté sur roues, ne les empêche pas de rêver. Pour Jean-Claude déjà accro de la Jeep, ce serait une Jaguar X120/150. Pour Nicolas, une Porsche 993 tandis que Léopold avoue être très attiré par une Mazda MX5. De véritables passionnés...

Il est temps de se quitter après avoir bu un verre. Ils mettent en route la 280 SL dont le feulement onctueux s’écoute comme un cœur qui bat. Heureux de conduire l’une des plus belles voitures jamais construites, dont le temps légitime, chaque jour, son statut de sculpture mobile.

L’avis des Petits Observateurs

2 commentaires au sujet de « Mercedes 280 SL Pagode : une passion générationnelle »

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Ah oui, là on donne dans le chef d'oeuvre. Avec ou sans le hard top elle est parfaite. Ce Paul Bracq quel talent! Un sacré coup de crayon.

Lundi 18 juillet 2022 à 11h27

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Bonjour,
Je ne sais pas s'il existe un musée Paul BRAQ quelque part ? Il a tant apporté à l'automobile et à son design.
C'était l'époque où les Mercedes etaient élégantes au top de leur qualité sans la lourdeur.
Vraiment un beau dessin même si ce n'est,'était pas un foudre de guerre de sportivité mais les plaisir n'est pas forcément dans la vitesse et ses performances ne font pas pales figure dans le paysage actuel automobile avec le charme en plus.
Merci pour ce bel article.
Moi j'ai vu ce matin sur les routes du pays d'auge une Jaguar XJS décapotable bleu marine avec roues à rayons chômés de toutes beauté, j'ai fais le rêve un jour d'en avoir une .
Pascal

Lundi 18 juillet 2022 à 22h15

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