Maybach est mort, vive Mercedes

Après 8 ans d'une carrière atone, Maybach tire sa révérence sans tambours ni trompettes. La prochaine Mercedes Classe S, juin 2013, reprendra le flambeau du supeluxe en multipliant les versions.

Un simple communiqué laconique. Trop m'as-tu-vu, trop massif, trop colossal, trop tout, too much quoi. Bentley et Rolls Royce rient sous cape. Pensez donc, Maybach s'était présentée comme leur rival en 2005. Ne pensez pas pour autant que Mercedes, propriétaire de Maybach, jette l'éponge de l'hyper luxe. Vexé, l'Allemand a décidé de tout miser sur la prochaine Classe S. La limousine des puissants, des stars, des politiques, des dictateurs et des mafieux va encore monter en gamme pour laver l'affront et relever le gant du panthéon de la bagnole.

C'est à la fois une question de marché, il faut répondre au féroce appétit des nouveaux super riches, mais aussi une question d'honneur. Dans la galaxie germanique de l'automobile, un monde désormais inaccessible aux autres constructeurs, les grands chefs de Mercedes, BMW (propriétaire de Rolls) et de Volkswagen (propriétaire de Bentley) se partagent la planète façon accord de Yalta. Pour escagasser la Phantom et la Muslanne, la future Classe S se déclinera non plus en trois versions, mais en six modèles lancés entre 2013 et 2014. Au côté du modèle de base, du coupé et de la version allongée, une super limousine de 6,50 mètres de long fera son apparition. Pour mémoire la Maybach mesurait 6,07 mètres.

Cet orient express de la route offrira 6 places à l'arrière, avec séparation chauffeur, de quoi combler l'égo des tycoons d'aujourd'hui. Pour la première fois un cabriolet Classe S sera proposé et plus rare encore, un cabriolet 4 portes complétera l'offre. Dotée d'un arsenal technologique à faire pâlir l'US Army, la S inaugurera entre autres une camera de contrôle qui filme la route en permanence pour anticiper le tarage des suspensions et les dangers de la route.

Face à cette déferlante, Rolls Royce vient intelligemment d'annoncer qu'il ne se lancerait pas dans une diversification à outrance : Pas de SUV 4X4, pas de version électrique (le test auprès des clients n'a pas été concluant), pas de modèle d'accès en dessous de la Ghost, juste un coupé et un cabriolet pour cette dernière et le renouvellement de la Phantom d'ici quelques année. Une stratégie de la rareté nécessaire pour conserver un véritable statut d'objet de luxe.

De son coté, Bentley vient de faire marche arrière après le salon de Genève. Piqué au vif par les commentaires unanimes contre le concept de 4X4 EXP 9, la marque a publié un communiqué annonçant reprendre à zéro l'étude du projet. Ce retournement de situation en quelques jours est un cas unique dans l'histoire de la communication automobile. Il prouve que Bentley a senti le danger de jouer avec son image en présentant un produit trop loin de ses valeurs.

L'image, voilà le mot clé en automobile et plus encore dans le super luxe. Plus personne n'a besoin d'une automobile, mais tout le monde a besoin d'une image qui lui parle au plus profond de lui même.

Renaud Roubaudi - Petites Observations Automobile - mars 2012